mercredi, mars 12, 2025
Diplomatie

Balkanisation du Congo. EAC-SADC s’inspire de la démarche de la CENCO-ECC : Dialogue sans condition avec le M23

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(Dar. Vue du déroulement du sommet conjoint EAC-SADC. Photo tiers).

Le sommet conjoint EAC-SADC a laissé un goût amer chez de nombreux Congolais. Les dirigeants réunis n’ont pas jugé utile de condamner l’aventure rwandaise sur le sol congolais de Goma. Et donc le Rwanda est innocent.

Les troupes rwandaises ne sont pas sur le sol congolais. Ce, malgré le rapport des experts des Nations-unies. Ce, malgré les appels de la communauté internationale au retrait de la RDF et au respect de la souveraineté de la République démocratique du Congo. Ce, malgré la catastrophe humanitaire.

Au moment où se tenait cette messe noire à Dar-es-Salam, Goma présentait une image de déluge : des cadavres puants interdits d’être conservés dans du formol, des hôpitaux bondés des blessés avec un manque criant du sang, des déplacés et autres enfants de rue manquant à l’appel, des écoliers exilés des écoles sabotées, des boutiques et magasins vandalisés.

Qui peut nous aider à comprendre ce qui s’est passé à Dar-es-Salam ?

En tout cas, si un Congolais digne de ce nom dit qu’il a compris les résolutions de ce sommet conjoint, il ment. Si un Congolais critique l’absence des présidents Félix Tshisekedi et João Lorenzo, c’est qu’il ne comprend rien de la géopolitique et du complot ourdi contre la RDC.

Ce sommet conjoint, ayant consacré la suprématie de l’EAC sur la SADC dans le dossier RDC par la vengeance sur Félix Tshisekedi et l’humiliation contre l’Angola, n’est rien d’autre que la mise en marche du plan de la balkanisation de la RDC.

Pire encore, une attaque frontale contre le président Cyril Ramaphosa dont le pays est secoué par des accusations israélo-américaines pour avoir déposé plainte contre Benyamin Netanyahou à la CPI. Une insulte contre le président Évariste Ndayishimiye qui a tiré la sonnette d’alarme sur le danger d’une éventuel embrasement de la région.

Quand le couple CENCO-ECC tend la perche à l’EAC-SADC

C’est l’histoire de la poule et de l’œuf. On ne saura jamais laquelle de deux structures a été inspirée de l’autre. Mais une chose est certaine, la coïncidence hasardeuse entre la démarche du couple CENCO-ECC et les résolutions du sommet de Dar-es-Salam : dialoguer avec tous les groupes armés y compris le M23, est frappante dans les circonstances de temps et de lieu. Or, le hasard n’existe pas.

Cette perche qui rejoint aussi la condition posée par Paul Kagame ayant justifié le refus du Rwanda de signer l’accord de Luanda le 15 décembre 2024 et conduit à la guerre de Goma fait de la guerre d’agression de la RDC une simple affaire des querelles de partage du pouvoir entre Congolais. Ce qui est antinomique et retire à la RDC toute chance de se défendre contre l’agression rwandaise et contre le plan de la balkanisation du Congo.

Négocier avec le M23 (et non l’AFC) ?

(Déplacés de guerre. Image poignant des populations congolaises en errance depuis trente ans. Photo tiers).

De Kigali en passant par Nairobi et Dar-es-Salam, lorsqu’on parle de la rébellion armée soutenue par le Rwanda, nulle part on fait allusion à l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa alors qu’il est le coordonnateur de l’AFC-M23.

La question doit être posée pour comprendre cet oubli volontaire qui est comme l’arbre qui cache la forêt.

La fusion du M23 de Makenga et de l’AFC de Corneille Nangaa nous fait penser à celle des ADF/NALU et aux conséquences qui en découlèrent une fois que les NALU amnistiés par Museveni sont retournés en Ouganda.

Même si toute comparaison n’est pas raison, les revendications du M23 n’étant pas les mêmes que celles de l’Alliance Fleuve Congo (cfr cahier de charge du CNDP adoubé par le M23), il est peu probable que le dialogue voulu par le couple CENCO-ECC aboutisse à la fin de la guerre.

Et donc, il n’est pas exclu que les patrons dans l’ombre de l’AFC s’affichent lors dudit dialogue comme on l’avait remarqué à la cathédrale de Lubumbashi et durant la campagne présidentielle de 2023.

L’histoire étant un éternel recommencement, le M23 ou une nouvelle création reprendrait les armes contre la République.

L’on peut noter qu’aucune recommandation ne pourrait être appliquée au regard de manque de mécanisme de contrôle et de pression sur le Rwanda. L’on doit aussi s’interroger sur le travail de nos experts qui n’ont pas réussi à insérer la condamnation du Rwanda et le retrait de ses troupes de Goma tout comme la mise en place d’une administration parallèle.

La RDC a été humiliée à Dar-es-Salam mais la Tanzanie est connue aussi pour avoir été l’hôte par lequel est passé l’assassinat du président Habyarimana et de son homologue burundais. Et donc, rien d’étonnant.

Le sommet de Dar a dessiné la carte. D’une part, les amis de Paul Kagame, tous présents et de l’autre, Tshisekedi et les amis du Congo, tous absents. Le Rwanda est comme le renard dans un poulailler.

Mzee Laurent Kabila disait : « Ce n’est pas Kabila qu’on cherche mais le Congo et toute personne qui se présenterait en obstacle à leurs intérêts sera combattue ».

Le rôle de l’Église, outre la mission routinière d’évangéliser, est d’aider le peuple de Dieu sous sa charge au discernement. Il semble que sur ce point, il y a encore des efforts à fournir. A la seule et unique condition d’être guidée par l’Esprit Saint.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

 

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