(Le seul endroit où l’homme réfléchit bien, c’est quand il est dans son état naturel. Photo tiers).
Tout celui qui raconte l’histoire du pays de Mille collines aurait pu commencer par : « Il était une fois deux peuples, Hutu et Tutsi… »
« Il existe, chez tous ceux qui acquièrent une prééminence, un début d’aveuglement et un risque d’ivresse. Les dieux rendent arrogant celui dont ils veulent la perte », disaient les Grecs anciens. Ces paroles tirées du livre de Amin Maalouf (Le labyrinthe des égarés. L’Occident et ses adversaires, Grasset 2023), me poussent non seulement à en faire miennes mais aussi à les développer en les adaptant à la situation que vit la RDC dans ses relations avec ses voisins.
Hier, l’Angola était dans une guerre fratricide de 25 ans. Il se relève petit à petit.
Comment aurait été la région des Grands Lacs (et singulièrement la RDC) si, le régime rwandais, après avoir gagné la guerre au Rwanda, avait décidé de tout mettre en œuvre pour amener la paix des braves ? Comment serait l’est du Congo si le vainqueur ne s’était pas fait le disciple de Hubris (le dieu grec de l’arrogance) ?
Parce que lorsqu’on a gagné une guerre aussi meurtrière et qu’on se présente en libérateur, ce qui est plus important après, c’est de chercher comment « gagner les cœurs et les âmes » des populations concernées.
Amin Maalouf ajoute ce qu’on appelle mixed blessing : « A la bénédiction apparente est mêlée une malédiction cachée et que parmi les malédictions cachées, il y a une qu’on a tendance à sous-estimer lorsqu’on gagne, celle du sentiment d’invincibilité ».
Ce sentiment ainsi développé avec arrogance peut se révéler calamiteux.
On ne peut pas, pour quelqu’un qui a souffert de l’exil forcé et de la nostalgie du pays natal, comprendre que l’on fasse subir aux vaincus les mêmes humiliations qu’on a combattues durant toute sa vie d’exilé.
Et vite, du haut de son piédestal, on ne voit pas le « vertige des cimes ».
Les populations de la région des Grands Lacs notamment celles de la CEPGL méritent de vivre en cohabitation et dans la fraternité. Les dirigeants de la région ont intérêt à favoriser les liens fraternels et culturels au lieu de chercher à revisiter les frontières, à combattre sur le sol du voisin et à imposer des stratégies de division des populations en lieu et place de les réconcilier.
L’on ne peut pas indéfiniment clamer haut et fort qu’il faut exterminer des Rwandais FDLR après avoir utilisé toutes les stratégies machiavéliques jusqu’à celle visible de Gaçaça.
On ne peut pas éternellement faire payer à la RDC la haine millénaire rwandaise entre Hutu et Tutsi, même alors que durant des années l’APR puis la RDF s’est pavanée dans les montagnes du Kivu à la recherche d’autres rwandais vomis et haïs, livrés à l’errance.
On ne défie pas l’histoire même lorsqu’on a cassé le retroviseur.
Héraclite enseignait que tout passe, tout change et qu’on ne se baigne jamais deux fois dans une même rivière.
Et Adou Alenga, chanteur congolais, repris par Dindo Yogo, un autre chanteur congolais, a rappelé : « Ata ndele mokili ekobaluka. Tôt ou tard, le monde va changer », les vaincus deviendront des vainqueurs ».
Car, un peuple blessé, humilié, diminué devient toujours une bombe à retardement.
Cette agression rwandaise de la RDC aura permis à la RDC de sortir du coma et de renforcer l’unité nationale. Désormais, plus rien ne sera comme avant dans les relations avec les voisins. Nous vous donnons la vraie information et nous en payons le prix. Soutenez-nous. Votre contribution est très attendue. Contacts utiles : +243 998 190 250 et/ou +243 824 244 844
Mathias Ikem