(Luanda. Les délégations de la RDC et du Rwanda en pleine négociation. Photo tiers).
Luanda. Lundi 25 novembre 2024. La 6ème réunion ministérielle entre la RDC et le Rwanda a permis aux deux pays en conflits de passer au peigne fin l’examen du Concept d’Opérations (CONOPs), un document stratégique qui guidera la mise en œuvre du Plan Harmonisé pour la Neutralisation des FDLR et le Désengagement des Forces de la RDF, tel que voulu par le Rwanda, a-t-on appris.
Côté de la RDC, la délégation n’a pas obtenu la clarification du concept entouré d’un flou artistique derrière lequel Kigali se cache, à savoir : Levée des mesures défensives et arrêt des opérations militaires transfrontalières, L’on a préféré l’expression « Désengagement des troupes rwandaises du sol congolais ». Sans calendrier antéposé.
Les expressions « mesures défensives et incursions transfrontalières « persistent toujours dans le document même si Kigali dit s’engager à y mettre fin.
A lire avec attention les termes du Plan, l’on peut conclure qu’on n’est pas sorti du tunnel. Par exemple, la 2ème phase du Plan prévoit des actions ciblées pour neutraliser les FDLR et leurs alliés, suivies d’une évaluation conjointe des progrès réalisés. Elle reste muette sur les forces qui vont mener ces actions ciblées et où sera déployée la RDF au moment desdites opérations. Muette aussi sur la nature des alliés des FDLR sur le sol congolais ? Pourquoi tomber dans de pareils des pièges dès lors qu’on sait que Kigali accuse les FARDC de soutenir les FDLR ?
Le Plan n’aborde pas la question de la rébellion du M23.
Pour les experts congolais, cela va de soi, car, estiment-ils, aussitôt que l’armée rwandaise se désengage du territoire congolais et retire son soutien total aux rebelles qu’il a montés, le M23 cesse d’exister. Or, le M23 est une nébuleuse. Comment distinguer un rebelle M23 d’un soldat de la RDF infiltré sans un mécanisme de recensement ?
Cette perception de la solution à ce conflit surexploité par Kigali ne rencontre pas l’assentiment de l’opinion publique qui ne croit pas à la bonne foi du côté du Rwanda.
Les experts n’auraient pas pris en compte les adverbes de temps : avant, pendant et après très déterminants dans la compréhension et la réussite du Plan tout comme une certaine notion de « concomitance, simultanéité » dans le ce concept ferait défaut. On dirait que l’on s’était référé à l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.
Pourquoi s’obstine-t-on à demander le retrait des troupes rwandaises du Congo avant toute opération sachant qu’elles opèrent à plus de 200 kilomètres (au-delà) de la frontière commune ? L’on a feint d’oublier que la RDC est agressée par le Rwanda dont les troupes campent à plus de 200 kilomètres à l’intérieur. Pire, dans l’espace conquis et occupé, jamais la RDF ne présente les statistiques des FDLR neutralisés.
Verre à moitié plein, verre à moitié vide, les deux délégations se sont réjouies des progrès réalisés à travers cet accord. Et les ministres ont souligné la nécessité de poursuivre les négociations dans les meilleurs délais sur les aspects du projet d’accord encore en suspens, tels que leur soumis par le président d’Angola, João Manuel Gonçalves Lourenço, en août 2024. Ce qui fait dire à certains que tant que le dialogue n’est pas rompu, l’espoir d’une fin prochaine des escalades est permis en dépit des tenions qui persistent toujours. Optimisme béat et/ou réalisme ? L’avenir nous le dira.
Il sied de rappeler que cette 6ème réunion ministérielle s’est tenue dans la salle noble « Paulo Teixeira Jorge » du ministère des Relations extérieures. Les délégations de deux pays étaient conduites par Mme Thérèse K. Wagner ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie de la République démocratique du Congo et Olivier J.P. Nduhungirehe, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Rwanda sous la supervision de l’ambassadeur Téte António, ministre des Relations extérieures d’Angola. Y ont participé de hauts fonctionnaires du ministère des Relations extérieures ainsi que des organes de défense et de sécurité.
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Mathias Ikem