Pâques. Quand Pilate décrit à son ami resté à Rome le déroulé du procès de Jésus-Christ

(Kinshasa. Le cardinal Fridolin Ambongo lors de la  célébration de la Pâques. Photo tiers).

Dans l’un de ses romans, Les ombres de Nazareth, Langenhoven décrit le procès du Christ mené par Ponce Pilate, à l’époque où Israël était sous la domination de Rome et où Pilate était son gouverneur militaire. Après le procès, Pilate écrit à un ami, à Rome, une lettre pleine de confidences étonnantes. Pour que ce soit plus facile à lire, le récit est à la première personne :

« En ma qualité de gouverneur d’une province romaine, j’ai instruit beaucoup de procès impliquant des rebelles de tout genre. Mais le procès de ce

Jésus, je ne l’oublierai jamais !

Un jour, une énorme foule de prêtres juifs et de leurs fidèles, tremblant littéralement de rage et d’excitation, s’est assemblée devant mon palais exigeant que je crucifie cet homme qui se prétendait le roi des Juifs. L’homme que la foule me désignait avait les chevilles et les poignets lourdement enchainés. Nos regards se sont croisés. Au milieu de ce tumulte, il demeurait parfaitement calme, aussi tranquille et confiant que s’il avait eu des millions de partisans de son côté. J’ai dit aux prêtres que le prisonnier avait enfreint la loi juive et non la loi romaine, et que c’était à eux de le juger. Malgré mes explications, ils s’entêtaient à exiger sa crucifixion.

J’ai immédiatement compris leur dilemme. Les prêtres ne voulaient pas prendre la responsabilité de sa condamnation à mort. La seule issue était que la Rome impériale le fasse.

Lors des fêtes annuelles, la coutume voulait qu’on relâche des prisonniers. Comme les fêtes approchaient, j’ai proposé de le libérer. Les prêtres se sont récriés et ont demandé que Barabas, un autre détenu célèbre, soit relâché et qu’on exécute le Christ à sa place.

Peu après, j’entrai dans le tribunal et demandai qu’on m’amène le captif. (…) Pour la première fois de ma vie, je fis face à un homme dont les yeux semblaient me transpercer et m’obligèrent à baisser le regard. Sur sa tête brillait une auréole d’amour et d’espoir mais il avait en même temps l’expression d’un homme profondément peiné par la folie et les souffrances de l’humanité entière. Il leva le regard et ses yeux semblèrent voir par-delà le toit, et même par-delà les étoiles. Il devint évident que, dans cette salle de tribunal, je n’étais pas le juge qui détient l’autorité, mais l’accusé sur le banc.

J’énonçai au prisonnier les accusations retenues contre lui et lui demandai de m’indiquer s’il était ou non coupable. Il m’ignora superbement. Il ne faisait pas de doute que tout cela lui paraissait complétement superflu puisque j’avais déjà décidé de la sentence. Je lui répétai la question et lui assurai que j’avais le pouvoir de lui sauver la vie. L’auréole du prisonnier s’évanouit, il m’adressa un sourire et, pour la première fois, il parla. Il admit être roi et par cette seule réponse, me détruisit totalement. J’avais imaginé qu’il nierait les accusations, comme tous les autres accusés, mais en reconnaissant sa culpabilité, il mettait un terme aux débats.

Vous savez cher ami, qu’à Rome un juge ne rend sa décision qu’en fonction de l’accusation, de la loi et des preuves qui lui sont apportées, sans prendre en compte d’autres facteurs. Mais ici, dans ces provinces éloignées de Rome, nous sommes en guerre. Un homme engagé dans une bataille ne se soucie que de l’issue, de la victoire et non de la justice. Le juge lui-même est mis à l’épreuve.

Ainsi donc, alors que je savais cet homme innocent, ma charge me commandait de le condamner à mort, et c’est ce que fis. La dernière fois que je l’ai vu, il s’avançait vers le Calvaire au milieu des huées, des insultes et des coups, sous le poids écrasant de la lourde croix sur laquelle il allait mourir. J’ai décidé de t’écrire cette lettre parce que je crois que cette confession faite à un ami sauvera au moins ma conscience tourmentée. »

Voilà résumé l’histoire de Jésus qu’il n’est pas nécessaire de commenter. Pour toi et moi, elle soulève des questions toujours d’actualité. J’espère que tu la trouveras intéressante et utile, et qu’elle t’apportera un peu de bonheur. In « Nelson Mandela. Conversations avec moi-même ». Lettre adressée à Winnie le 1er janvier 1970, p. 239.

Quel message doit-on donner aux fidèles lors de la résurrection du Christ, à la Pâques ? En tout cas pas les injures. Tous ceux qui tuent dans leurs prêches haineux doivent devenir des « Pilate » qui reconnaissent la faiblesse humaine et appellent à la prise de conscience individuelle. Ne jugez point de peur d’être jugés. Bons bergers, soyez à la place du Christ sans prendre sa place afin de ressusciter avec lui.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

 

 

 

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