Sommet d’Oyo/Brazza. La RDC priée de valoriser l’expertise de Nicaise Kibel’Bel Oka sur la question du terrorisme ADF/MTM
(Logo des moudjahidines de la cité sainte de Madina (MTM) dans le Ruwenzori/Beni)
A l’initiative du président Denis Sassou N’guesso, il s’est tenu un mini-sommet sur la paix et la sécurité en Afrique le 11 février à Oyo en République du Congo, sanctionné par un communiqué final le 12 février 2022. Le point 4 dudit communiqué est libellé comme suit : « Ils ont longuement évoqué les opérations conjointes que mènent les armées de l’Ouganda et de la République Démocratique du Congo dans la partie Est de ce dernier pays, visant à éradiquer les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), Muslim Tabliq Movement (MTM), les autres forces négatives qui menacent la paix et la stabilité dans ces deux pays ». Il est important d’apporter la lumière sur ce dossier. Pour la petite histoire, les rebelles abusivement appelés ADF ont pris de nombreuses appellations à la recherche d’une vraie identité. De l’ADF (appellation antinomique) qui n’a aucune référence religieuse (coranique), ils ont tenté un moment de se faire appeler MDI (Muslim Defence International) avant de se raviser. Lorsqu’ils adoptent en 2014, l’appellation de MTM, ils sont réconfortés parce que le contenu idéologico-religieux les rapproche des autres mouvements jihadistes. Certes, les ADF ont une origine Tabliq (indo-pakistanaise) et qu’une importante communauté Tabliq vit en Ouganda et s’oppose à l’ensemble de musulmans formant le Conseil Suprême des Musulmans de l’Ouganda (Uganda Supreme Muslim Council) qu’elle accuse d’être corrompus par le régime Museveni et de ne pas pratiquer le vrai islam. Une fois établis à Beni et construit la 1ère mosquée (le Troc ou Taqua) et opérant comme ADF, les Tabliq ont caché leur identité pour se déclarer des « progressistes. » Ceux qu’on appelle abusivement ADF sont des Moudjahidines de la cité sainte de Médine, Madina at Tauwheed Wal Muwahedden, en abrégé MTM. Ce nom tire son origine du séjour du Prophète Muhammad à Médine où il s’est préparé à combattre les faux musulmans et idoles vénérés à la Mecque antique. Madina at Tauwheed Wal Muwahedeen fait référence au 1er de 5 piliers de l’islam : Unicité de Dieu. MTM comme Muslim Tabliq Movement (Mouvement des Musulmans Tabliq) est une tautologie car les Tabliq sont des musulmans et ils n’ont pas à le revendiquer. Si MTM en RDC se revendique des Tabliq de l’Ouganda, le président Museveni ferait mieux d’interdire la communauté Tabliq sur son territoire. ADF et MTM sont une même réalité. Faire signer à 4 Chefs d’État un communiqué plein de contradictions pour des faits graves qui se passent sur notre territoire est un manquement grave. Surtout qu’il existe des intelligences au pays qui maîtrisent au mieux ce domaine. On peut ne pas l’aimer, le journaliste d’investigation Nicaise Kibel’Bel Oka mène des travaux d’investigation qui font autorité dans ce domaine et résistent à la critique. Toute fausse modeste gardée, il est la personne ressource et une fierté pour la sous-région dans ce domaine du terrorisme islamiste. Le point 4 du communiqué tel que libellé voudrait signifier que jusqu’à ce jour, la RDC ne sait pas contre quel ennemi elle se bat. Ce qui est inadmissible 10 ans après. La république devrait mettre à la disposition du Chef de l’État tous les leviers quand il s’agit de parler de la RDC. Nos experts doivent éviter des improvisations suicidaires comme celle qu’on a soumise à la signature du président Joseph Kabila en 2008 qui a vu attribuer une partie de l’île congolaise de Rukwanza à l’Ouganda. Par la faute des experts de Kinshasa. Kinshasa n’a pas le monopole de la connaissance des réalités de la RDC.
Le mini-sommet d’Oyo/Brazzaville a réuni 4 Chefs d’État, à savoir Félix-Antoine Tshisekedi (RDC), Yoweri Kaguta Museveni (Ouganda), Faure Gnassingbe (Togo) et Denis Sassou N’guesso (Brazzaville).
Mathias Ikem