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Kinshasa pieds et mains liés dans le piège du Rwanda

La RDC est tombée dans le piège du Rwanda depuis le début des négociations. Dire à haute voix que les Congolais ne savent pas négocier, ce n’est pas une injure moins encore méconnaître les efforts fournis. Mais un constat reste un constat. La RDC est tombée dans le piège du Rwanda. Le pire, c’est qu’il nous est difficile de nous en sortir.

La négociation est un art et une science dans laquelle seule l’intelligence ne suffit pas. Y participent et au plus haut niveau la ruse, la perfidie, le mensonge et la dissimulation. Sur ce terrain-là, la RDC n’est pas encore mature parce qu’elle considère que le mensonge en politique est toujours un péché.

A examiner le parcours engagé dans les négociations, on se rend à l’évidence que, par rapport à Kigali, nous avons marché à tâtons. Dans le choix des personnes, dans le choix des mots et dans les objectifs. Nous n’avons pas su lire les signes de temps ni interrogé l’Oracle.

Je suis surpris d’apprendre que la rencontre du 15 décembre 2024 était celle de la paix. Quelle naïveté !

Le président Museveni. Il a eu le temps de souffler à la dizaine des députés nationaux envoyés par le président de l’Assemblé nationale ce que nous avons appelé les « Quatre reproches à Tshisekedi » dont le refus de négocier avec les rebelles du M23.

Et pour que nul n’en ignore, dès leur retour à Kinshasa, le Rwanda a lancé des opérations dans le Lubero. Les chars sont entrés par Chanzu et Bunagana pour renforcer le front Kanyabayonga. Malgré cela, les Congolais ont fait foi à la rencontre de Luanda.

Même alors que la ministre des Affaires étrangères nous a répété que Kigali n’a jamais envoyé ses délégués au Mécanisme conjoint de vérification, Kinshasa a continué à croire à la bonne foi de Kigali. Des signes avant-coureur que les Congolais n’ont pas perçus.

Les négociations se préparent à différents niveaux. Et ceux qui y vont ne sont pas ceux qui doivent négocier. Ils y vont pour défendre le point de vue de ceux qui sont restés. C’est comme cela la règle. Malheureusement, chez nous, ceux qui sont désignés, ce sont les plus intelligents en lieu et place des plus rusés. Comme ils sont très intelligents, ils n’ont pas d’écoute. Ils oublient que la ruse fait partie intégrante de la stratégie dans la guerre qui est le prolongement de la politique par d’autres moyens.

Savoir négocier. Connaître son ennemi pour le battre sur le terrain de la diplomatie et même de la guerre, c’est ce qui est enseigné et appliqué pour remporter des victoires. L’ennemi, on peut le connaître à travers d’autres personnes moins intelligentes, des fous, des ivrognes voire des prostituées. Des exemples abondent dans notre expérience.

En 2004. L’APC/RCD/K-ML prend en otage deux agents de la MONUC à Beni. Kinshasa envoie le major Augustin Mamba Mubiayi (aujourd’hui général-major Directeur général du CHESD) à Beni. Il arrive déguisé. Kibel’Bel Oka lui dit ce qu’il doit faire si l’on tient à retrouver vivants les deux Onusiens. Ce sont les prostitués du quartier Mabakanga, voisines des deux agents kidnappés qui ont livré l’information. Augustin Mamba fait rapport à Kinshasa et aussitôt un hélicoptère va à Kamango pour les récupérer. Comme on peut le noter, le journaliste ne faisait pas partie de la négociation mais il a livré la vraie information.

Deux. A Sun City, l’AG Kazadi Nyembo, préoccupé de la tournure que prennent les débats organisés par Christian Lusakweno donnant l’impression que le duo Kamitatu-Ruberwa qui affronte le duo Samba Kaputo-Tumba Luaba a raison de faire la guerre contre la RDC, invite Kibel’Bel Oka dans sa chambre et lui demande ce qu’il faut faire. La recette est simple : remplacer un de deux professeurs par Vital Kamerhe. Ce qui fut fait.

L’écoute des autres dans l’humilité. C’est par cette humilité que le duo général Tim Munkuto Kiyana (paix à son âme) – Jean-Paulin Ntshaykolo a pu dénicher l’âme des islamistes MTM et réussir à conduire des audiences dans le procès des ADF malgré des attaques armées.

Le président Museveni, fin stratège qui manie ruse et manipulation, est très apprécié des ambassadeurs occidentaux accrédités à Kampala. Il a une stratégie de communication à nulle pareille.

  1. Fâché de voir ses poulains de l’UPC de Thomas Lubanga signer des accords avec Kigali, il convoque l’état-major de l’UPC à Kampala. Il les fait arrêter et les expédie chez Kabila (cadeau empoisonné) mais il extirpe le chef Kahwa avec qui il négocie un accord d’exploitation du pétrole avec la Lybie de Kadhafi. Une fois les membres de l’UPC à Kinshasa, les Congolais pensent à un dialogue ente inter ituriens. Le plus rusé est Thomas Lubanga qui exige que certaines têtes restées en Ituri doivent y participer. Il est dans l’avion avec le professeur Tumba Luaba pour « convaincre ceux qui sont restés à venir avec lui à Kinshasa ». Conséquence. Le professeur Tumba Luaba et le journaliste Kibel’Bel Oka sont pris en otage par le chef Kahwa et passent sept jours de captivité à Mandro. Ils ne seront libérés qu’en échange avec l’état-major de l’UPC envoyé à Kinshasa par Museveni. Le piège se referme. Museveni a gagné. Kabila s’est retrouvé dans la situation du « Corbeau et le renard ».

L’on peut multiplier à l’envi des exemples pour les incrédules.

Les islamistes utilisent la taqiyya Et/ou kutmân dans leur ruse et perfidie. La ruse est le fait d’individus dotés d’un savoir-faire individuel. Il existe la ruse de guerre sur la base de dissimulation et tromperie. La ruse a un caractère indirect (Kigali a commencé par les FDLR, puis les Réfugiés et voilà aujourd’hui le M23. Demain, ça sera l’AFC de Nangaa). Un autre caractère trompeur (Kigali dit que ses agents de liaison sont en route pour Goma depuis un mois). Elle joue sur le temps (On nous fait perdre du temps –Cessez-le-feu alors que la RDF continue d’attaquer et enfin la surprise (à la dernière minute, Kigali refuse de faire Luanda).

Si Kinshasa avait su que le FPR n’a jamais fini une négociation que par la guerre, personne n’allait faire foi à toute cette paperasse de signatures. Tout comme l’Union européenne qui joue à « Faute ya commerçant ». Elle finance la RDF à hauteur de 20 millions d’euros et les FARDC (Brigade de Réaction Rapide) à la même hauteur de 20 millions d’euros.

Sortons de notre naïveté. Personne ne viendra nous aider si nous-mêmes ne prenons pas conscience du danger que court notre beau Congo.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

 

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