lundi, octobre 14, 2024
Société

RDC. Kalehe. Des morts et de destruction méchantes après la pluie. La nature ne cesse de se venger

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(Kalehe. Entre  les grosses pierres, la boue et les eaux, des habitants fuyant la catastrophe. Photo tiers)

« J’obscurcirai la terre en plein jour. Je changerai vos fêtes en deuil et vos chants en larmes ». La RDC est en deuil. Le Chef de l’État a décrété un deuil national lundi 8 mai 2023 en mémoire des victimes de Kalehe. Ces paroles de la Bible s’appliquent malheureusement à ce que vivent depuis le jeudi 4 mai 2023 les habitants du territoire de Kalehe dans le Sud-Kivu. Une pluie torrentielle accompagnée de la boue et des pierres a emballé habitations, kiosques et des vies humaines. Au total, plus de 400 personnes mortes, des disparues, des corps en putréfaction et des glissements de terrain, des dégâts matériels importants. Inondations et destructions, à Kalehe, même les ruines ont péri. Demain, il faut craindre les maladies. Presque tous les groupements du territoire de Kalehe ont été touchés par cette catastrophe naturelle. Des corps sont ramassés pour ceux qui ont encore un peu de chance d’être découverts pour être enterrés, d’autres sont enfouis dans de la boue qu’il faut enlever avec les moyens de bord. Les groupements de Mbingasi nord et sud, celui de Zirato et celui de Buzi, rien n’a été épargné. Sur des visages, au milieu des pleurs et des cris d’impuissance, on peut lire le désarroi, la détresse et même la révolte. Des corps ensevelis sont retirés de la boue à Nyamukubi, au village de Bushushu sur l’axe Chabondo-Kabushungu, groupement de Mbingasi sud. D’autres corps sont ramassés sur l’axe Nyabibwe toujours en groupement Mbinga nord, à Budondo/Minova (groupement Buzi), sur l’axe Mashango/Nyaligusha en groupement Zirato. Il faut tenir fort devant le spectacle de l’horreur humaine provoquée par la colère des eaux du lac Kivu et le glissement des terres de la montagne se déversant sur les habitations. Pour le cas présent, il y a eu augmentation de niveau des eaux du lac Kivu qui ont débordé sur les rivières Lukungila, Chisova et Nyamukubi. Et dame la pluie s’est jointe à la danse. Ce paysage dévastateur se gavera pendant longtemps dans les consciences des rescapés survivants. Les recherches se poursuivent jusqu’à ce jour pour découvrir d’autres corps. Ces inondations mortelles ne sont pas un fait nouveau. Quand s’annonce la pluie, les habitations construites sur des escarpements ou des collines ou sur le lit majeur du lac résistent à peine. La pluie s’annonce comme un signe indien. A Rutshuru, mercredi 10 mai 2023, des maisons, centre de santé et des écoles ont été emportés par une pluie diluvienne. Dans le territoire de Lubero, on a noté aussi des glissements de terre suite à dame la pluie. Lorsqu’on visite la ville d’Uvira, l’on est surpris du spectacle des habitations longeant la rivière qui, en période de fortes pluies, cause des dégâts humains et matériels mortels. A travers les eaux du lac Tanganyika, la nature se venge. Tout le monde est unanime qu’il faut délocaliser les rescapés et les reloger dans des sites appropriés. Les ministres Patrick Muyaya et son collègue Guy Loando de l’Aménagement du territoire ont annoncé la mise en place d’une commission pour évaluer les dégâts humains et matériels et y apporter tant soit peu des solutions. Mais, il faut d’abord que ceux qui côtoient les dangers puissent en prendre conscience et accepter la délocalisation et le déménagement. Sinon, on continuera de vivre des drames à chaque pluie. Rivière Makelele et Kalamu à Kinshasa et autres rivières ailleurs à travers le pays. Parfois par la faute de la nature, mais souvent par notre faute. Des secours, oui, on en a besoin. Le gouverneur du Sud-Kivu, Téo Ngwabidje s’y est rendu avec de l’aide. Le gouvernement central a dépêché une délégation pour cela. Mais ça ne suffit pas. Nous aurons beau chercher des boucs émissaires, des sorciers en nous attaquant au gouvernement, peine perdue. Quand la catastrophe est naturelle comme le tsunami, elle appartient aux dieux et donc dépasse les humains. Un mythe mésopotamien attribue les causes des inondations à la colère des dieux suite à la provocation de l’homme. En voici : « Quand l’homme prolifère, son vacarme devient insupportable aux dieux qui finissent par décider de réduire le nombre d’individus grâce à la famine et à la maladie. Mais cela ne suffit pas, et le roi de dieux, Enhil (Yahvé), décide de noyer tous les humains en recouvrant les terres d’eau. » Aujourd’hui, avec la destruction de la nature, les humains, nous sommes des morts en sursis.

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Mathias Ikem

 

 

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