RDC. État islamique dans le Ruwenzori. Vers de probables dissensions et divisions entre les MTM
(Un combattant MTM capturé par les FARDC au front Madina en 2015. Archives Les Coulisses)
Le Kényan Muhammad Salim Rashid, récemment capturé par les FARDC, se serait perdu dans la forêt du Ruwenzori avant d’être capturé. Il aurait eu de sérieuses divergences d’interprétations du Coran et du jihad avec ses coéquipiers au point de décider de quitter le front. Selon des sources entrecoupées, dans le maquis des ADF/MTM, les violons ne s’accordent plus entre les ADF/MTM « autochtones » formés sur le tas et les jihadistes venus d’autres horizons pour leur apprendre le comportement du « Bon » musulman. Des échos partant des campements des islamistes MTM font état de sérieuses divergences entre les islamistes. Ces divergences opposent notamment les jihadistes venus des pays arabes à ceux recrutés sur le terrain, les illettrés. En effet, les jihadistes venus des pays reconnus pour leur islamisme et la tradition d’allégeance au Prophète Muhammad se comporteraient en connaisseurs et maîtres vilipendant ainsi ceux trouvés sur place qui bricolent les rudiments du Coran et la Sunna du Prophète. Ceux des islamistes qui viennent de grandes villes considèrent ceux qu’ils ont trouvés sur place comme des villageois, incapables de se comporter comme à l’époque du Prophète et ne maîtrisant pas bien le Coran et la Sunna. Quand les Arabes arrivent dans le Ruwenzori, ils sont déçus par le comportement des ADF qui n’ont pas coupé le lien avec leur environnement. Et surtout par la relation que les ADF entretiennent avec les Kafri. Pour ceux-là, le comportement des ADF les éloigne de la purification telle que voulue par l’islam. Outre ces dissensions, la guerre de leadership divise davantage les imams formés en Afrique (RDC) et ceux venus d’ailleurs. Ceux qui ont séjourné en Syrie, capitale du calife ont adopté une autre façon de se comporter. Ceux formés sur le tas et qui n’ont jamais fait le pèlerinage à la Mecque sont jaloux de leur mouvement et croient qu’on veut leur voler leur identité. C’est la lignée de l’imam Zakaria Banza Souleymane alias Bonge la chuma.
L’histoire du jihad armé mené par DAESCH renseigne que des musulmans jihadistes ne s’entendent toujours pas quand ils sont ensemble. En 2007, the professor Jamil Mukulu dénonçait déjà les divisions entre les musulmans qui ont fait perdre à l’islam le 2ème pays leur légué par Allah, la Somalie. Les dissensions opposent, d’une part, ceux qui ont fréquenté les meilleures écoles et universités d’Égypte, d’Arabie saoudite, de la Turquie, du Maroc, du Soudan et les autres trouvés sur terrain, et, d’autre part, les différentes écoles théologiques.
Les musulmans vivent officiellement en deux communautés reconnues, les Chi’ites et les Sunnites. Au-delà de cette division officielle, il y a une autre plus marquante selon qu’on est de telle ou telle autre école. Selon qu’on a étudié la théologie musulmane en Arabie saoudite (Wahhabisme : l’islamisme des Anciens), en Égypte (Salafisme : retour aux valeurs de pieux ancêtres en pratiquant l’islam politique), au Pakistan (Tabliq : propagation de la foi), en Iran (Chi’ites : islamisme des Oulémas), au Soudan ou en Turquie.
Lors de la conférence sur : « Islam, islamisme et Terrorisme à l’est de la RDC » organisée par la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila et animée par le journaliste d’investigation Nicaise Kibel’Bel Oka dans la salle Lapina de la paroisse Notre Dame de Fatima à Kinshasa samedi 22 janvier 2022 devant des théologiens musulmans, ces dissensions se sont ouvertement fait sentir. Les intervenants prenaient le malin plaisir de vanter leur islam avant de poser des questions. Depuis que cheikh Seka Musa Baluku est resté muet (mises à part les gesticulations de l’imam Banza Zakaria (bonge la chuma), les MTM semblent affaiblis, déséquilibrés et dispersés. Les FARDC devraient tirer profit de ses dissensions en accentuant les opérations de traque et de nettoyage du terrain pour diviser davantage, affaiblir les soldats du califat en RDC afin de les neutraliser. Les seuls bombardements ne suffisent pas.
Nicaise Kibel’Bel Oka