Sommet de Nairobi. La RDC encore flouée et piégée par ceux qui gèrent le plan de la balkanisation

« Le sommet a décidé d’un double processus politique, sous la direction du président kenyan pour faciliter les consultations entre la RDC et les groupes armés locaux en RDC et un autre militaire et sécuritaire sous la direction du président Tshisekedi. Le volet militaire et sécuritaire des résolutions de Nairobi décide du déploiement immédiat d’une force militaire régionale contre toutes les forces négatives internes et étrangères qui n’obtempèrent pas aux résolutions du Sommet ». Au regard du résumé fait avec professionnalisme par la journaliste Tina Salama, les observateurs aguerris de la géopolitique de la région des Grands Lacs africains doivent se mordre les lèvres et regretter. Les espoirs d’une paix en RDC s’éloignent davantage. La RDC est de nouveau flouée et piégée par des voisins anglophones qui, on pourrait conclure avec amertume, sont dans la logique

de sa balkanisation. Comment, s’il n’existe pas des agendas cachés contre la RDC, peut-on logiquement exiger de la RDC de « faciliter les consultations avec les groupes armés locaux » et de les inviter à « participer au processus politique de règlement de leurs doléances à défaut d’être considérés comme des Forces négatives » ?

Le Sommet de Nairobi fait reculer la RDC de 20 ans en la replongeant dans la dynamique des années 2000. En effet, comme en ces années-là, la définition des Forces négatives a trouvé un mur d’incompréhension dès lors que les parrains des rébellions congolaises rejetaient en bloc cette qualification déshonorante préférant l’euphémisme des Forces « non invitées ». Bien plus, en 2012 à Munyonyo/Kampala, la délégation de Kinshasa a échoué de faire accepter au médiateur ougandais le terme de « Force négative » à attribuer au M23. Le Sommet de Nairobi invite le président Tshisekedi à trouver une solution aux doléances des groupes armés locaux. Encore une bourde. Le terme « Doléances légitimes » utilisé et explicité par le M23 aux pourparlers de Kampala en 2012 est une « Boîte de Pandore ». Il désigne, en définitive, la balkanisation de la RDC car, dans la suite du RCD et du CNDP, le M23 demande à Kinshasa de lui laisser la gestion complète de tout l’est de la RDC pendant 5 ans renouvelables une fois pour deux raisons visibles. Primo, faire l’expérience du fédéralisme pour un pays trop grand et ingouvernable qui a failli dans sa forme de l’unitarisme. Secundo, au regard de la haine contre les réfugiés (Tutsi) congolais vivant au Rwanda, permettre au M23, seul capable de sécuriser leur retour, de les installer et les défendre. En qu’ensemble avec les FARDC, l’armée du M23 traque les groupes armés locaux et étrangers. La relecture non agitée du communiqué final du Sommet de Nairobi montre toute la mauvaise foi des Chefs d’État de la région à aider la RDC dans son combat pour ramener la paix et la stabilité sur sol. Demander aux groupes armés étrangers le « Retour sans condition dans leurs pays d’origine », c’est faire preuve d’un manque criant de la maîtrise de la donne sécuritaire. Les groupes armés, opérateurs de la violence armée à l’est de la RDC se servent des clivages et des prédispositions ethniques leur permettant de recruter à leur guise au sein des communautés. Les groupes armés étrangers écumant l’est de la RDC sont bien identifiés tout comme leurs parrains. 1. Comment les ADF/MTM qui sont des islamistes se battant pour installer un califat dans la région pour étendre l’Oumma des Croyants peuvent retourner dans leurs pays d’origine, eux qui considèrent que le domaine d’Allah s’étend partout ? 2. Comment les FDLR (Hutu rwandais) pourraient regagner leur Rwanda natal dès lors que Kigali s’oppose à tout retour sur le sol rwandais et continue à les traquer sans désemparer ? On garde en mémoire la guéguerre avec le président Jakaya Kikwete de la Tanzanie. 3. RED TABARA burundais pourrait retourner au Burundi comme des enfants revenant de la pêche ? Nul n’ignore que certains groupes armés étrangers locaux et étrangers opérant sur le sol congolais sont parrainés par nos voisins. Enfin, peut-on dire avec précision de temps et de nombre « combien de forces armées régulières viendront patauger dans le bourbier de l’est de la RDC ? ». Nous avons la MONUSCO, la SADC (FIB), l’UPDF et bientôt toutes les armées de la région. C’est simplement inimaginable. Et ce, sans aucune évaluation ni de la MONUSCO ni des opérations de mutualisation FARDC-UPDF. Le dialogue envisagé est un moyen pour permettre au M23 de recruter et former des combattants (il le fait déjà sur les alentours de Runyonyi) qui vont poursuivre la guerre puisque les résolutions dudit sommet étant inacceptables ne seront pas appliquées. La guerre sera longue. Donnons aux FARDC les moyens de défendre la nation. Le Congo n’est pas à vendre. Qui dit mieux !

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Mathias Ikem

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