mardi, décembre 10, 2024
Edito

Kiev, comme Kinshasa en août 1998, à l’épreuve du patriotisme

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(Des blindés de l’armée russe sur les rues de Kiev. Photo tiers)

Poutine a attaqué l’Ukraine. Par les eaux, la terre et les airs. Devant une communauté internationale complice et médusée, incapable d’imposer la loi des civilisés. Seul face au destin de son peuple, Zelensky lui-même sous la pluie de bombes, appelle le peuple à résister : « Ceux qui savent utiliser les armes, défendez votre patrie. » L’Ukraine, au moins, a la chance de disposer des Réservistes. Ce drame rappelle celui vécu par les Kinois en août 1998. Je reçus un appel de mon ami et frère, Kalé Kakessa (repose en paix mon cher frère), responsable de SEP Congo à Goma : « Nicaise, viens vite à la maison. » Arrivé sur place, je trouvai Jean-Pierre Ondekane et 4 officiers Rwandais. Ils voulaient embarquer Kakessa dans leur raid sur Kitona comme avitailleur des avions. Je m’y opposais de toutes mes forces. Ils finirent, sur base d’une réquisition forcée signée, par prendre la motopompe de SEP-Congo pour ravitailler les avions au Kongo Central. Aussitôt, j’alertais Kinshasa sur la décision du Rwanda de prendre Kitona et le barrage d’Inga, de couper l’eau et l’électricité afin de bien opérer sur Kinshasa plongé dans le noir. Mzee Laurent-Désiré Kabila convoqua une réunion de crise mais dans l’impossibilité de freiner le dessein machiavélique du Rwanda et de ses parrains, le raid eut lieu sur Kitona et Inga avec les dégâts humains et matériels qu’on connaît. Wendo Kolosoy immortalisa la douleur de tout un peuple dans une chanson « Tozangi mayi solo, tozangi mwinda solo likolo banyangalakata. »

Devant cette agression soutenue et encouragée par la communauté internationale, Mzee Laurent-Désiré Kabila appela les Kinois à la résistance et, debout comme un seul homme, à défendre la nation en danger. Il appela à l’éveil patriotique : « Ne jamais trahir le Congo. »

Le président ukrainien Zelensky l’a compris. Lorsqu’un peuple a tout perdu jusqu’à la prétendue amitié des Grands, il ne lui reste que le patriotisme. L’Ukraine vit ce que la RDC expérimente depuis des décennies sous le regard complice et complaisant de la communauté internationale : spectacle mécréant des corps égorgés vifs, des corps calcinés, émiettés par des bombes et des missiles, des populations en errance éternelle. On peut prendre position pour un camp ou pour l’autre, il s’agit d’une même réalité : mêmes morts, même destruction, mêmes refugiés …même argent. Viendra la paix des cimetières. Les agences humanitaires et les ONG se bousculeront aux portes de l’Ukraine et on finira par se lasser jusqu’à oublier comme on a oublié les crimes de l’armée du Rwanda à Kinshasa et au Kivu. La Cour internationale de Justice ne trouvera aucune preuve. On roulera à nouveau le tapis rouge pour Poutine. Sommes-nous vraiment des étrangers en ce monde desYankee de l’Occident, de l’Orient et de l’Afrique ?  Le mépris de l’autre, on le trouve dans l’homme déchu. Car, l’homme déchu s’évertue avec ténacité tout en portant en lui cette carapace en apparence invulnérable qui le définit : Le mépris de l’autre. Le pouvoir de détruire. Notre histoire est faite des tourments, des crimes de sang, des déchirures, de traîtrise, de pillages, de viols, de l’argent sale, de menterie du vrai mais la patrie résiste. Peuple opprimé, résistez jusqu’au bout. La flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre surtout à l’est du pays. Il n’y a rien qui puisse égaler ni dépasser le patriotisme. Ne jamais trahir le Congo.

Nicaise Kibel’Bel Oka

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