(Thomas Lubanga (en pull’over), Ndjabu (Lendu) et le prof Detchuvi (Hema), otages de la milice lendu CODECO. Photo 2. Lubanga avec ses preneurs d’otages, la fin’amour ? Photos tiers)
Pourquoi les Ituriens notamment Lendu et Hema s’entretuent depuis trois décennies (1999) dans un violence aveugle ? Pourquoi deux communautés ethniques en cohabitation depuis des lustres se livrent-elles une guerre sans merci à travers des milices ethniques recyclées régulièrement en changeant de dénomination ? Aujourd’hui, l’une s’appelle ZAÏRE et l’autre CODECO, deux appellations excluant à volonté toute consonance et référence ethnique. Toute prétention à trouver la solution en Ituri qui ne reposerait pas sur ces deux questions serait un pansement à la béante plaie. Curieusement, tout le monde fait semblant, les Ituriens en première ligne, pour chercher la paix de cimetière, source renouvelée du conflit Hema-Lendu.
Le conflit qui oppose Lendu et Hema est avant tout identitaire (interethnique) sur base de blessures réelles ou supposées avant de prendre des dimensions de conquête de terres. Il est entretenu par des intellectuels et notables de deux communautés qui agitent et surchauffent la jeunesse. Sur base de la fameuse Loi Bakajika notamment sur le volet de l’inattaquabilité des certificats et/ou titres fonciers. Comment peut-on continuer à tromper sa propre conscience et espérer mettre fin à l’extrémisme violent qui secoue cette province tant que, dans un silence hypocrite, les deux camps ne veulent pas dévoiler les vraies raisons des massacres mutuels sauvages ? La stratégie est simple. A chaque fois qu’une autorité est déployée en Ituri, chaque communauté essaie de l’amadouer pour qu’elle penche vers elle contre l’autre. Le jugement de sa performance et/ou de sa diabolisation en dépend. Les plus faibles d’esprit tombent dans ce piège infernal.
La Rédaction du journal Les Coulisses qui avait mené des investigations fouillées sur ce conflit suicidaire conseille à tout celui qui veut de la paix en Ituri de commencer par le commencement, puis de recenser les blessures dues aux injustices infligées et subies par l’une et l’autre communauté, à l’une et l’autre communauté avant de chercher à réunir les deux communautés ou toutes les communautés dont certaines n’ont rien à voir tout en subissant les délires de deux autres voisines. Identitaire avant tout sur une méfiance mortelle et sur la conservation et/ou la conquête des privilèges. L’une et l’autre se disent soit menacée soit humiliée par l’autre. Citant Amin Maalouf, Nicaise Kibel’Bel Oka écrivait dans son livre « ITURI. De la guerre identitaire au pillage des mines d’or de Kilo-Moto par les multinationales anglo-saxonnes », page 48, Éditions Scribe, Bruxelles, 2016 : « Toute communauté humaine se sentant menacée ou humiliée dans son existence a tendance à produire des tueurs pour commettre les pires atrocités en étant convaincus d’être dans leurs droits de mériter le ciel et l’admiration de leurs proches ». Tant que ce processus à la base de tant de blessures et de vengeance ne sera pas interrogé, tout ce qui se déroule à Kinshasa, Bunia et demain à Aru relève d’une théâtralisation politique de la violence qui ne donnera aucun résultat probant et donc, au final, éloigne toute thérapie de choc. A mauvais diagnostic, mauvaise prescription partant mauvais remède et donc durcissement de la maladie qui résiste à tous les antidotes.
Les solutions à ce conflit n’ont rien de cartésien et ne relèvent pas de la Cour pénale internationale (CPI) parce que chaque communauté y contribue en ressources humaines d’abord. Autrement Thomas Lubanga Dyilo, Matthieu Ngudjolo Tchui, Bosco Ntaganda seraient des remèdes efficaces et définitifs à l’extrême violence en Ituri. En conséquence les milices ethniques ZAÏRE, CODECO (pour l’Ituri) et M 23 (pour le Nord-Kivu) ne seraient que de douloureux souvenirs à jeter dans les oubliettes de l’histoire. Sauf pour le M 23 au Nord-Kivu, la violence extrême en Ituri doit être réglée par la voie de la sagesse congolaise avant de faire intervenir la justice de la RDC là où l’Évangile de l’amour du prochain semble complètement dépassé et à échoué. L’image de la prise d’otages ci-haut prouve bien que les deux communautés se connaissent, s’admirent et se haïssent au point de s’entretuer sans état d’âme.
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Rédaction journal Les Coulisses