Mozambique. Avec le soutien de l’UE, Les soldats rwandais imposent la force dans les rues de Maputo après le départ de la SADC
(Les troupes rwandaises (RDF) au Mozambique. Photo tiers).
La SADC a retiré ses troupes et son personnel militaire du Mozambique après le 16 juillet 2024 laissant le terrain aux seuls soldats du contingent de la Rwanda Defence Force’s (RDF). Cela est consécutif à la décision prise à l’issue du 33ème sommet des Chefs d’État de la SADC en juin 2023 qui avait prolongé le mandat de la mission au Mozambique pour une année jusqu’au 16 juillet 2024 sans renouvellement. Cette décision de retrait de la mission de la SADC marque aussi le désaccord entre le gouvernement du Mozambique soutenu et appuyé par l’Union européenne et les États de la SADC. Selon les mauvaises langues, à l’approche de l’élection présidentielle, le Rwanda aurait influencé le président Nyusi à chasser tous les contingents SADC qui étaient déployés dans ce pays pour combattre les jihadistes. Et donc, deux mois avant les élections, la Mission de la SADC a été sommée de plier bagages.
Les Rwandais, restés seuls maîtres au Mozambique, y ont déployé une Brigade supplémentaire pour parer au vide laissé par les contingent SADC.
La mission de la SADC est venue à l’appui des forces armées du Mozambique après l’attaque et l’occupation de la ville côtière de Palma qui a un immense projet offshore gazier au large du Mozambique exploité par Total Enegies. Ce qui mettait ainsi en péril l’exploitation du gaz dans la province. Les islamistes d’Ahlu Sunnah Wa-Jamâ ( Ceux qui adhérent à la tradition du Prophète) se sont emparés de la ville de Mocimboa de Praia où sont basés des employés de Total en août 2020, située à 80 kilomètres au sud de Palma. Ce groupe allié aux ADF/ MTM a fait allégeance à DAECH faisant du Mozambique et de la République démocratique du Congo, la Province Afrique Centrale de l’État Islamiste (IS-CAP). Le conflit a pris une tournure dramatique lorsque le gouvernement mozambicain, sur conseil de la France appuyée par l’Union européenne, a fait appel à l’armée rwandaise pour combattre l’insurrection djihadiste dans le nord. Bien accueillie au départ, cette intervention a rapidement suscité des soupçons, notamment sur des accords économiques secrets entre Kigali et Maputo. Ce qui a eu comme effet une la méfiance renforcée envers le président Filipe Nyusi.
La France fait appel au sous-traitant Rwanda (RDF)
Le 23 mars 2020, l’attaque de la ville de Palma, ou le groupe Total avait installé son projet gazier, provoque le retrait de tous les investisseurs étrangers du nord du pays. Les Français conditionnent leur retour sur leur base d’Afungi, où ils ont investi plus de 20 milliards de dollars, par une garantie de sécurité de 25 km autour de son installation par le Mozambique.
Le 30 avril, une délégation française se rend à Maputo. Les 17 mai et 18 mai, le président Filipe Nyusi est à Paris pour rencontrer le président Macron ainsi que le patron de Total.
Le Mozambique constitue la rive ouest d’un canal du Mozambique dont l’île de Madagascar représente la rive est. C’est dans ce canal que se trouvent les gisements de gaz qui en font un site stratégique mais aussi un lieu de passage des pétroliers et autres navires venant d’Asie et d’Arabie à destination des Amériques et de l’Europe. Dans ce cadre, la sécurisation du canal du Mozambique est un élément particulièrement important et géostratégique. Malgré la réticence du gouvernement mozambicain à accepter la présence des troupes étrangères sur son sol, un gouvernement qui est déjà très endetté, les autorités françaises imposent leur diktat. Aux côtés de Total, comme avec le pétrole du lac Albert, il y a China National Petroleum Corporation et…ExxonMobil.
La France doit louer soit des mercenaires soit une force étrangère pour sécuriser la région. Conseillée par les États-Unis et appuyée par l’Union européenne, elle fait appel au Rwanda pour sous-traiter la sécurité des investissements de Total. Début mai, une trentaine d’officiers supérieurs de la RDF (Armée rwandaise) se rendent dans la province de Cabo Delgado. L’Union européenne est partagée entre l’aide financière accordée au Rwanda et les crimes perpétrés sur place. Mais, le business prend toujours le dessus.
Le Rwanda fait d’une pierre deux coups au Mozambique
(Les soldats rwandais matent la manifestation dans les rues de Maputo. Photo tiers).
Une fois déployés au Mozambique en 2021, le contingent rwandais fait d’une pierre deux coups. Leurs officiers de renseignement se sont mis à localiser les réfugiés Hutu rwandais qui avaient fui le Rwanda en 1994 après la mort du président Habyarimana. Le premier dans le viseur est un homme d’affaires rwandais, Revocant Karemangingo (49 ans), accusé par Kigali de soutenir financièrement les FDLR. Il est tué en pleine rue de Maputo. Comme il fallait s’y attendre, presque tous les opérateurs économiques Hutu rwandais, les cadres politiques assimilés aux FDLR ont été neutralisés un en un. Les ONG droits de l’homme notamment Human rights watch avaient fait de simples communiqués sans stopper un seul instant la démarche des services de Paul Kagame. Tour à tour James Kabarebe et Paul Kagame se rendront au Mozammbique.
Lors de la proclamation des résultats, l’intervention controversée des soldats rwandais accusés d’utiliser la force disproportionnée pour mater la population qui conteste les résultats des élections a aggravé la situation. Les accusations contre les soldats rwandais se sont multipliées, avec des témoignages d’abus, d’intimidations et de pillages dans les régions touchées. Ces agissements ont déclenché une vague de manifestations dans tout le pays, alimentant une colère populaire qui s’est rapidement transformée en rébellion ouverte contre le gouvernement. Depuis, le contingent rwandais est désavoué par les Mozambicains qui ne jurent que par son départ sans conditions. Cette tragédie africaine dévoile des tensions politiques, des alliances économiques opaques et une population en colère, déterminée à reprendre son avenir en main.
Pour rappel, le Mozambique est un État multiconfessionnel avec 60% de chrétiens, 20% de musulmans, 15 % d’animistes. Les musulmans sont concentrés dans la province de Cabo Delgado (58% d’Ansar al-Sunnah), qui connaît un fort taux de chômage et un sous-développement économique.
La France de Macron a fait du Rwanda un allié sûr pour sa sécurité loin de l’Hexagone. Voilà pourquoi l’Union européenne n’hésite pas de financer les opérations menées par la Rwannda Defence Force’s (RDF) et l’Uganda people Defence Force’s (UPDF). C’est cette France qui demande à la RDC de bien gérer ses frontières. Les États n’ayant pas d’amis, uniquement des intérêts. Partout il y a Total, il y a des intérêts français même en Angola. La RDC devrait le savoir.
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La Rédaction Les Coulisses
