RDC/Beni-Mbau. Edmond, Pierre et Anselme. 10 ans dans l’oubli sans vous avoir oubliés, nos cœurs portant le fardeau du tourment

Ce fut un 19 octobre 2012 à 21 h05. Et depuis, plus rien. Le voile s’est refermé sur le mystère. Quand on recherche le mobile d’un crime, on n’arrive à une conviction que si l’on a pu découvrir chez le coupable le désir de posséder un de ces biens que nous avons appelés « inférieurs », ou la crainte de les perdre, écrit saint Augustin dans ses Confessions. Quel a été le mobile du crime qui a vu trois prêtres assomptionnistes et trois pauvres paysans enlevés au soir du 19 octobre 2012 ? Pourquoi personne ne veut parler ?

Jean-Pierre Mumbere Ndulani (né en 1962), ancien curé de la paroisse de Mbau, fut affecté de nouveau à la paroisse de Mbau, quinze jours après son retour d’Ecosse. Anselme

Kakule Wasukundi (né en 1971), nommé curé de la paroisse Notre Dame des Pauvres de Mbau en remplacement du père Augustin Mbusa, parti la veille de la date fatidique. Edmond Bamtupe Kisughu (né en 1959) fut vicaire à la paroisse de Mbau (2009-2012) jusqu’à la date du 19 octobre 2012 où il est enlevé avec ses deux confrères. La sentinelle des pères assomptionnistes de la Palmeraie de Mbau (PalMba), chassée cette même nuit pour cause d’ivresse et qui guida les ravisseurs jusqu’à la paroisse, fut enlevée avec les trois prêtres. Véronique, la domestique des pères de Mbau ainsi que son père biologique furent enlevés trois mois après. Le hasard n’existe pas. Il y a trop de faits troublants dans cette rocambolesque affaire. Dix ans après, les esprits malins ont tout mis pour étouffer toute tentative de retour des infortunés sinon d’une sépulture digne. L’on ne peut pas se voiler la face dans ce dossier. C’est là que nous avons tous péché. Nous avons raté, à cause de notre haine et de notre manque d’amour, toutes les occasions de les sauver. Parce que ceux qui les avaient enlevés ont négocié le médicament du père malade et même leur libération et ceux qui les avaient vus dans la forêt de Kikingi/Ndama avaient déclaré : « Ils se portaient bien. » 

Mais le mensonge avait été plus fort depuis des mois pour ne pas dissimuler ce qui devait arriver. Cette nuit-là, les kidnappeurs disaient haut et fort venir chercher « l’argent » et non « de l’argent » car il y a une nuance. Quel fut le mobile du crime, L’argent ? Qui en était le propriétaire ? D’où venait-il ? Si c’était l’argent des islamistes ADF/MTM, comment il pouvait atterrir chez des missionnaires ? Y-avait-il un commerce lucratif entre les ADF/MTM et certains des infortunés ? Si on veut la vérité, il faut poser toutes ces questions qui fâchent. Nos larmes seules ne suffiront jamais à obtenir le pardon de Dieu. Parce qu’en dix ans, certains esprits ont tout mis pour brouiller les pistes et/ou diaboliser ceux qui tenaient à découvrir la vérité. Sans chercher à s’en prendre à qui que ce soit, l’heure est venue d’interroger les Augustins de l’Assomption sur certains faits si on veut obtenir le pardon de Dieu : « Que faisait le père Ndulani en Ecosse durant 6 ans ? Que faisait le père Machozi en Amérique ? Quelle relation, outre la croix, unissait les deux ? Pourquoi le religieux doit s’engager dans des histoires d’argent alors qu’il a fait les vœux de pauvreté ? Qui était le répondant de l’un et l’autre sur terrain à Mbau ? Pourquoi avait-on nommé le père Machozi à la Pal Mba ? Qu’est devenu l’(ex) père Gervais Mulimu ? Pourquoi les prêtres pactisent avec ces gens-là, réputés infréquentables ? L’assassinat du père Machozi, après de tentatives de kidnapping à Mbau, a-t-il des liens avec l’enlèvement de ses trois confrères ? » Si nous ne cherchons pas à supprimer tous les aspects superficiels de nos vies, nous ne serons jamais unis à Dieu. Dix ans après, il est urgent que les Augustins de l’Assomption ouvrent leur cœur et disent ce qu’ils savent et cachent de toutes ces séries noires. Dans l’amour et la fraternité, et non dans l’injure et la diabolisation. Au total, en ce jour du 19 octobre 2022, dix années après, nous pleurons 6 personnes, toutes prisonnières de la vérité qui nous échappe et que peu de gens ont toujours étouffée, nous plongeant dans une intranquillité revendiquée, dans une conscience chargée. Nous devons dire à la suite de saint Augustin : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en Toi. » Comment notre cœur reposerait il alors que nous sommes tourmentés, chaque anniversaire étant un fardeau pour les Assomptionnistes, pour Mgr l’Évêque, pour le diocèse de Butembo-Beni et pour le peuple de Dieu ? Avons-nous le repos intérieur ? Edmond, Jean-Pierre, Anselme ainsi que ceux qui vous ont accompagnés dans ce calvaire, nous ne vous oublions pas.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

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