Belgique. Affaire de la légende au Musée royale. L’Etat belge condamné au profit des para-commandos

(Les para-commandos belges à Kisangani lors de l’opération Dragon rouge. Photo tiers)

« Retirer le texte litigieux inscrit sur un cartel du Musée royale de l’Afrique centrale…sous peine d’une astreinte de 5 mille euros par jour de retard à partir du 1er jour qui suit le délai de 15jours à compter de la signification du jugement ». C’est au moins ce que l’on peut retenir de la décision rendue le 11 février 2022 par la 4ème chambre Affaires civiles du tribunal de 1ère Instance francophone de Bruxelles dans l’affaire qui oppose l’État belge à des associations qui représentaient plusieurs centaines des para-commandos belges. Objet de discorde : l’altération

de la vérité par rapport à l’opération « Dragon rouge » des para-commandos belges à Kisangani. En effet, sur une légende collée au Musée royale de l’Afrique centrale de Turverun où l’on voit un para-commando belge à Stanleyville en 1964, lors de l’évacuation des rebelles Simba, l’on peut lire : « L’indépendance du Congo en 1960 est loin d’avoir sonné le glas des interventions étrangères ». Ce qui a créé un tollé général des para-commandos belges qui ont estimé qu’ils avaient servi leur pays, la Belgique, avec dévouement et fidélité mais pas au détriment de la vérité jusqu’à libérer près de 1700 otages et qu’ils ne pouvaient pas accepter l’opprobre jetée sur cette opération hautement humanitaire.  Des associations des para-commandos belges se sont insurgés contre cette diabolisation d’une partie des faits historiques. Ce qui poussa certains d’entre eux à intenter un procès contre l’État belge. Aucun lien réel ou supposé entre cette opération et l’écrasement dont on fait allusion. Le tribunal a, en effet, considéré qu’associer directement l’opération humanitaire qui a délivré près de 1700 personnes, otages des rebelles Simba à Stanleyville en novembre 1964 à l’écrasement, à la répression de la rébellion des Simba, porte atteinte de manière disproportionnée à l’image et à la réputation des para-commandos belges.  De deux, l’interprétation de l’histoire qui impute aux para-commandos belges un comportement qui n’est pas démontré de manière univoque comme le reconnaît par ailleurs l’Etat belge lui-même porte atteinte à la réputation personnelle des para-commandos. Le tribunal va plus loin, en démontrant que « L’ensemble de documents présentés par les deux parties démontre à quel point le discours postcolonial doit être nuancé et subtil pour remettre la vérité au cœur du propos historique sur la question postcoloniale. » Enfin, le tribunal conclut que l’État belge viole le droit à la protection de la réputation professionnelle qui est un droit à la vie privée reconnu par la Cour européenne des droits de l’homme : « Le droit à la  protection de la réputation personnelle est un droit qui relève du droit à la vie privée », de ce fait : « Présenter au public des informations qui ne sont pas fondées scientifiquement, des informations dont l’exactitude n’a pas été vérifiée rigoureusement sur le plan scientifique » est une violation inacceptable par l’État belge du droit à la protection de la réputation professionnelle.  Le plus surréaliste dans cette affaire, comme on peut le constater, est que les branches de l’État en Belgique s’empoignent. Les para-commandos belges attaquent l’État belge en justice. Et l’État est condamné par la justice belge. Le ridicule qu’on pouvait éviter. Heureusement que le ridicule ne tue pas. On ne juge pas le passé sans le conceptualiser. Le Musée a voulu juger l’histoire et le juge l’a remis à sa place, avec une décision qui respecte l’histoire en la remettant à son vrai endroit et au temps de son déroulement. Cette décision a été accueillie, au-delà de ce qui apparaît comme une victoire, avec une grande joie et un soulagement par les associations des para-commandos belges en ce moment où certains mouvements antiracistes et anticoloniaux brossant un tableau sombre de la colonisation posent des actes de vandalisme des statues (les déboulonneurs) dans une volonté avérée de réécrire l’histoire coloniale sous l’angle criminel justifiant pour ainsi le racisme qu’on observe en Belgique comme étant les conséquences de la colonisation.

Nicaise Kibel’Bel Oka

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