Afrique. Félix Tshisekedi et la renaissance africaine au service des peuples

(Le président Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine avec Musa Faki. Photo tiers).

Le programme de la mandature du président Félix -Antoine Tshisekedi à l’Union africaine. s’est inscrit dans la vision de la libération du continent. Lors de son discours d’acceptation comme président en exercice de l’Union africaine, Felix-Antoine Tshisekedi a orienté son action autour de la Renaissance africaine pour rendre honneur et dignité perdus aux peuples africains. « L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara, une histoire de gloire et de dignité ». Ces propos sont du Premier ministre Patrice Emery Lumumba le 30 juin 1960 lors de l’accession du Congo à l’Indépendance. Pour honorer la mémoire de tous les panafricanistes, Félix Tshisekedi entend ancrer la thématique de sa présidence de l’Union africaine à mettre cette organisation panafricaine au service des peuples africains. Un autre point sur lequel il a mis l’accent pour matérialiser sa décision d’approcher l’Union africaine des peuples africains reste l’effectivité de la mise en vigueur de la Charte de la Renaissance culturelle africaine par sa ratification par des États africains. Sur 54 États, 18 seulement ont ratifié la Charte. La République démocratique du Congo devient le 19ème État

ayant ratifié en 2021 ce document de base pour la renaissance africaine. Ceci démontre réellement que le président Tshisekedi est de ces Africains qui croient dans le paradigme de la renaissance africaine pour la modernité de l’Afrique. Citant l’historien africain Joseph Ki-Zerbo, dans son discours d’acceptation le 4 février 2021 : «  On ne développera pas l’Afrique, mais c’est l’Afrique qui se développera ».  En prenant cette position, le président Félix- Antoine Tshisekedi s’est mis sur le dos les opposants à la renaissance africaine qui ont tenté de saboter les actions salvatrices pour le continent africain durant sa mandature. Le débat est actuel dans le monde, écrit le professeur Ngoma Binda, il est déjà relativement ancien en Afrique, au Congo/Zaïre spécialement. En effet, le 4 octobre 1973, depuis New York, à la 28ème Assemblée générale des Nations-unies, le président Mobutu Sese Seko réclama avec force la restitution au Zaïre de ses œuvres d’art injustement emmenées en Europe et confisquées comme « butins de colonisation ». Faut-il restituer à l’Afrique ses œuvres d’art au nom du droit de disposer de ses propres biens ? Ce débat s’est matérialisé par la tenue à Kinshasa du 2 au 4 décembre 2021 du Colloque scientifique international sur la Reconstitution des biens culturels et la renaissance africaine  sous le patronage de Félix-Antoine Tshisekedi,  président de la République démocratique du Congo et président en exercice de l’Union africaine.

Cependant, la Charte de la renaissance culturelle africaine va au-delà de la restitution des œuvres d’art pillés en Afrique par les puissances occupantes. Dans cette Charte, il est rappelé qu’ « en dépit de la domination culturelle qui, au cours de la traite des esclaves et de la colonisation, a entrainé une incontestable négation de la personnalité culturelle d’une partie des peuples africains, falsifié leur histoire, systématiquement dénigré et combattu leurs valeurs, et tenté de remplacer leurs langues par celles du colonisateur, les peuples africains ont pu retrouver dans leur culture africaine les forces nécessaires à la résistance et à la libération du continent ».

Selon José Do Nascimento, il existe deux tendances des paradigmes opposées quant à la modernité de l’Afrique. Le continent noir a le choix à faire entre le paradigme du développement et celui de la renaissance africaine. D’un côté, les partisans du paradigme de développement trouvent que le continent africain est en retard pour son développement,  sa perspective de modernité doit être pensée dans les termes d’une perspective de rattrapage historique. De l’autre, les partisans du paradigme de la renaissance africaine démontrent que le retard de l’Afrique sur d’autres continents ou  civilisations est dû au phénomène de la régression historique traduite par une perte de maitrise des ressorts de l’histoire. Dans ces conditions, sa perspective de modernité doit donc être pensée dans les termes d’une perspective de reconquête de l’initiative historique. En d’autres, le paradigme de la renaissance africaine reste un cadre intellectuel opératoire pour penser les politiques d’un futur moderne, souligne José Do Nascimento.

En tout état de cause, le penseur congolais Kä Mana  propose la réinvention du panafricanisme de Nkrumah et la nouvelle renaissance africaine pour sortir le continent noir de sa marginalisation et de sa domination. Réinventer la pensée Kwame Nkrumah signifie qu’on ne construit pas le développement avec des « ismes », mais avec un imaginaire capable de résoudre les problèmes concrets de manière concrète.  Nkrumah aurait dû comprendre qu’il eut fallu commencer le panafricanisme par l’éducation des imaginaires existants, pour les sortir de leurs cavernes mentales, de leurs cocons illusoires et de leurs rêveries de souveraineté absolue. Il fallait faire cela à l’échelle locale, dans les terroirs les plus restreints des familles, des clans, des tribus et des ethnies. C’est là le chemin pour susciter dans les consciences et les inconscients fragmentés le désir d’être ensemble, de vivre ensemble, d’agir ensemble et d’imaginer ensemble l’avenir. La nouvelle renaissance africaine, il faudra la comprendre comme l’impératif de donner aux nouvelles générations africaines un nouvel imaginaire de grandeur grâce à un nouveau formatage de l’être : de l’esprit, de la conscience, de l’inconscient, de l’intelligence et du cœur, pour une nouvelle destinée du continent africain.

Si on conçoit ainsi la nouvelle renaissance africaine comme dynamique de déformatage, de réformatage et de proformatage à partir d’une invention de nos origines et d’une ré imagination de notre histoire pour une éducation visant l’invention d’une nouvelle destinée, il sera clair que c’est d’un nouvel imaginaire qu’il s’agit. C’est-à-dire d’une nouvelle configuration de représentations, de visions, d’images et d’idées forgées par notre nouvelle conscience historique. C’est dans cette nouvelle vision  de la renaissance africaine et du panafricanisme qu’il faut comprendre tout le sens que prend cette volonté de Felix -Antoine Tshisekedi de mettre l’Union africaine au service des peuples. Avant lui, d’autres présidents ont tenté de proposer aux Africains des plans comme le Nepad sans oublier le projet de la renaissance africaine concocté par le président américain Bill Clinton qui a plongé l’Afrique des Grands Lacs dans le chaos.

Freddy Mulumba Kabuayi

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