Tensions entre la France et certains pays du Sahel. Qu’en pense le Français moyen ?

Mali, Centrafrique, Burkina Faso… La présence des troupes françaises est mal perçue par les populations (africaines) de certains pays. Elles considèrent que les opérations menées par l’armée française ont montré leurs limites et que l’heure est venue pour la France de se désengager du front et de quitter leurs pays. A la base de ce désaccord, le résultat mitigé de son intervention militaire. Or, pour peu qu’on s’en souvienne, du 26 au 28 novembre 1998, le président Chirac invita à Paris un sommet franco-africain autour du thème accrocheur et crucial : la sécurité. Parce que le besoin de la sécurité des personnes et des communautés, des peuples est criant en Afrique. Ce besoin a été légué à la France ou la France se l’est accaparé. Pour des raisons diverses. Certains sont allés jusqu’à dire que l’Afrique est pour la France sa profondeur stratégique, le socle de sa grandeur et le carburant de sa puissance. La France, pour paraître grande, s’était assise sur les épaules de l’Afrique, avait déclaré un ambassadeur américain.

Des déclarations de (bonne) intention ont été entendues à chaque fois qu’un nouveau Chef d’État accédait au pouvoir à Paris sur la fin de la France-Afrique mais l’on s’est aperçu que c’était plus de la poudre aux yeux. Tous étaient rattrapés par les réalités géostratégiques du terrain. En 1997, le parti socialiste avait même inscrit dans son programme électoral la fin du dispositif Epervier. Que pensent les Français dans leur ensemble sur ce rejet de leur armée en Afrique ? Curieusement, personne ne présente l’échantillon de Français qui s’expriment sur le dossier. Surtout pas les journalistes qui ont levé l’option de ne s’adresser qu’aux Africains. Qui parle à la place du peuple français ? Des journalistes et des spécialistes de l’Afrique ?

Ce qui choque dans ce bras de fer, c’est la façon de communiquer de certains médias français. Journal télévisé ou radiodiffusé, jamais l’on ne présente le point de vue du Français moyen sur la présence de son armée en Afrique. Pas de micro baladeurs dans les régions de la France. On peut brûler le drapeau français, cela ne les concerne pas. Aucune réaction même dans les partis politiques d’extrême droite. L’on se pose même la question sur ce que le Français moyen sait de ce qui se passe sur le continent africain. Sur la SMP Wagner. On s’interroge sur les nouvelles méthodes de communication qui excluent les concernés, les Français. Le langage adopté par certaines chaînes de télévision consiste à présenter quelques voix des Africains triés sur le tas et d’engager un débat sur le pour ou le contre des décisions prises par certains Chefs d’État africains avec en filigrane la SMP Wagner. On aurait souhaité que ces médias balancent aussi le point de vue des Français sur la présence de leur armée sur le continent. Le débat sur la FrançAfrique comme sur le désengagement des troupes françaises est réservé à des experts, chercheurs et spécialistes de l’Afrique (s’ils ne sont pas Européens, c’est des Africains qui viennent s’exprimer). Sur ce que pensent les Français sur la façon pestiférée dont on traite leur armée, c’est un mur opaque faisant croire que le peuple français est ignorant, ignorant de l’image qu’on présente de son armée. Il n’y a pas de sentiment anti français mais un rejet de la politique de défense de la France en Afrique. Comment vendre la coopération militaire française (pas aux dirigeants africains) aux peuples africains sinon par une évaluation sur le passé, la nécessité d’une mutation radicale ? Attribuer la responsabilité du marasme aux seuls Africains seraient ne pas comprendre les mécanismes et les jeux d’influences étrangères qui ont contribué à ruiner l’équilibre social et économique de l’Afrique noire. Les Cas du Tchad, de la Libye et même de la Centrafrique où le Rwanda fait le job de la France sont éloquents. La stratégie adoptée consistant à discréditer la SMP Wagner est contre-productive. C’est devenu une obsession maladive entendue dans tous les journaux télévisés (Journal Afrique). Il ne suffit pas de diaboliser Wagner pour faire pencher la balance. Si les populations de ces pays crient vers la Russie, cela ne signifie pas qu’elles ne savent pas analyser les points forts et faibles mais là où la France refuse de voir la réalité en face, la Russie semble être l’alternative momentanée, la solution à leurs problèmes. Car, faute de viande, le peule se contente des crevettes. Le malaise provoqué par l’attitude des autorités françaises va davantage croître. Notamment en République démocratique du Congo. La France soutient militairement l’armée rwandaise (RDF) qui se bat pour son compte protégeant ainsi des blocs gaziers au Nord du Mozambique contre les islamistes d’Al Sunnah. La France forme la brigade de montagne de l’armée ougandaise (UPDF) pour protéger l’exploitation du pétrole du lac Albert à la frontière entre la RDC et l’Ouganda. Or, la France officielle ne reconnaît pas la RDC comme faisant partie de la province Afrique centrale de l’État islamique (IS-CAP). Peut-on alors se poser la question : « Pourquoi la France ne le fait pas pour la RDC alors qu’elle sait que les deux pays voisins déstabilisent l’est du Congo ? »

L’Afrique s’offre et s’ouvre à la concurrence, malheur aux pleurnichards.

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Mathias Ikem

 

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