(La tête du kamikaze récupérée par les services. Photo tiers)
Kagubhithi Abdallah alias Abdoulay Moustapha, d’origine ougandaise, serait le kamikaze qui a fait exploser la ceinture qu’il portait le 25 décembre 2021 à Beni. L’incident meurtrier s’est passé au bar In Box. Le peu que l’on sait de lui, il aurait séjourné 5 ans au Soudan où il a appris le maniement des armes et des explosifs. Il appartiendrait à un réseau de combattants kamikaze rompu dans le maniement des explosifs. Ce soir-là de la nativité, ils étaient en groupe, selon une source fiable. Les autres membres du groupe surveillaient l’infortuné kamikaze Kagubhithi Abdallah et le soutenaient afin qu’il accomplisse l’acte de purification en actionnant sa ceinture. Les attentats suicide à la bombe remet sur la scène la difficile définition du combattant incluant le degré de participation au combat. Le journaliste Nicaise Kibel’Bel Oka l’avait signalé lors du vernissage de son livre à Beni « Le jihad en RDC. Un terrorisme islamiste ADF mal connu » en 2016 devant les invités dont la 3ème Zone de défense, la Cour militaire opérationnelle et Nyonyi Bwanakawa, le maire de la ville. La participation directe au combat représente une infime portion dans le système de gestion et l’articulation des structures des moudjahidines de la cité sainte de Madina (MTM). Ils opèrent en réseaux, en cellules dormantes et actives. Ce qui doit logiquement pousser notre armée, les FARDC, à reconsidérer la définition du verbe « se battre » et du substantif « combattant ». Car, telle que perçue dans la plupart des armées classiques, la définition traditionnelle du verbe « se battre » ne permet pas d’inclure l’ensemble de réseaux actifs et dormants dont se sert la nébuleuse Madina at Tauwheed Wal Muwahedeen (MTM), filiale de l’État islamique dans la Province Afrique Centrale (IS-CAP). A l’heure de la guerre asymétrique, le soldat du califat (combattant MTM) le plus meurtrier peut ne pas se trouver au fin fond de la forêt du Ruwenzori et directement au contact avec les FARDC. Autrement, il n’y aurait pas d’embuscades sur des convois de véhicules ni d’attaques contre les populations civiles sans défense. Bien plus, les imams Ali Amin Ousman et Djamal ne seraient jamais assassinés dans des mosquées. La nébuleuse terroriste islamiste est un orchestre à plusieurs instruments. On y compte les recruteurs, les motards et voituriers transporteurs des recrues, les bradeurs de monnaie, les poseurs d’engins explosifs improvisés, les démobilisateurs et déstabilisateurs des troupes FARDC au front à travers des messages sur les réseaux sociaux, les experts qui pompent des rapports sur les violations de droit de l’homme au front, les prêcheurs du jihad armé (équivalents moralement en termes d’efficacité militaire) à « se battre » et aux « combattants ». Les massacres de Mbelu/Rwangoma exécutés avec une cruauté inouïe par l’IGD en août 2016 ont montré que la participation directe au combat n’est pas la seule grille de lecture et de compréhension du terrorisme islamiste et ne devrait plus dédouaner les autres propagandistes, espions, agents doubles qu’on nomme « employés civils locaux ». Ce qui devrait naturellement pousser la MONUSCO à reconsidérer sa perception de la guerre en RDC. Malheureusement, les colporteurs et tireurs de ficelles au service de l’ennemi continuent toujours à narguer la justice militaire congolaise et l’État. On l’a vu le 25 décembre 2021. Aussitôt l’attentat commis, les paranoïaques, dans leur obsession maladive à nuire aux FARDC ont fait porter la responsabilité de l’attentat aux FARDC et (dans une moindre mesure) à la MONUSCO. Pour les populistes, ce sont des gardes corps des officiers FARDC qui auraient actionné la bombe. Toute honte bue, avant même que les larmes de crocodile ne sèchent, versatiles dans leurs positions au gré des intérêts mercantiles, ils n’ont apporté aucune preuve des faits allégués. La RDC fait face à un terrorisme islamiste soutenu par des milices locales et les opérateurs de violence bien connus. La bêtise prend souvent le visage de l’intolérance lors que la haine habite en la personne qui la porte. Elle ne va jamais sans petitesse d’esprit. Qui dit mieux !
Nicaise Kibel’Bel Oka