(Pékin. Félix Tshisekedi passe en revue les troupes aux côtés de par son homologue chinois. Photo tiers).
Félix-Antoine Tshisekedi est, après le maréchal Mobutu, le 2ème président de la RDC à être reçu avec 21 coups de fusil en Chine. Tapis rouge et visites guidées, le séjour de Félix Tshisekedi essentiellement axé sur la revisitation du « Contrat chinois » n’a pas beaucoup plu aux Occidentaux singulièrement aux États-Unis. En réaction, l’on compte le regain des manifestations hautement médiatisées de l’opposition avec Moïse Katumbi à la tête. Et de manière prévisible, des manifestations condamnées par l’Église catholique et l’Occident. Les déclarations du cardinal Fridolin Ambongo sur la foi catholique de Moïse Katumbi (même si Vital Kamerhe reste l’homme politique qui a le plus porté le chapelet au cou entre 2021 et 2023) ne sont pas innocentes ni inspirées par le Saint Esprit tout comme le communiqué de 15 ambassades occidentales sur les élections et le respect des droits de l’homme par le régime en place. A la veille de l’élection présidentielle, la RD Congo expérimente de nouveau l’éternelle crise qui, ajoutée à la guerre civile internationale des groupes armés et de la RDF/M 23, pourrait être déterminante pour son avenir en tant que nation aux frontières de 1960. Les analystes parlent de la Troisième crise du Congo à laquelle les États-Unis travaillent pour « contenir la Chine » dans la course aux matières premières de la RDC grâce à un « chaos contrôlé ».
La fabrication des opposants. Cas Katumbi.
Pour comprendre l’agitation actuelle créée autour de Moïse Katumbi, il est important de relire ce que l’Américain Andrew Korybko, auteur de « La guerre hybride » écrivait en 2015 sur la RDC de Joseph Kabila : « (…) Si Kabila tente de retarder les prochaines élections ou de modifier la Constitution, la troisième crise du Congo commencerait « naturellement » par une révolution de couleur, en commençant par des provocations urbaines qui auraient lieu à Kinshasa. L’objectif est d’installer un chef de file pro-occidental au pouvoir qui permettrait ainsi aux États-Unis de contrôler indirectement le commerce de cobalt de la Chine et d’exercer une influence sur la route transocéanique africaine. L’homme envisagé pour remplir ce rôle au nom de Washington est l’ancien gouverneur du Katanga et homme d’affaires millionnaire, Moïse Katumbi, le visage public de l’opposition de la révolution de couleur. (…) Il tentera probablement de consolider encore plus de soutiens étrangers pour soutenir sa candidature sous les auspices qu’il serait un « leader démocratique » « politiquement harcelé » par une « dictature » – les parfaits mots à la mode pour garantir un soutien occidental fort et produire une campagne d’information mondiale unipolaire axée sur ses ambitions politiques. À l’étranger, on peut supposer qu’il sera en contact étroit avec les agences de renseignement occidentales et les services secrets de leurs « partenaires » africains alliés pour gérer la révolution de couleur et formuler le moyen le plus efficace de faire tomber le gouvernement du président Kabila. »
En effet, dans la bouche de Moïse Katumbi, Delly Sessanga, Matata Ponyo et Martin Fayulu, les mots « dictateur/dictature et harcèlement politique, usage disproportionnée de la force, violation de droits de l’homme » reviennent comme un refrain. La médiatisation de l’affaire Salomon Kalonda, un des conseillers de Moïse Katumbi, arrêté pour détention « illégale » d’une arme à feu participe aussi de cette politique d’instrumentalisation et de diabolisation. On est toujours dans la logique du 3ème pénalty sifflé mais jamais tiré qui a cimenté le conflit Kabila-Katumbi alors que ce dernier ne jurait avant que par Joseph Kabila. Dans cette logique, on comprend pourquoi tous les opposants ont oublié qu’une partie du territoire national (Nord-Kivu) est sous occupation étrangère de l’armée rwandaise. Même le cardinal Ambongo qui fut le premier à annoncer et dénoncer en 2020 depuis la ville Beni l’infiltration des institutions du pays s’est tu. Dans cette instrumentalisation de la classe politique congolaise, l’élite congolaise observe voire applaudit le jeu joué par la Force régionale de l’East Africa Communuty (EAC) dans ses relations avec le Rwanda contre notre pays. Comme en 2018 avec Joseph Kabila, l’homme à abattre se nomme Félix Tshisekedi.
Couper le Katanga du Congo
Revenant sur cette analyse de 2015, qui reste d’actualité, comme en 2015, les États-Unis ont peaufiné le plan B. Andrew Korybko écrit : « il est très possible que le « Plan B » soit de raviver les revendications sécessionnistes historiques du Katanga et que Katumbi retourne dans la région pour diriger l’insurrection aux côtés de son armée de mercenaires étrangers. Il s’agit essentiellement d’un modèle identique à celui qui a déclenché la première crise congolaise dans les semaines qui ont suivi l’indépendance du pays en 1960. » L’on peut sans effort comprendre les menaces de Christian Mwando Simba sur la sécession du Katanga au cas où… Rien de nouveau sous le soleil.
À la lumière des échecs des États-Unis à « contenir » indirectement les routes transocéaniques africaines, il semble maintenant que Washington a décidé d’intensifier ses agressions et de procéder à la déstabilisation du cœur géopolitique de l’Afrique, la RD Congo. La présence de l’armée rwandaise dans Rutshuru et Masisi appuyée par l’armée ougandaise ainsi que les manœuvres d’instituer la « zone tampon » entre les FARDC et la RDF/M 23, le refus de la MONUSCO de se battre aux côtés des FARDC sont autant de signaux palpables de la politique américaine qui consiste à créer et renouveler des conflits dans la partie orientale du Congo. Pour bénéficier de l’exploitation illicite et du pillage des minerais. En réalité, les États-Unis veulent contrer la Chine qui se bat pour être leader mondial dans le commerce du cobalt et autres minerais qui participent à la chaîne de valeur de batteries et voitures électriques avec tous les avantages stratégiques que cela entraîne.
La loi Tshiani (de père et de mère)
Répondant à une question justifiant leur ferme opposition à la Loi de père et de mère en emboîtant les pas aux parrains occidentaux, la CENCO qui ne sait plus cacher son soutien au très catholique dans la foi, dénonce à la limite de la malédiction, toute personne qui évoque la Loi Tshiani. Or, dans leur conscience de Paul et de Jean, tous savent qu’il est temps d’éviter au pays ce que l’AFDL a posé comme jalon avec James Kabarebe à la tête de l’État-major de l’armée congolaise et que Sun City a apporté comme cancer pour la RDC (1+4 sur base du partage équitable et équilibré du pouvoir suivi du brassage et mixage des troupes).
Si le plan « B » se réalise avec le soutien des États-Unis et de certains princes de l’Église universelle en RDC, on peut s’attendre à ce que le président actuel de l’opposition, Moise Katumbi, relance la campagne séparatiste historique du Katanga en recréant les conditions qui ont mené à la première crise du Congo dans les années 1960. Le Katanga indépendant signera le décès du « Contrat chinois » pour céder les terres aux Américains. Parallèlement, les provinces de l’Est de l’Ituri et du Nord-Kivu et du Sud-Kivu pourraient quintupler leur orgie de violence pour faire aboutir le projet de balkanisation. Des souffrances humaines en nombre incalculable sont imposées aux populations de ces régions livrées à l’errance parce que, du point de vue stratégique des États-Unis, cela vaut la peine si cela peut « contenir » les visées de la Chine en RDC dans et aboutir à la balkanisation de la RDC.
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Mathias Ikem