Sukola I. le jour où Mbusa Nyamwisi changea le visage de la guerre en y impliquant le gén. Mundos

(Kinshasa. Le député Yotama remet une copie de son « Rapport » des massacres à Mbusa Nyamwisi. Photo tiers. Photo 2.Le général Mundos en pleine opération au front Parking)

Les massacres de la population civile dans Beni avaient pris de l’ampleur le 15 octobre 2014 sur fonds de redevance coutumière entre deux cousins, Mbonguma Kitobi et Posombili Bambutsi. Durant une semaine, la sale besogne continua à Vemba, Ngadi et alentours sans aucun soupçon.

9 jours après Kadoghu (31 personnes tuées) et 4 jours après Vemba (66 personnes tuées), le 24 octobre 2014 sur les ondes de Rfi, à la surprise générale, Antipas Mbusa Nyamwisi, de son lieu d’exil doré, livre l’identité des massacreurs : « J’étais

au courant une semaine avant. Ne cherchez pas qui tue la population. Le général Mundos est à la fois commandant des ADF et commandant des FARDC. » Ce qui allait donner définitivement un tournant décisif dans la guerre contre les jihadistes MTM. Les déclarations de Mbusa Nyamwisi, ancien chef rebelle, leader communautaire et ancien ministre des Affaires étrangères de Joseph Kabila, changeront le visage de la guerre. A cette époque, les ADF/MTM traqués se retrouvent face à deux ennemis, la puissance de feu des FARDC et la famine. Les FARDC ayant occupé leurs campements et coupé leur ravitaillement. Les opérations Sukola I mettent en péril l’existence de l’ennemi coalisé : ADF et alliés. Car, attaquer Mayangose, passage obligé entre Mwalika (grenier et réserve en ravitaillement) et Madina, QG des ADF/MTM mais aussi sanctuaire des milices locales dont celle de Mbonguma Kitobi, c’était un pari risqué dans la mesure où cela asphyxiait tous les bénéficiaires de l’insécurité. En déployant les militaires à Mayangose, champ d’entraînement des groupes armés locaux (cfr attaques de Nyaleke, Ozacaf, le domicile familial du maire Bwanakawa Nyonyi), le commandement des opérations Sukola I venait de déclencher les hostilités avec certains notables et hommes politiques du milieu, entrepreneurs de la violence.

Mbusa Nyamwisi brouille l’identité de l’ennemi

Coincé par ces deux ennemis, la branche politique des ADF/MTM va chercher une bouffée d’oxygène à travers les médias, l’intoxication et la désinformation. La branche politique des ADF/MTM fonctionnera désormais avec le mot d’ordre de Mbusa Nyamwisi qui créa la diversion au niveau des FARDC et la confusion au sein de la population. Les ADF/MTM ont eu leur appui par ce qu’on nomme « dissipation stratégique » du RCD/K-ML à travers la déclaration de son président. L’on comprend bien que les massacres qui vont discréditer les FARDC et les couper du soutien de la population sont l’objet d’une vaste opération préparée conjointement par les acteurs locaux et les ADF, exécutée avant par les acteurs locaux. Les efforts vont être dispersés, ajouter à la confusion et semer la panique. Les observateurs avertis savaient bien qu’au milieu de tout, si on ne réglait pas le problème de Mayangose, on ne réglait pas une grande partie du problème. Le problème de Mayangose a été créé et porté par le RCD/K-ML. Les articles de la presse internationale, ne maîtrisant pas les réalités du terrain, ne présentaient qu’un groupe armé formellement identifié « ADF, rebelles ougandais » qui opérait dans la région. Cela a donné crédit à ceux qui, doutant de l’action des ADF, ont accusé les FARDC, le général Mundos et Joseph Kabila.

Le Kighanda yira de Prosper Nyamwesa, sorte de Gaçaça, gérait la confusion et la manipulation. Kisofele Paluku à qui on donna le nom (rwandais) de Sebitaga Rupaya se présentait comme « coordonnateur des massacres ». Or quand les massacres commencent, Paluku Kisofele est en prison pour viol. Après avoir constaté l’échec de la mission confiée à Mbonguma Kitobi contre le général Muhindo Mundos, le Kighanda Yira passe au plan B et monte Oscar Lusenge, un maï-maï sans foi ni loi qui avait tué des gardes parcs à Tshiavirumu, puis à Tembo Kalimuli et autres qui seront récompensés en étant élus députés.

Mbusa Nyamwisi rencontre le gén. Mundos loin des caméras

Conscience chargée ? On ne saurait le dire. En février 2021, soit 7 ans après alors que les massacres de (ses) frères et sœurs continuent, Mbusa Nyamwisi se résout discrètement à rencontrer le général Mundos et à lui présenter des excuses pour l’avoir cité abusivement comme auteur des massacres. La rencontre a lieu dans un restaurant huppé de Kinshasa. Mbusa Nyamwisi cherche à se réconcilier avec l’assassin de ses frères et sœurs.  A-t-il été visité par le Saint Esprit ? A l’issu de la rencontre, il  est convenu que Mbusa Nyamwisi fasse une déclaration publique où il reconnaît s’être trompé ou sa bonne foi aurait été abusée. Jusqu’à ce 7ème anniversaire, silence radio. Dans l’entre-temps, se basant sur des rapports non soumis à la rigueur de l’objectivité, indexant le général Mundos comme auteur des massacres, les Nations-unies continuent comme des robots à reconduire des sanctions contre Muhindo Mundos. L’insécurité et la violence dans le Grand Nord répondent à des dynamiques multiples dont les MTM ne sont qu’une des facettes.

Hier à Kinshasa, la communauté à laquelle il appartient a commémoré ce 7ème douloureux anniversaire sans lui. Qui osera demander des comptes à Mbusa Nyamwisi ? Dieu seul sait.

La Rédaction/Les Coulisses

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