jeudi, décembre 12, 2024
Société

RDC. Isidore Ndaywel, Kagame et la préservation des archives de l’histoire du Rwanda et la RDC

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(Le journaliste Kibel’Bel Oka s’abreuve à la source du monument vivant, le professeur émérite et historien Isidore Ndaywel. Photo Les Coulisses 2023).

Cotonou (Benin). Le président du Rwanda, Paul Kagame s’est exprimé sur les velléités expansionnistes de son régime, arguant qu’une partie du Rwanda (le Kivu) avait été cédée au Congo et que la présence de son armée dans le Rutshuru et Masisi se justifie depuis des années par son souci de récupérer la partie du territoire rwandais donnée à la RDC par les colonisateurs. L’on a observé le silence et l’indifférence coupables de l’Allemagne et la Belgique, deux pays qui ont (re) tracé les frontières coloniales réclamées par Pasteur Bizimungu et Paul Kagame. Coupant court à cette volonté de réécrire l’histoire à leur manière par les autorités rwandaises, le professeur Isidore Ndaywel, dans un exposé magistral, a fait taire tout le monde. En effet, Isidore Ndaywel a démontré qu’en réalité, c’est la RDC qui a le droit de réclamer des terres au Rwanda parce qu’elle les lui avait concédées. Cette polémique créée expressément par Paul Kagame dévoile les vrais objectifs de la déstabilisation de notre pays, partant des guerres livrées à la RDC sur le fallacieux prétexte de la nationalité de la minorité Tutsi. Ce, avec la bénédiction de ceux qui utilisent Kigali pour atteindre leur objectif : balkaniser la RDC pour mieux jouir de ses ressources naturelles dans sa partie orientale. Soit !

Un autre événement (et non de moindre) semble passer inaperçu aux yeux des Congolais : l’introduction dans le programme de l’enseignement aux petits français de l’histoire du génocide rwandais version revue et aliénée. Côté RDC, silence radio. Or, c’est le moment indiqué de revisiter le professeur Isidore Ndaywel afin d’étudier comment revoir le programme scolaire et les manuels de l’histoire du Congo à enseigner aux jeunes congolais. Le jeune congolais a l’obligation de connaître par les textes l’histoire passée et récente de son pays. Profiter du monument vivant qu’est Isidore Ndaywel qui a le double avantage, outre de vivre encore, d’avoir enseigné et d’avoir écrit « L’histoire générale du Congo. De l’héritage ancien à la République Démocratique du Congo » préfacée par Théophile Obenga et postfacée par Pierre Salmon et un autre ouvrage « Nouvelle histoire du Congo. Des origines à la République Démocratique du Congo » préfacé par Elikia Mbokolo avec un avant-propos de Guido Gryseels et récemment une bande dessinée sur ladite histoire. Se familiariser aux archives. Verba volant, scripta manent. Dans la partie orientale de notre pays, la vocation à effacer l’histoire vraie est avérée.

Tenez ! En pleine occupation de la partie orientale du pays par les armées rwandaise et ougandaise, un incendie mystérieux a brûlé les archives du Parquet général de Bukavu (la capitale de l’ancien Kivu). En 1997, les archives de la cité minière et territoire de Watsa furent brûlées tout comme celles du tribunal de paix de Kabondo à Kisangani et celles du territoire de Mambasa. En 2001, les archives du territoire de Beni ont brûlé. Accident de l’histoire ou volonté délibérée de tout effacer ? On assiste à l’assassinant de notre histoire partant de notre existence comme État et nation. Depuis la guerre du RCD (1998), le journal Les Coulisses constitue une bibliothèque vivante sur base de laquelle on peut reconstituer depuis 1998 l’histoire tragique du peuple congolais dans sa partie orientale avec des acteurs nationaux et étrangers. Ce qui explique aussi cette politique d’encourager la création des radios et télévisions au détriment de l’écrit. La conservation des archives de la RDC est constitutionnelle (Loi N°78/013 du 11 juillet 1978 portant régime spécial de protection des documents d’archives). Il en est de même du fichier électoral congolais.

Le 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse, le journaliste Nicaise Kibel’Bel Oka reçut un appel téléphonique d’un ancien Vice-premier ministre de l’Intérieur de la RDC et actuellement député national qui lui dit : « Monsieur le journaliste Kibel’Bel Oka, pose au ministre Patrick Muyaya dont j’apprécie le travail cette question : Qu’attend-il pour te décorer ? Je relis régulièrement tes publications. C’est une mine pour notre pays. Il doit songer à décorer certains grands noms de la presse nationale. »  En effet, le journal Les Coulisses est parmi les rares en RDC à disposer d’autant d’informations documentées avec soin sur l’histoire tragique de la partie orientale de la RDC. Malheureusement, il tend à disparaître.

Les écrits qui retracent l’histoire tragique de notre pays doivent être préservés. Ils constituent les preuves qui permettront un jour que passe la justice pour établir les responsabilités des uns et des autres et permettre aux victimes de connaître la vérité. Pour cela, il faut des preuves. Or, les preuves reposent en grande partie sur les archives. Les archives des opprimés patiemment collectées, les archives de la terreur, les archives de la douleur. C’est faute d’interroger les archives que Kigali recycle ses pions dans les institutions de notre pays. C’est par manque d’archives que les mêmes personnes qui ont massacré pendant l’AFDL ont refait le boulot dans le RCD (toutes versions confondues), dans le CNDP, dans le M 23 en 2012 et aujourd’hui dans le M 23 rénové.  De même que dans l’Ituri. Les archives jouent aussi un rôle préventif essentiel.

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Mathias Ikem

 

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