(Véhicules calcinés après une embuscade des soldats du califat sur le convoi escorté par les FARDC et la MONUSCO)
« Avec l’aide de Dieu Tout-Puissant, les soldats du Califat ont tendu une embuscade à un convoi de véhicules chrétiens infidèles (…)ils se sont affrontés avec les croisés et ont regagné leur lieu ». Tel est le message de revendication de l’IS-CAP publié le 1er septembre 2021 sur les réseaux sociaux après l’attaque du convoi venant de l’Ituri. Combien de compatriotes sont tués par jour ? Par semaine surtout en cette période de récolte du cacao ? Combien de soldats tombent sur le champ d’honneur ? Dans les deux provinces sous État de siège, Ituri et Nord-Kivu, l’on n’en finit pas de compter les victimes de la barbarie des islamistes MTM. Des réactions disparates aux positions insensées quant à l’identité des égorgeurs sont observées. Des intellectuels appellent à l’auto-prise en charge (comme si dans l’histoire de leur contrée les maï-maï ont déjà gagné une seule guerre). On s’en prend aux FARDC. On tient même un langage ridicule contre les institutions. On oublie que le pays est en guerre contre les islamistes.
Deux questions à se poser. Primo. Qu’est-ce qu’un jihadiste ? Secundo. Quelle mission les jihadistes se sont-ils assignée ?
1. Les jihadistes sont des musulmans qui tiennent à tout prix à imposer la chari’a, en faisant respecter le Coran et la Sunna du Prophète ( les faits et gestes du Prophète quand il avait fui la Mecque pour Médine). Ils prônent l’unicité de Dieu (Il n’y a de Dieu qu’Allah et Muhammad est son Prophète). Ils veulent instituer la chari’a comme Constitution du monde. Le cas des Talibans en Afghanistan.
2. Leur mission est claire : Convertir à l’islam le monde entier et créer l’Oumma, la communauté des Croyants. Par la conversion libre et/ou par la force (le Coran et l’épée). C’est cela le jihad, la guerre sainte, seule façon de soumettre l’humanité rétive aux lois intangibles du Coran.
Pour eux, tuer les non musulmans/mécréants (Kafri) ou les musulmans égarés (apostats) n’est pas un péché. Ils considèrent la violence de masse non seulement comme moralement justifiée mais aussi comme moyen nécessaire pour attendre leur objectif. Et donc, la violence et la contrainte sont autorisées pour permettre l’instauration mondiale de l’État islamique permettant le retour sur terre du Prophète. Ils le déclarent bien : « Nous ne nous battons pas pour que l’ennemi nous reconnaisse ou nous propose quoi que ce soit. Nous nous battons pour le détruire. » Les tueries sont comme une sorte d’opération chirurgicale pour sauver le monde.
L’ignorance et l’incrédulité des Congolais
Pourquoi depuis plus d’une dizaine d’années, certains congolais refusent de reconnaître le MTM comme mouvement terroriste ? On peut encore comprendre que quelqu’un qui n’a jamais été dans le Ruwenzori/Beni puisse douter de l’existence des ADF mais pas les natifs de Beni. Bien avant les opérations Sukola I, les « ADF » ont mené des actions punitives comme celle contre Édouard Batsotsi, chef de secteur du Ruwenzori le 28 juin 2010. Ils ont opéré des enlèvements (personnel MSF/France à de Kamango en juillet 2013), des attaques des véhicules (à Kilima juillet 2010). Pourquoi veut-on faire croire qu’avant Sukola I, la vie était paisible. Les notables peuvent encore mentir. L’Église universelle appelée à lire les signes de temps n’a pas d’excuses si elle n’a jamais aperçu un seul signe du jihad islamiste dans cette région. Même quand certains chrétiens changent de prénoms. Mon peuple périt par ignorance.
D’autre part, comment peut-on reconnaître en Musa Baluku, successeur de Jamil Mukulu, le chef attitré des MTM, et refuser de croire à ce qu’il déclare : « Il n’y a plus d’ADF (…) L’ADF a cessé d’exister il y a longtemps(…) Actuellement, nous sommes une province, la Province Afrique Centrale qui est une province parmi les nombreuses provinces que compte l’État islamique qui est sous le Calife et Chef de tous les musulmans Abu Ibrahim Al-Hashimi al-Quraishi. »
Pourquoi continuer à les appeler « ADF » puisqu’ils ont abandonné cette appellation depuis bien longtemps ? Il n’y a qu’en RDC que l’incrédulité peut être érigée en croyance et en mode de vie. Ce qu’on exige de tous les acteurs au conflit, les FARDC en premier lieu, c’est de reconnaître l’ennemi et de réadapter la stratégie par rapport à celle de l’ennemi. Pour contrer ses menées offensives et ramener la paix. Après tout, la stratégie, c’est la science du comportement, de l’environnement de l’autre.
Nicaise Kibel’Bel Oka