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Géopolitique des Grands Lacs. Tshisekedi réussira-t-il à opposer Museveni à Kagame pour le retour de la paix au Congo ?

(Entebbe State house. Le président Museveni s’entretient en avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi. Photo tiers).

« Si vous voulez épargner votre enfant du sort maléfique, confiez sa garde au sorcier », dit un adage populaire. Félix Tshisekedi a rendu visite au président Museveni de l’Ouganda mercredi 30 octobre 2024. Les deux Chefs d’État ont naturellement parlé politique et sécurité. Ils ont évalué les opérations conjointes FARDC-UPDF contre les islamistes MTM mais également ont abordé l’occupation par la Rwanda Defence Force’s d’une partie du territoire congolais.

Que peut-on attendre d’une telle rencontre aux accents géostratégiques ?

Primo. De la nécessité pour le Congo de parler à l’Ouganda. L’on peut tout dire sauf si on ne comprend pas la géopolitique de la région. Le président Museveni joue un rôle plus qu’importante dans la déstabilisation de la RDC. Sur ce point, aux dires des observateurs avertis, il est pire que Paul Kagame.

Et donc, faire croire à l’opinion nationale et internationale que Luanda peut réussir sans la bonne foi de Museveni serait une erreur monumentale. Museveni est la solution finale.

Il faut rappeler que sans l’appui en hommes et en logistique de l’armée ougandaise (Uganda People Defence Force, en sigle UPDF), les agglomérations de Bunagana et Rwindi ne seraient pas tombées dans les mains de la RDF. Le rôle voilé de Museveni dans la crise du Congo oblige à lui parler.

Secundo. Museveni est à la fois grand frère et parrain politique de Paul Kagame avec l’aide de qui le FPR a pris le pouvoir à Kigali. Bien plus, il s’est inscrit dans le plan de Kagame de déstabiliser l’est du Congo à travers la création des rébellions à consonance mono-ethnique. Le M23 défait en 2013, il se scinde ne deux groupes. C’est du territoire ougandais que partent à partir de 2016 les rebelles du M23 positionnés comme réfugiés en Ouganda pour Rutshuru afin d’attaquer à nouveau le Congo.

Tertio, Museveni soutient la politique d’affaiblissement de la RDC par l’intégration des mutins Randophones dans les institutions. L’on imagine qu’il aurait proposé à Félix Tshisekedi de trouver une solution politique au problème du M23 en les intégrant dans les institutions.

Ce qui est plus important pour la RDC, c’est la réponse pratique à donner à cette énième demande de Museveni. Sur ce point, la suite des événements en dira plus.

L’incontournable Museveni fait de l’ombre au président angolais

Le président Museveni joue à peu des choses près le même rôle que la Turquie dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie et dans ses relations avec l’Iran. Le président turc est l’interface entre l’OTAN et la Russie et il est accepté comme tel.

Kaguta Museveni est avec la RDC sur le front des terroristes islamistes MTM, d’une part, et, d’autre part, il soutient la démarche du Rwanda contre le Congo. Et donc, il reste un interlocuteur important pour la paix et/ou la déstabilisation de la région. Le président Museveni n’a jamais caché sa volonté de considérer l’est du Congo comme un marché d’affaires pour son pays. En le suivant de près, il n’est pas d’accord avec la Feuille de Luanda.

Quel comportement adopté face à celui qui souffle le chaud et le froid ? Quel genre de pression exercer sur lui ? Mettre fin à la mutualisation des opérations militaires ou lui demander de reprendre la modernisation des axes routiers Kasindi-Beni et Bunagana-Goma ? Entreprendre avec TotalÉnergies, la RDC et l’Ouganda l’exploration-exploitation du pétrole du lac Albert ?

Il faut cyniquement pousser Kampala à un bras de fer avec Kigali pour une paix au Congo. En avons-nous l’expertise ?

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La Rédaction Les Coulisses

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