(Des éléments des FARDC bravant les aléas de la nature. Ici le front Ruwenzori contre les ADF/MTM. Archives Les Coulisses).
Cessez-le-feu à respecter impérativement, déclare-t-on. Et puis, tout le monde dénonce sa violation. Jeu auquel on est habitué dans toutes les guerres du monde. Avant tout, toute guerre repose sur le rapport de force.
Qu’il en soit ainsi ou non, le statu quo actuel au front profite au Rwanda. Ses troupes occupent le territoire de la RDC. Des sources fiables, on apprend même que les rebelles sont en train de repeindre et réhabiliter certains édifices publics dans le but de nommer et installer à des postes institutionnels les personnes de leur obédience. Ce qui est le cas de Rutshuru et Kiwanja. Ce qui serait aussi le cas des localités de Kilembe où les rebelles ont installé un certain Samuel (nom de famille inconnu) et Ndungutsé, de Ihula et Katobo dans Walikale.
Tout comme on apprend que dans l’opacité des espaces que la RDF conquiert, des populations « non autrement identifiées » sont installées pour combler le vide. Ce qui posera un sérieux problème de cohabitation à l’avenir entre les nouveaux venus et les déplacés ayant fui leurs contrées.
Cette guerre que mène le régime Kagame contre le Congo dans sa partie orientale revêt aussi une dimension souvent oubliée, celle démographique. Les rebelles renforcent leur emprise sur le territoire sur lequel ils sont implantés depuis bientôt trois années.
Cherchant à décrédibiliser l’État congolais et à démontrer son incapacité à agir et prévenir tout soubresaut de violence, la RDF et sa greffe M23 n’hésitent pas à s’en prendre aux populations civiles.
Ils maintiennent par là-même un climat de terreur, qui conduit notamment à des déplacements de la population avec comme corollaire la fermeture d’écoles et des centres de santé. Mais également les bombardements des camps des déplacés servent à réduire sensiblement le nombre de celles qui tenteront de retourner un jour chez elles. Ce qui élargit les lignes de fracture existantes et la cohabitation pacifique entre les communautés ethniques.
Rwanda, objectifs atteints à moitié.
Le pouvoir Kagame a atteint ses objectifs consistant à avoir un droit de regard sur la partie sud de la province du Nord-Kivu. Après avoir délogé les FARDC, le Rwanda peut aisément contrôler les trois territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo et y exploiter les minerais. Car, au-delà de Kanyabayonga, c’est un no man’s land pour la RDF. Parce que de Kanyabayonga jusqu’en Ituri en passant par Butembo et Beni, cet espace est virtuellement sous les regards de Kaguta Museveni.
L’espace sud du Nord-Kivu une fois conquis, Kagame aurait pu s’en réjouir et se frotter les mains. Sauf qu’il ne peut pas trouver une solution durable et définitive pour tous ces quelques Rwandophones passionnés de la kalachnikov qu’il instrumentalise.
Aujourd’hui, plus qu’hier, la stratégie d’infiltration par le brassage et le mixage des troupes a été découverte et est dévoyée par l’ensemble des Congolais. Kagame ne peut faire de Makenga & Cie des Rwandais en leur donnant de l’espace dans un Rwanda surpeuplé. Face au refus de Félix Tshisekedi de négocier avec le M23 et l’AFC, Kagame ne saurait imposer une solution pour la clique à Corneille Nangaa.
Que peut-on attendre de Luanda ? Que peuvent attendre les Congolais des négociations de Luanda sinon une imposition de la communauté internationale à trouver une solution négociée pour les rebelles du M23. En termes simples, intégrer les rebelles dans les institutions. Le Rwanda ne saurait continuer à les prendre en charge. Mais le Rwanda qui manipule la communauté internationale argumente sur la neutralisation des FDLR là où le bon sens exigerait un dialogue pour une réconciliation entre Rwandais.
FARDC. Continuer sur la défensive ou attaquer ?
La RDC est un État envahi par son voisin qui prétend revendiquer des territoires lui appartenant. Et comme à juste titre, la RDC ne compte rien céder au Rwanda, il lui revient naturellement de défendre son territoire. Ce qui signifie que les FARDC doivent prendre l’initiative de l’offensive au lieu d’attendre passivement les négociations de Luanda.
Du point de vue militaire, les FARDC opérant sur notre territoire doivent avoir un moral haut puisqu’elles jouissent du soutien de la population. Face à un ennemi qui tue à l’aveuglette, c’est la partie politique et morale de la guerre qui doit aiguiser l’élan national dont les FARDC ont besoin.
Après avoir perdu des localités et après la trêve de près de 5 mois, les FARDC devraient être en mesure de déterminer le type d’armes et des munitions en quantité suffisante dont tout soldat doit disposer au front pour occuper les positions avantageuses. Et surtout d’éviter d’être à la merci de ce que veut l’ennemi. Certes, le passage de l’ordre défensif à l’ordre offensif est l’une des opérations les plus délicates de la guerre mais il constitue une des manœuvres les plus habiles de l’art de la guerre pour un bon commandant.
La première qualité d’un soldat est de supporte la fatigue et les privations. Car la pauvreté, les privations et la misère sont l’école du bon soldat. Y compris la discipline. L’argument maintes fois répété que l’armée est délaissée au front n’est qu’une fuite en avant pour les lâches.
Pour gagner une guerre, il faut n’avoir qu’un’ seule armée conduite par un seul chef. Il faut impérativement préparer l’offensive. Une guerre qui dure nuit aux intérêts de la nation. Vaincre ou mourir. Il n’y a pas deux choix.
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Mathias Ikem