(Evénementiel. Jaynet Kabila entourée de quelques participants à la conférence à la paroisse Notre Dame de Fatima. Photo Les Coulisses).
Kinshasa. Samedi 22 janvier 2022, la salle de la paroisse Notre Dame de Fatima/Gombe a connu une ambiance spéciale et haute en couleur. Les musulmans de Kinshasa, toutes tendances confondues, ont répondu présents à la conférence-débat animé par le journaliste d’investigation Nicaise Kibel’Bel Oka. Chiites, Sunnites/Wahhabites et autres Salafistes ont suivi religieusement l’exposé portant sur le sous thème : « Islam, islamisme et terrorisme à l’est de la RDC. Comprendre les divergences et convergences » dans la continuation du grand thème « Conscience nationale et Éveil patriotique »
Nicaise Kibel’Bel Oka a ensuite abordé la distinction lexicale entre Islam et islamisme– Islam et islamisme diffèrent dans leur nature et par les objectifs de leurs partisans. L’islam est une religion et les islamismes sont des idéologies politiques. Les islamistes adhèrent aux principes islamistes, c’est-à-dire à la mise en application des règles politiques contenues dans l’islam. Leur but est de renforcer l’Oumma. Le suffixe –isme imputé à islam, indique la revendication politique des préceptes présents dans le Coran. Pour le projet de construction politique : l’État islamique qui doit englober toute la société, ses lois, ses principes économiques, ses individus. L’islamisme présente donc un aspect totalisant, à la fois politique et social. Le pouvoir islamiste assure sa prédominance sur la société musulmane, à travers trois types d’islamismes différents. L’activisme politique d’abord, l’activisme missionnaire ensuite, et la troisième voie : l’activisme violent et terroriste, appelé également djihâdisme. Cela correspond à trois types d’acteurs ; les mouvements islamiques politiques : al-harakât alislamiyya al-siyassiyya, les missions islamiques de conversion : al-da’wa et la lutte armée islamique : aljihad. Certains mouvements islamistes peuvent appartenir aux trois types d’islamismes. C’est le cas notamment de la nébuleuse des Frères musulmans, des Tabliq devenus MTM. Le point commun de ces trois courants est d’imposer une idéologie tirée de l’islam ; soit en créant un État islamique, soit en renforçant l’ordre moral de la communauté, soit en suscitant une guerre religieuse contre les Infidèles. Soulignant le fait que tout musulman n’est pas islamiste (mais que les islamistes sont des musulmans), le conférencier a brossé le tableau de la violence qui a fait des MTM et Al Sunnah des filiales de l’État islamique en Afrique centrale (IS-CAP). Images vidéo à l’appui, ce sujet très sensible a enflammé l’auditoire dans un débat houleux, à travers de questions des théologiens et réponses du journaliste étayées par des exemples et faits. La présidente de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila, l’honorable Jaynet Kabila a recadré le débat soulignant l’importance qu’accorde la Fondation dans l’éveil de conscience des Congolais pour ramener la paix notamment à l’est. Cheikh Abdallah Mangala est intervenu pour rappeler aux musulmans : « Le journaliste Kibel’Bel Oka présente les résultats de ses recherches avec des images des personnes qui se réclament de l’islam et qui égorgent au nom de notre religion. Quel comportement le musulman doit adopter face à ce phénomène ? » Photos de famille, accolades, échanges d’adresses, l’Oumma présente a exhorté la Fondation LDK à continuer avec ce genre de conférences pour une prise de conscience des faits sociaux qui se passent en RDC et dans la région des Grands Lacs.
Mathias Ikem