Le colonel camerounais à la retraite, Roger Kuitche a réagi à notre article le citant dans l’agression de la RDC. Il a précisé par son petit mot : « Mon interview était de portée générale. Vous avez donné l’impression à vos lecteurs que je m’adressais à une structure particulière alors que ce n’est pas le cas ». Nous remercions le colonel Roger Kuitche pour cette précision et nous nous en excusons. Son propos ne constituait pas un point de vue particulier sur le conflit RDC-Rwanda. Toutefois, sa mise au point n’enlève en rien la pertinence de son propos.
Le colonel Roger qui est parmi les lecteurs du journal Les Coulisses nous en excusera.
Depuis le début de la semaine du 28 octobre 2024 coïncidant avec la reprise des pourparlers de Luanda, l’armée rwandaise (RDF) est sur le point de prendre la cité de Pinga dans le territoire de Walikale. Ce qui lui permettra de contrôler tout le sud du Nord-Kivu et de piller aisément et sans témoin les immenses ressources naturelles qui s’y trouvent.
Au-delà des condamnations, des émotions et des déceptions, la question est simple : Pourquoi les FARDC comptent et campent plus sur le cessez-le-feu que sur la poursuite de la guerre ?
Nous nous appuyons sur une intervention du colonel Roger Kuitche qui a conduit de nombreuses opérations contre les terroristes islamistes dans le bassin du lac Tchad et qui pourrait aider à la situation que connaît l’armée congolaise au front contre la Rwanda Defence Force’s (RDF).
Pour le colonel Kuitche : « Le chef militaire doit avoir cette capacité de prendre des décisions sous pression et dans l’immédiat quand l’intérêt l’exige et non attendre tout le temps que la hiérarchie ordonne ».
Il souligne cette liberté d’analyse du front par le commandement qui le poussera à prendre des initiatives parfois contraires aux ordres reçus parce qu’imposés par le terrain des opérations. Et de renchérir : « Simplement parce qu’aucune opération militaire, et ce, quel que soit la minutie dans la préparation, ne s’exécute souvent comme elle a été pensée. Cette réalité donne une très grande marge d’initiative au commandement ».
Le colonel Roger Kuitche conclut citant un général qui disait qu’il a été : « Un bon général au front parce qu’il respectait les ordres de sa hiérarchie y compris ceux qui ne lui étaient pas donnés ».
Il ne s’agit nullement de donner des leçons aux FARDC mais d’une intervention d’un expert que le journal Les Coulisses fait sienne. Certes, les réalités de la guerre varient d’une guerre à une autre mais la réponse du colonel Roger vaut la méditation.
Tant il est vrai qu’un bon chef militaire peut trouver la clé de la solution dans l’inattendu.
Ce qui se passe notamment dans la guerre asymétrique. La surprise due à la promptitude de l’action est le principe de victoire le plus efficace. Dans la stratégie, elle joue un rôle beaucoup plus considérable que dans la tactique.
Grande muette, les FARDC n’expliquent pas pourquoi elles ne prennent pas la responsabilité de l’offensive et pourquoi elles perdent des localités au profit de la RDF.
Problème de terrain, de l’ennemi ou des moyens mis à leur disposition ? Rien n’est exclu. Parce que dans l’esprit de la personne qui doit agir, elle prépare la conception mais elle ne l’enfante pas. La société civile est montée au créneau réclamant même un renforcement d’effectifs des FARDC pour ne pas perdre la cité de Pinga.
Basil Liddell Hart conseille d’ajuster (votre) fin à (vos) moyens. Pour lui, les principes de la guerre peuvent être condensés en deux mots « concentration de la force contre la faiblesse ». Cette dernière obéit à la trilogie de la dispersion de la force adverse : votre dispersion, sa dispersion, votre concentration.
En ne comptant que sur la réussite du cessez-le-feu, les FARDC ont donné à notre ennemi, la RDF, la liberté et le temps de se concentrer pour faire face à notre concentration.
La malheureuse et douloureuse expérience telle que décrite dans « Les rébellions rwandaises au Kivu » de Nicaise Kibel’Bel Oka (Éditions Scribe, Bruxelles, mai 2024) a été vécue à Bunagana et quelque deux années après à Kanyabayonga. Si on y prend garde, elle risque de se répéter à Pinga dans Walikale.
Pour obtenir une victoire, deux problème majeurs doivent être résolus : celui de la dislocation et celui de l’exploitation. L’un précède et l’autre suit le coup que l’on assène à l’ennemi.
Les FARDC doivent impérativement prendre l’option de la contre-offensive sur la RDF. Et le temps joue contre la nation.
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La Rédaction Les Coulisses