Rwanda. Que cache la nomination du très controversé James Kabarebe à la coopération rwandaise ?
(James Kabarebe (en tenue militaire) et Paul Kagame (en costume). Les deux compagnons de lutte inséparables. Photo tiers).
James Kabarebe, 64 ans, a été nommé ministre d’État aux Affaires étrangères en charge de la Coopération régionale le 27 septembre 2023. Un mois avant, soit le 30 août 2023, douze généraux de la Rwanda Defence Force dont James Kabarebe avaient été mis à la retraite (REF : RDF/MPRA/10/23).
Même génération et compagnon de lutte, il fait partie du cercle des officiers de la première heure dans l’attaque du Rwanda en 1990. Attaque qui est à la base de tout le malheur que connaît la RDC dans sa partie orientale. Il a évolué dans l’ombre de Paul Kagame comme aide de camp avant de devenir Chef d’état-major général de l’armée patriotique rwandaise (APR). James Kabarebe n’est pas n’importe qui dans le drame rwandais et dans son prolongement, celui du peuple congolais.
Ainsi déclarait à l’époque à notre Rédaction une source qui connaît mieux les pratiques de Paul Kagame : « Cette mise à la retraite est une stratégie pour préparer quelque chose à laquelle il va faire recours à ces retraités. » ça a été un trompe-l’œil.
La question est simple : Pourquoi seulement James Kabarebe et pourquoi seulement à ce moment ? Une certaine opinion se demande si le moment s’y prête vraiment pour James Kabarebe d’occuper ce poste.
Personnage controversé, James Kabarebe rivalise de Paul Kagame dans les accusations de graves crimes contre les populations congolaises et dans la tragédie rwandaise. James Kabarebe est accusé avec preuves à l’appui par ceux qui voient et ceux qui souffrent de la cécité politique d’être le bras droit du Rwanda dans le soutien à toutes les rébellions pro Kigali depuis l’AFDL jusqu’au M 23. Serait-ce une façon de sacrifier celui qui fait de fois de l’ombre à son maître ?
Certains observateurs pensent que la nomination de James Kabarebe servirait à combler la faille diplomatique du Rwanda dans les réunions de organisations sous régionales (EAC, CIRGL et CPEGL). Dans toutes ses réunions, le Rwanda est mis au banc des accusés sans avoir des arguments solides pour se défendre. La ligne offensive/défensive sur de prétendues attaques des FDLR contre le Rwanda ne convainc plus personne. Moins encore présentant la rébellion du M 23 comme une affaire congolaise. Paul Kagame peut-il prendre un risque gratuitement ?
Pour d’autres, James Kabarebe revient sur la scène politique pour donner une nouvelle impulsion à la rébellion du M 23. Quand James Kabarebe fait parler de lui, c’est souvent pour restructurer les rébellions pro Kigali afin de négocier avec Kinshasa. En 2003, James Kabarebe avait effacé Adolphe Onusumba au profit d’Azarias Ruberwa avant de le fragiliser à travers e duo Mutebushi-Nkunda. En 2008, il avait été utilisé pour destituer et déposséder Laurent NKunda du CNDP. Il le remplaçait par Bosco Ntaganda après avoir négocié le mixage avec John Numbi. Il divisait ainsi les Tutsi de Jomba (Rutshuru) et les Bagogowe (Tutsi de Masisi).
Aujourd’hui, Paul Kagame lui fait porter le costume de diplomate qui lui permettrait de sillonner les capitales régionales jouant ainsi le rôle caché de conseiller militaire des rebelles du M 23. Cette immunité diplomatique serait comme un sésame pour renforcer stratégiquement les rebelles du M 23. Paul Kagame pose là un geste calculateur.
Enfin, il devra siéger aux côtés de ses homologues de la région y compris celui de la RDC. Comment réagit alors la RDC ? Une certaine opinion pense que les autorités congolaises devraient mener une campagne forte pour l’inculpation de James Kabarebe au regard de son rôle dans la déstabilisation de la RDC. Car, dit-on, il est commandant de facto du M 23 accusé de viol et autres atrocités contre les populations congolaises.
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Mathias Ikem