Dieu, Nicaise et le journaliste

Aujourd’hui 5 janvier, c’est l’anniversaire de ma naissance. Je rends grâce à Dieu. Dans la méditation et dans le silence afin que je grandisse dans la foi. Je refais le voyage de ma vie. Je prends la date du 15 décembre 1999. Journaliste parce que le Seigneur l’a voulu et validé.

Le 15 décembre 1999, j’échappai à la mort après un accident de route dans la ville ougandaise de Kabale. Notre véhicule se retrouva dans le ravin. Dix de douze passagers y périrent y compris tout le lot des journaux Les Coulisses. Ce jour-là, au lieu de prendre l’avion comme d’habitude, mon jeune frère Rossy Kakesa (paix à son âme) m’exhorta à prendre la route pour économiser l’argent. Ce qui fut fait. Je perdis connaissance. Les secours purent retrouver dans mes chaussettes mes pièces d’identité et appelèrent les confrères de New Vision à Kampala qui, à leur tour, informèrent le gouverneur du Nord-Kivu, mon ami Léonard Kanyamuhanga qu’il repose en paix) de ma mort. Ce dernier décida de dépêcher son protocole pour récupérer mon corps. A l’hôpital, je fus réveillé lorsque j’entendis mon nom. Finalement, après trois jours des soins, je repartis sur Goma par Kigali. Pourquoi le Seigneur m’avait épargné de la mort ? Mon heure n’avait pas encore sonné. J’avais naturellement une mission dans le domaine qui est le mien. En 2000, reçu en déjeuner par l’ambassadeur de France à Kampala, je parvins à lui proposer que la France, qui était sur une mauvaise passe dans le dossier du génocide rwandais, endosse au niveau du Conseil de sécurité des Nations-Unies le rôle du gendarme de la région des Grands Lacs en instituant des enquêtes sur les pillages des ressources naturelles du Congo par le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda, parrains des rebelles. Voilà comment est née la notion du Panel des experts des Nations-Unies sur la RDC. Au premier Panel, je remis tout ce que le journal Les Coulisses avait réuni comme preuves de pillages. Oui, mon heure n’étant pas encore arrivée. Dans le domaine qui est le mien, j’ai réalisé en « missi dominici » des missions qui dépassaient ma petite personne. Je réalisai la seule interview que Joseph Kabila a donnée un journaliste congolais six mois après sa prise de fonction comme président de la RDC. Je rencontrais des ambassadeurs (France, Belgique, Allemagne, Algérie, Vatican, des diplomates des Nations-unies, etc) pour plaider pour la fin du drame congolais et le retour de la paix en RDC. Mon heure n’étant pas encore arrivée, j’ai échappé à des plans de mort régulièrement, à des parodies de procès pour diffamation. Je serais mort sans parler contre vents et marées du jihad islamiste en RDC. Sans susciter la leçon publique de Mzee L.D. Kabila. Sans écrire des livres sur notre guerre de la RDC, les FARDC et e terrorisme en RDC. Je fis des reportages même dans les maquis des groupes armés notamment lors du kidnapping de 37 Thaïlandais par les maï-maï à Vurondo/ Butembo. Je mourais sans avoir été fait otage

de l’UPC avec Tumba Luaba. Sans avoir obtenu le Prix africain 2009 de la liberté de la presse, ni le Prix Abraham pour la Conservation de la nature en 2006, moins encore sans avoir été proclamé parmi les 100 Héros de l’information en 2014. De tout cela, rien de la part de mon pays, le Congo.

En octobre 2021, je refis la route de Kampala-Kabale-Kisoro-Bunagana-Goma. Le hasard n’existant pas, notre bus connut une panne au même endroit. Ce qui me permit de me recueillir et de méditer sur la vie et la mort dans l’exercice de ma profession de journaliste. Mon heure n’étant pas encore arrivée. La vie continue. En fin novembre 2022, je reçus des menaces de mort d’une Américaine toujours dans l’exercice de ma profession. Les amis me conseillèrent de quitter Goma un peu comme Jésus qui partit à Éphrem après avoir rendu la vie à Lazare. Dieu est grand. Il est immense. Les voies du Seigneur sont insondables. Je ne compte plus les larmes que je verse depuis que des amis intimes me quittent. Manero Makanda, Muré Mungunga, Pierre Célestin Kilese, Léonard Kakessa Kalé, Matthieu Kimpese, petit Pamploly Lumingu… Chacun meurt de sa mort, seul. Et nous l’accompagnons avec nos larmes. Avec notre cœur.

Ce métier comme tout combat noble a horreur de bavardage inutile et de distraction. Voilà que je médite, en ce jour du 5 janvier, sur ma naissance et sur la place que j’accorde à Dieu qui m’a toujours témoigné de son amour dans ma vie de pécheur, rendant des projets des hommes inactifs et insensés. Aujourd’hui, ma famille, des amis m’ont témoigné avec des mots simples leur amour. En pensant à mes amis de jeunesse qui m’ont quitté, je réalise la fragilité de la vie tout comme la méchanceté des humains. Mais dans nos moments de faiblesse, seul le Seigneur est notre rempart, notre berger. Pourquoi ne pas lui dire Merci  pour tout ce qu’il accomplit pour moi !  Merci Seigneur.

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