jeudi, octobre 3, 2024
Réligion & Culture

Grands Lacs. Les Évêques de l’ACEAC à Goma dans une pastorale pour le retour de la paix dans la région

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(Goma. Mgr José Moko au centre et Mgr Joachim (extrême droite) lors du point de presse. Ci-dessous. Vue de la messe dimanche).

Goma. Ce samedi 17 janvier 2024. Le centre d’accueil Isidore Bakanja grouille des soutanes à la calotte rouge. Les évêques catholiques des pays de la CEPGL (Burundi, Rwanda et RDC) viennent compatir à la détresse et à la souffrance du peuple de Dieu, réfugiés et déplacés de la guerre que le régime de Kigali mène contre la RDC. La presse y est conviée.

« Comment les évêques de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique centrale (ACEAC) perçoivent-ils leur mission dans une région où la violence s’est faite chair depuis des années ? Peut-on conclure à l’échec de l’Église à semer la paix dans le cœur des peuples de la région des Grands Lacs ? » C’est par cette question posée par Nicaise Kibel’Bel Oka que Mgr José Moko, président de l’ACEAC ouvre le ban : « C’est une grosse peine pour les évêques de voir la violence continuer à créer des situations de détresse. Le champ de l’Église est pastoral, spirituel, difficilement quantifiable. Comment évaluer notre contribution en 20 années ? L’évangile de Jésus-Christ est un évangile de la paix : Je vous donne ma paix, je vous laisse la paix. Dans la pastorale de nos trois pays, nos prêtres travaillent pour que les cœurs des hommes se dilatent. Des missions de solidarité comme celle-ci, c’est aussi pour que cette paix perdue puisse revenir. En 2012, nous sommes allés à Rutshuru parler avec le M23. Dieu seul sait ce que ce travail a pu avoir comme écho dans le cœur du M23. Notre travail consiste à marteler, à insister pour que chacun devienne Artisan de la paix. 

Bref, la mission des évêques de l’ACEEAC est évangélique. Elle consiste à se réconcilier avec le voisin. Et si longue que soit la nuit, le soleil finit par apparaître. Notre désespoir ne doit pas nous pousser dans des actes irrationnels ».

Mgr José Moko, évêque rd-congolais du diocèse d’Idiofa dans le Kwilu, vice-président de la CENCO et président de l’ACEAC a rappelé que l’Église fait sa part à travers une interpellation (faible soit-elle) avec sa parole, sa pastorale. Elle approche les couches de la population depuis le citoyen lambda jusqu’aux dirigeants. Ce drame, on a tendance à le négliger ou à le banaliser, a fait entre 5 et 12 millions de morts.

Le président de l’ACEAC pose à nous tous, peuple de Dieu, cette question fondamentale : « Comment devenir Artisan de la paix, sentinelle et pèlerin de la paix ? ».

Il répond : « Jésus -Christ le grand communicateur, le communicateur parfait et la vierge Marie qui accompagne ce drame appellent tout le monde à concourir pour l‘avènement de la paix dans cette partie du monde ». En effet, l’objectif poursuivi par les Pères de l’Église dans cette partie du monde reste le retour de la paix.

Les évêques du Rwanda et du Burundi, très sensibles au drame du peuple congolais

Répondant à une question sur la position des évêques du Rwanda sur le drame que vit le peuple congolais, Mgr José Moko a déclaré : « Les évêques du Rwanda sont très sensibles à cette situation. Ils l’ont exprimée à Rome. Après la visite du camp des déplacés de Ruchagala au nord de Goma et avec ce que nous avons vu et vécu, ils partiront du Congo avec les larmes aux yeux, ce sont des cœurs profondément touchés. La paix est menacée dans le cœurs des gens, menacée dans les relations interétatiques. Les évêques sont des contributeurs au retour de la paix comme membres de la population à laquelle ils appartiennent. Nous sommes une voix qui porte parmi tant d’autres et non la seule ».

Les évêques sont convaincus que chaque Chef d’État de la région des Grands Lacs veut la paix dans son pays. Voilà pourquoi les évêques veulent la paix dans toute la région. Leur conviction est que la paix n’a pas de prix. Elle est incontournable. Il n’y a pas de développement sans paix. Or, tous ces dirigeants font croire qu’ils aspirent au bien-être de leurs populations. Impossible sans la paix. Ne nous laissons pas distraire par ce que nous voyons et entendons. Nos populations aspirent à la paix. A plus forte raison qu’elles ont des liens culturels les unes les autres.

Mgr Joachim Ntahondereye, évêque de Muyinga (Burundi) a exprimé cette douleur et cette détresse que traverse le peuple de ces trois pays : « Notre présence à Goma, malgré la fermeture des frontières terrestres, est un témoignage de la foi et du partage avec nos frères et sœurs de la RDC. Nous voulons et souhaitons que nos frontières soient rouvertes.

Certes, nous ne maîtrisons pas toutes les raisons dans ce dossier mais comme Église, nous restons conscients qu’il faut travailler pour l’entente entre les peuples. Comme témoins de cette volonté et disposés à travailler pour promouvoir l’entente entre les peuples, les évêques ont visité le camp des déplacés de Ruchagala. Les évêques sont des pasteurs. Ils ne peuvent pas restés insensibles face au drame des personnes qui souffrent dans leur chair et dans leur âme. Le choix du camp a été une illustration de cette volonté de mettre fin à la violence qui est une conséquence du déficit de la paix.

Nous avons été aussi au camp de Kibuye au Rwanda manifester notre solidarité aux réfugiés congolais. N’oubliez pas que certains évêques ont grandi dans des camps des réfugiés avant de devenir aujourd’hui évêques. Les évêques ne rendent pas compte à un État quelconque mais à leurs églises. Il ne faut pas confondre un État, une nation, un individu, un peuple, une Église ».

Mgr José Moko a interpellé la conscience de tous et a lancé cet appel pathétique : « Ensemble, travaillons pour la paix. Parce que la paix est une œuvre commune. Qui veut la paix, prépare la paix ».  

Dimanche 28 janvier 2024, une grande messe a été dite au Carmel par les Pères de l’Église dans cette proximité pastorale pour exorciser le cœur de l’homme, de cet homme malade de la région des Grands Lacs et le guérir à travers l’eucharistie pour que cesse la violence et que la paix revienne. Car, même le soldat au front aspire à la paix. Seront-ils entendus ?

Battons-nous pour le retour de la paix.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

 

 

 

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