mercredi, février 5, 2025
Politique

Grands Lacs/Maurice King : » Si on n’adopte pas la politique d’une famille, un enfant, la bombe démographique incluant vache et violence frappera le Congo »

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(Réfugiés burundais retrouvés comme par enchantement à Goma en 2021. Archives Les Coulisses)

Maurice King, de l’Université de Leeds, a visité la zone de santé de Musienene (Lubero) sur invitation du docteur Kasonia Kizito. Dans cette discussion avec le journaliste Kibel’Bel Oka à Kampala en 2004, Maurice King dévoile la bombe démographique notamment au Rwanda dont la RDC sera victime des conséquences en termes des réfugiés, déplacés et de violence armé si le Rwanda n’adoptait pas la politique d’une mère, un enfant. L’on peut comprendre aussi toute la politique de glissement de population (Banyabwisha et Nande) vers l’Ituri et les violences armées qui déchirent l’est du pays. Découvrez-le dans cette prophétie.

 

Les Coulisses : Le dépiégeage, qu’est-ce ? Un néologisme inventé par Maurice King ?

Maurice King : Je dois commencer par expliquer le « piège démographique » parce que « dépiégeage » a été forgé à partir du mot piège. Qu’arrive-t-il lorsque a. Il y a trop de gens pour un morceau de terre ? B. Ils n’ont nulle part où aller. C. Ils manquent des bens à exporter et à importer ? Ce qui arrive, c’est qu’ils tombent dans le piège démographique.

L.C. Selon vous, en quoi se caractérise le piège démographique là où il y a suffisance alimentaire ?

M.K. : Il se caractérise par trois faits, à savoir la pauvreté plus accrue, la famine et enfin la violence. Pour une communauté des gens empiégés, chacun de ces trois besoins est nécessaire. Concrètement, je prends l’exemple de deux familles à Masereka ou Musienene dans le Lubero. Une famille avec un seul enfant possède un lopin de terre pour cultiver. Une autre famille avec six enfants possède autant que la première. Il est normal que la famille nombreuse ne saurait pas bien survivre. A Masereka, il existe une pauvreté et une famine chronique, la sous nutrition.  Musienene est déjà piégé. Bref, lorsqu’il y a moins de personne, il y a assez à manger.

L.C. : Revenons à la violence au Kivu, au Rwanda et au Burundi. Y-a-t-il aussi un piège démographique dans ces régions ?

M.K. : Le Rwanda et le Malawi sont les exemples les plus clairs et parlants du piège démographique. Selon le professeur Jack Caidwell, l’un de plus grand démographe de l’Afrique : « La plupart de pays en Afrique sont piégés ». Il a parfaitement raison. Car, l’Afrique tend vers un équilibre négatif de nourriture depuis le début de 1970. Elle importe plus de nourriture de base. Cette période déjà, les Belges étaient très inquiets pour le Nord-Kivu. Car, selon les estimations, en 2020, ils prédisaient un accident de population. Nous l’avons expérimenté avec Docteur Kasonia Kizito. La partie de la zone de santé vers Masereka où il y a à peine un mètre carré de terre vide est piégée. Le manque de terre est criant au point que les villageois détruisent par le feu des villages des autres.

L.C. : Puisque le piège est là. Que peut-on envisager. Qu’est-ce que le dépiégeage ?

M.K. : Il faut pour chaque communauté produire davantage de nourriture (de la terre). Malheureusement, la terre n’est toujours pas fertile. Il faudrait créer des mouvements de migration. C’est aussi difficile parce que d’ordinaire, il n’y a plus de terres vides où aller. Il faut produire plus et accroître le développement économique. Enfin et c’est très important, il faut songer à réduire le taux de natalité.

L.C. : N’existe-il pas des pays qui réussissent avec de telles politiques ?

M.K. : Oui. Prenons l’exemple de Singapour ou Hong Kong. Si une communauté vit dans l’abondance des exportations, il peut y avoir un grand nombre de personnes sur un lopin de terre sans poser de problèmes. Je suis inquiet pour la région des Grands Lacs notamment le Rwanda, le Burundi, le Nord-Kivu, et Kigezi en Ouganda.

L.C. : Des populations venues du Rwanda et de l’Ouganda s’installent dans le Grand Nord (au-dessus de Beni). Y-a-t-il pas un danger réel d’être piégé ?

M.K. : On est déjà piégés. J’ai parcouru Butembo jusqu’à Kasindi. Les communautés sont piégées. Le danger, c’est que les bétails et les hommes vont se livrer une guerre pour survivre. L’ennemi du pauvre, c’est plus la vache du riche que le riche lui-même. A la pauvreté du pâturage, il y aura la famine. Cela va tôt ou tard engendrer la violence.

L.C. : Que doit faire la RDC pour sortir de ce piège démographique avec son corollaire de violence extrême ?

M.K. : La première chose à faire pour les scientifiques congolais est de déterminer si le reste du Congo est empiégé comme le Nord-Kivu. Sinon, les personnes empiégées démographiquement dans les montagnes surpeuplées des Grands Lacs devraient aller ailleurs dans la cuvette centrale, seule région libre.

L.C. : Autrement ?

M.K. : Autrement, il faut réduire la fécondité. C’est-à-dire limiter le nombre de naissance pour chaque mère. C’est plus qu’une urgence. Dans la perspective que chaque mère doit dorénavant avoir deux enfants, la population du Congo devra à peu près tripler.

La moyenne de la fertilité au Congo est de six enfants. Une mère congolaise produit par moyenne trois mères encore avec ses trois filles. C’est cela l’élan démographique croissante dans la population jeune. Une mère qui a trois enfants filles. Chacune de ses filles (même quand elles auront que deux enfants), la population triplera. Mais, il y a un tabou.

L.C. : Vous insinuez que le piège démographique est tabou. En d’autres termes, cela signifie ?

M.K. : Bien que certaines personnes le savent, personne n’en discute ni n’en parle à haute voix. Et ce, pour au moins vingt (25) raisons que j’appelle « démons ». C’est tout ce qui rend le changement impossible.

Prenons l’exemple d’un pays sévèrement empiégé comme le Rwanda. Ce pays (Rwanda) a besoin urgemment des familles à un seul enfant (enfant unique).

Il faut alors employer toutes les méthodes de planification familiale y compris les méthodes post-coïtales. Si on n’adopte pas la politique d’une famille, un enfant, la bombe démographique de la population rwandaise frappera la République démocratique du Congo de plein fouet.

Et donc, la guerre de terre qui entraînera la violence armée. Il faut réduire la fécondité sinon alors attendons-nous à une famine chronique et aiguë et à des guerres d’agression perpétrées. Le moment est venu d’ouvrir le combat, de casser le tabou.

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Entretien avec Nicaise Kibel’Bel Oka © Les Coulisses N° 137 du 20 avril 2004 

 

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