Les voix se lèvent pour exiger la levée de l’État de siège. Députés, enseignants d’université, religieux jeunes et vieux, juristes, notables pour la plupart originaires du Grand Nord ne jurent que par la levée de l’État de siège. Des manifestations « pacifiques » sont organisées avec des messages d’une violence inimaginable contre les autorités militaires établies. La Véranda Mutsanga menace de s’occuper des députés nationaux du Grand Nord s’ils renouvellent l’État de siège. Les noms de certains députés sont jetés en pâture par des personnes qui devaient normalement inspirer respect et considération. Sous le fallacieux prétexte que « l’État de siège n’a pas arrêté les tueries, que
Parmi les revendications et reproches à peine voilés faits au Président de la république, les politiciens de Beni déclarent qu’ils ne sont pas représentés dans le gouvernement Sama Lukonde même alors que Muhindo Nzangi y est et s’occupe bien de son fief natal. Si les tueries continuent et s’amplifient, c’est parce qu’on leur a refusé la direction de PDDR-C. Ils ont un nom qui, à lui seul, peut, comme par une baguette magique, faire arrêter les tueries dans le Grand Nord. Ils transposent leur conflit séculaire entre Beni et Lubero au niveau national.
Félix-Antoine Tshisekedi accédera-t-il à ces exigences répétées et menaçant davantage la sécurité du pays ou va-t-il rester de marbre ? C’est là toute la question. Mais l’histoire est un éternel recommencement. Face à des insatisfactions répétées qui menaçaient la survie de la nation, il y a 3 ans, le prédécesseur de Félix-Antoine Tshisekedi avait vécu une situation similaire où la même jeunesse, manipulée et envoûtée, était sur tous les fronts pour paralyser le bon fonctionnement des institutions. Toujours sous le slogan de l’auto prise en charge et de l’autodéfense face aux tueries. Le prédécesseur décida de leur donner l’occasion de proclamer leur État comme ils en rêvent depuis des lustres en gelant l’organisation des élections dans l’espace Beni ville et territoire et Butembo. Aveuglés par cette soif de créer leur propre État, ils organisèrent leurs propres élections supervisées et sécurisées par les maï-maï, avant de se raviser.
Dans le pire des cas, si le Chef de l’État, accédant à leur demande, décidait de lever l’État de siège et de retirer cette armée infiltrée et corrompue, que va-t-il se passer ? Les tueries cesseraient-elles ? Les conflits interethniques ne seront-ils que de mauvais souvenirs ? La jeunesse qui semble mieux connaître les égorgeurs et à qui on débite le droit de port d’armes (comme aux États-Unis) saura-t-elle faire la guerre aux égorgeurs ? C’est à croire que dans le Grand Nord, il y a une armée privée qui, une fois mise en action, est outillée pour traquer les tueurs et ramener la paix dans cette partie du pays. On connaît le slogan : « Nous préférons être sous la protection de nos enfants que des FARDC .» Or, Les maï-maï n’ont jamais gagné une seule guerre autrement l’est du pays serait déjà pacifié. Qu’on se le dise. C’est vraiment jouer avec du feu, sans le savoir.
Faire croire à la population que sous l’État de siège, les tueries doivent impérativement cesser et qu’on vivrait mieux qu’ à New York ou à Paris sans violence urbaine, alors que des dizaines de milices ethniques (120 groupes armés) écument la région, c’est tromper sa propre conscience et disposer d’un agenda caché contre la nation. La sécurité étant l’affaire de tous, comme l’éducation, elle doit commencer au sein de la famille restreinte. Parents, qu’avez-vous fait de la jeunesse ?
Nicaise Kibel’Bel Oka