RDC. Gouvernement Sama II. Bemba et Kabulo. Des défis (in)surmontables? Jugement aux résultats
(1999. Bain de foule du chairman Jean-Pierre Bemba à Gemena. Photo archives Les Coulisses)
Le gouvernement Sama II affiche complet. Parmi les nouveaux invités à la table de Félix-Antoine Tshisekedi, deux noms auxquels des défis quasi (in)surmontables sont attachés. Il s’agit de Jean-Pierre Bemba Gombo et de Claude-François Kabulo mwana Kabulo. L’un occupe désormais la défense nationale et l’autre le sport national. Deux grands défis qui, à eux seuls, sonnent la vie ou la mort de la nation congolaise. Si la nomination de Claude-François Kabulo, ce journaliste de grands reportages sportifs et des critiques acerbes quand la nation est humiliée, semble un défi personnel, mieux une récompense à la manière de Lucien Tshimpumpu wa Tshimpumpu sous le maréchal Mobutu, celle de Jean-Pierre Bemba révèle d’autres dimensions. Bemba Gombo n’est pas n’importe qui. Il a une histoire faite de haut et de bas, avec des moments d’élévation et de chute. Comment se comporter quand on a été chairman adulé et admiré principalement par Yoweri Museveni ? Comment affronter les défis quand on a géré le tiers de la RDC (d’Imesse à Kanyabayonga) ? Sur quel pied danser quand on a été le seul vrai chef de guerre que la RDC ait connu avec une armée organique équipée en hommes et logistiques ? Quand on a manié différentes sortes d’armes ? Comment procéder quand on s’appelle Jean-Pierre Bemba ?
Ceux qui l’ont connu et côtoyé reconnaissent en lui un chef charismatique doté d’une personnalité forte et d’une vision pour la libération de la RDC. Hier impulsif, aujourd’hui avec l’âge et l’expérience de la prison, Jean-Pierre Bemba assagi, observe plus qu’il ne parle. C’est un homme qui a compris que dans la vie, rien ne sert de courir comme chantait Vadio Mambenga. Le chairman a toujours eu une lecture lucide de l’insécurité dans la partie orientale de la RDC, des tireurs de ficelles à l’interne comme extérieurs, du rôle de deux parrains de la déstabilisation de la RDC, Yoweri Museveni et Paul Kagame mais surtout de leur degré de manipulation de la classe politique congolaise. Le ministère de la défense de la RDC ressemble à un gouffre. Chacun à tous les niveaux possède une machette pour couper l’argent, me disait un de ses prédécesseurs : la corruption et l’égoïsme, les effectifs falsifiés, le détournement des soldes des vivants et des morts. Bref, l’un des ministères où on n’a jamais peur de la justice. Mais il regorge aussi de bien de talents et de génies. Pour gérer un tel ministère avec des personnalités galonnées, il faut prendre le taureau par les cornes, faire preuve de sens critique, de discernement, de finesse et de souplesse d’esprit. Il faut commencer par le commencement, c’est-à-dire le recensement du personnel militaire et civil. Ensuite régler le problème des effectifs surévalués au front et combler le déficit avec des unités organiques. Il n’est un secret pour personne que durant vingt années, la RDC n’a jamais recruté ni construit une seule caserne alors que le pays fait face au défi de sa souveraineté. Jean-Pierre Bemba a du caractère. Mais le caractère sans le cœur et la volonté ne peuvent rien. Sans l’équilibre et sans l’amour du travail bien fait pour la société (le peuple), le caractère n’est rien sinon l’orgueil. Le grand défi visible qu’on peut lire sur le visage de toute la nation reste celui de reconquérir les localités envahies et occupées par le Rwanda. Celui de redonner du sourire à toutes ces populations déplacées depuis l’Ituri jusqu’au Kivu, celui contre l’humiliation de la RDC par le Rwanda et l’Ouganda. Le ministère de la défense nationale n’est pas un ministère de la négociation. C’est le ministère de la guerre. Lorsque le ministre de la défense aura compris, c’est-à-dire identifier correctement tous ces défis, il participera à organiser et construire notre système de défense avec le Commandant suprême. Il pourra alors briguer la présidentielle en 2028 avec le soutien de tout le peuple. Claude-François Kabulo, confrère désormais ministre est mieux placé pour comprendre que la nation (sportive) congolaise a besoin de victoires là où elle traîne l’humiliation. Elle a besoin que la voix des Congolais hurle la main sur le cœur quand résonne l’hymne national dans de grandes compétitions sportives mondiales. Pour le reste, le remaniement est un quadrillage de l’espace politique national pour le deuxième mandat de Félix Tshisekedi. Qui peut lui en vouloir ?
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Nicaise Kibel’Bel Oka