jeudi, octobre 3, 2024
Défense & Sécurité

Mutualisation des forces FARDC-UPDF. Que devient la MONUSCO déboussolée ?

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( Entebbe/Uganda. Les Chefs d’états-majors de deux armées à la fin de la réunion de mutualisation des forces au State House. Photo Les Coulisses)

Une vidéo d’un officiel ougandais balancée le 6 décembre 2021 est sans appel sur la présence et la participation des forces de la MONUSCO dans la traque des soldats du califat (les jihadistes MTM) lancée conjointement par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et l’Uganda People Defence Forces (UPDF) dans la région de Beni/Ruwenzori depuis le 30 novembre 2021. L’Ouganda ne veut pas voir la MONUSCO participer aux opérations conjointes. Durant 21 ans de présence sur le sol congolais, la MONUSCO a fait preuve d’inefficacité et d’inutilité à aider les Congolais à ramener la paix à l’est. Ce que l’Ouganda a dit à haute voix, de nombreuses personnes le disent aussi. Le journal Les Coulisses l’a maintes fois écrit. L’attitude de la MONUSCO soulève de nombreuses interrogations. En effet, la MONUSCO refuse obstinément de reconnaître les « ADF » comme groupe terroriste islamiste. Elle est même en porte-à-faux avec le Secrétaire général des Nations-unies qui l’a reconnu en 2019 et le Département d’État américain au sujet de l’identité des terroristes ADF/MTM. Malgré toutes les preuves qu’elle détient, la MONUSCO ne sait toujours pas contre qui la FIB se bat. Le comportement de la mission onusienne sur certains dossiers fait douter de sa bonne foi à remplir sa mission d’appui aux FARDC. Déjà en 2012, les pays de la SADC se sont butés à l’incompréhension de New York qui refusait catégoriquement que la Brigade FIB soit autonome. New-York a posé comme condition de son opérationnalité d’être sous la gestion de la MONUSCO. En décembre 2017, lors de l’attaque de la position du contingent tanzanien qui a couté la vie à 16 soldats tanzaniens au PK 48/Semuliki, la MONUSCO a non seulement refusé d’envoyer du renfort mais a également tenté vainement et abusivement de mettre cette meurtrière attaque sur le compte des FARDC. N’eut été l’enquêteur russe envoyé de New –York, qui a rejoint la version du journal Les Coulisses, elle aurait réussi à persuader ses complices et agitateurs de cette responsabilité imaginaire des FARDC. La MONUSCO a joué un rôle néfaste dans le moral des troupes FARDC au front à travers des rapports (souvent non vérifiés) contre les officiers. Enfin, les FARDC reprochent à la MONUSCO son refus manifeste de bombarder les colonnes des soldats du califat au motif qu’ils ne portent pas d’uniforme militaire et de vouloir à tout prix faire participer des civils (BCNUDH) à la préparation des opérations militaires, brandissant le respect des droits de l’homme. Bref, il a été prouvé (Cfr le livre de Nicaise Kibel’Bel Oka  « Jihad en RDC. Exhortation, témoignages et vitalité des ADF/MTM) le rôle ambigu de certains responsables de la MONUSCO dans le ravitaillement des islamistes de Madina at Tawheed wal Muwahedeen (MTM).

Quelle attitude adoptée ?

L’annonce de la mutualisation des forces FARDC-UPDF a ébranlé la MONUSCO. Sa réussite mettrait fin à cette présence devenue un boulet au pied de la RDC. L’on a vu les responsables de la MONUSCO remuer ciel et terre pour participer aux opérations conjointes de la traque des combattants islamistes MTM. Cela doit interpeller les bonnes consciences pour enfin définir le rôle/présence hic et nunc de la MONUSCO en RDC. D’abord, il est important de souligner que ces opérations ne mettront pas fin au terrorisme islamiste des MTM mais ont pour objectif de réduire sensiblement leur degré de nuisance. Pour des raisons que tout le monde connaît, à savoir l’ancrage des jihadistes dans la société bénéficiant d’une solide attache locale et régionale à travers de nombreux réseaux qu’ils entretiennent. Comme le souligne régulièrement le journaliste d’investigation Nicaise Kibel’Bel Oka, dans une guerre asymétrique, le bombardement seul ne suffit pas. La traque des jihadistes devrait se dérouler dans une approche systémique basée sur la paralysie stratégique de l’ennemi. Certes, l’UPDF a étalé son impressionnant arsenal militaire pour dissuader mais la réalité de la guerre asymétrique est toute autre. Ses menaces sont transnationales, mouvantes. Les méthodes classiques centrées sur l’appréciation des critères physiques ne débouchent principalement que sur les opérations militaires localisées, sans prise en compte de l’environnement. Les premiers défis que nous lance cette construction humaine dynamique et cloisonnée qu’est le MTM sont d’ordre humain et culturel entre les deux frontières : multiplicité des acteurs, interactions tribales et économiques, criminalité transfrontalière et opportunismes en tous genres. Aux surprises stratégiques au front, il faut définir la réponse à adopter. Cette  réponse doit être évaluée en délai bref et prorogé une seule fois de telle sorte qu’après 6 mois, pour ne pas répéter l’erreur de la MONUSCO et éviter la chronique d’une défaite annoncée, l’UPDF se retire de la RDC. Toutefois, la question reste. Avec ou sans la MONUSCO. Que devient la MONUSCO dans tout cela ? Simple et anachronique mission d’observation qui épie les violations de droits de l’homme ? N’y a-t-on pas pensé ? Si elle-même ne se la pose pas, nous le faisons au nom de tous. A l’approche du processus électoral, la MONUSCO a un alibi : accompagner la RDC dans l’organisation des élections crédibles et apaisées. La MONUSCO sera ce que les Congolais voudront qu’elle soit, inefficace, inutile mais présente pour au moins deux années encore. Par notre faute.

Nicaise Kibel’Bel Oka

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