(Bunia. La Première ministre Judith Suminwa répond aux préoccupations de la presse locale à l’aéroport. Photo tiers).
Judith Suminwa, la Première ministre de la RDC a foulé le sol de Goma vendredi 22 novembre 2024 vers 14 heures. Au-delà de l’accueil protocolaire, une foule immense des jeunes bien encadrés, portant des t-shirt de très bonne qualité et brandissant des pancartes, le tout avec mention « Stop. Non à l’état de siège » longeait la rue. Ces jeunes-là, avenir du Congo, ne cachaient pas leur dégoût du militaire dans une région où pullulent les groupes armés.
Sur les mêmes t-shirt, ils avaient écrit : « Le rôle des militaires, c’est dans la sécurité de la population et non la tuer ». Levée des boucliers dans un automatisme à l’intelligence artificielle. Bien avant cette jeunesse, c’est l’Union nationale de la Presse du Congo (UNPC), section Nord-Kivu qui a payé une visite au maire policier pour lui demander de « Garantir le droit à la libre circulation et à la liberté d’information des journalistes ».
Ces faits, mis en ensemble, ne seraient pas anodins ni gratuits. Ils traduisent la volonté unanime des politiciens et notables de la région de chasser l’état de siège. Bien plus, ils cachent mal la grande manipulation de ceux qui ne souhaitent plus voir les militaires gérer leurs entités.
Certes, l’état de siège, voulu comme solution à la crise sécuritaire, a montré ses limites comme pour toute opération qui dure et s’use. A qui la faute ?
La théorie des abeilles de Nicaise Kibel’Bel Oka
En son temps, le journal Les Coulisses avait illustré la collaboration entre la population de Beni et les islamistes ADF/MTM par ce qu’il a appelé la « Théorie des abeilles ». Tant que personne ne provoque les abeilles, elles restent avec nous et nous en profitons pour manger leur miel.
Cette théorie s’applique partout où l’insécurité se marie avec une certaine mafia politico-économique. On peut cohabiter avec les rebelles du M23 pourvu qu’ils ne touchent pas à nos biens.
Dans les deux provinces sous état de siège, l’on observe la démarche des uns et des autres. D’abord, tout le monde applaudit les mesures et se fait « ami et conseiller » des autorités militaires. On vante leurs actions et on guide leurs pas dans des actes qui énervent la loi comme le lotissement des terrains. Puis tout le monde passe à l’étape d’« opposants ».
Députés nationaux et provinciaux, jeunes engagés dans les mouvements citoyens, tous crient à la levée de l’état de siège arguant qu’il a apporté plus de mal que de bien. Dans l’entretemps, on rase partout et les immeubles sortent de terre. Les villes prospèrent comme des champignons. Les réactions des uns et des autres font croire que l’ensemble de la population de ces provinces est habitué à cet état de cohabitation (pacifico) tumultueuse avec la violence.
Levée de l’état de siège et après ?
(Goma. Bouclier des jeunes de mouvements citoyens réclamant sa levée).
L’on comprend que les élus provinciaux de deux provinces sous état de siège réclament la levée de cette mesure d’exception. Parce qu’ils doivent jouir de leurs droits légitimes. L’on note aussi qu’ils sont à compter sur les bouts de doigts de la main les notables, politiciens et opérateurs économiques qui dénoncent l’occupation par le Rwanda d’une partie du territoire nationale. Jouent-ils à l’équilibriste et à l’attentisme ne sachant pas de quel côté la balance se pencherait ? Si on lève l’état de siège, qu’est-ce qui s’en suit ?
Primo. Les députés provinciaux regagnent l’hémicycle et se choisissent un bureau. Secundo, ils doivent se choisir le gouverneur et son équipe. C’est là que les Romains vont s’empoigner. Serait-il de la majorité ethnique ou issu de la rotation ? Tertio. Les mal servis vont réchauffer la rue avec des groupes de pression communiés en mouvement citoyen. Oui, l’état de siège a failli. Les militaires n’ont jamais géré seuls. Ils ont des souffleurs civils qui leur vendent leur haine contre certaines personnes et qui leur montrent comment on tripote avec les textes juridiques et administratifs.
Entre levée et (ré)ajustement de l’état de siège
La RDC a besoin de son armée en tout temps et en tout lieu. Surtout au moment où des portions entières du territoire national sont sous occupation étrangère. Ne confondons-nous pas construire des routes dans les villes et la gestion d’une province occupée par l’ennemi ? En Ituri, le territoire de Djugu est sous contrôle des milices ethniques Lendu et Hema. Les milices locales et les terroristes islamistes MTM se partagent des portions des territoires de Mambasa et d’Irumu. L’on présente à la population des formations de militaires comme si nos éléments n’ont jamais reçu une formation avant d’être envoyés au front.
Dans le Nord-Kivu, le gouverneur ose même déclarer qu’il gère mieux que les civils. Mais il gère quoi ? Uniquement la ville de Goma avec des taxes qui asphyxient davantage une population sinistrée.
Mais, le militaire est-il le mieux nanti pour gérer une province ? En d’autres termes, avait-on fait le bon choix au sein des FARDC pour gérer les provinces sous état de siège ? qu’est-ce qui prouve que les civils, une fois revenus aux affaires, géreraient mieux que les militaires ?
Bozoba esala ngando (la bêtise du crocodile)
Le crocodile, fuyant la pluie, s’est jeté dans l’eau croyant que les gouttes de pluie, c’était des pierres. Félix Tshisekedi est à la croisée des chemins face à la pression des uns et des autres. La tournée de la Première ministre Judith Suminwa, au-delà du déjà entendu, devrait permettre à faire une analyse froide de la situation. De la même manière que certaines voies exigent la fin de la mutualisation FARDC-UPDF, de la manière près qu’i faut répondre. Autrement, toute la nation le regrettera. Et se retournera contre Félix Tshisekedi. L’échec étant orphelin. C’est là que la Rédaction du journal Les Coulisses conseille à se référer de l’adage du Crocodile chanté par King Kester Emeneya et papa Wemba pour ne pas tomber dans un piège qui risque de coûter cher à la nation congolaise.
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La Rédaction Les Coulisses