RDC/Beni. Les abbés Charles Kipasa et J-P. Akilimani exécutés en héros de l’évangile en 2019 par les ADF/MTM
(Les abbés Charles Kipasa et Jean-Pierre Akilimani, martyrs de la foi en Jésus-Christ. Archives Les Coulisses).
Enlevés dimanche 16 juillet 2017 vers 20 heures à leur paroisse Reine des anges de Bunyuka, les abbés Charles Kipasa et Jean-Pierre Akilimani ont été exécutés en mai 2019 par leurs ravisseurs, les ADF/MTM. Ligotés sur deux arbres au village Makembe non loin de la rivière Talya dans le Bashu, ils ont connu une mort cruelle.
Avant d’être exécutés, les islamistes de la cité sainte de Madina at Tawheed Wal Muwahedeen (ADF/MTM) leur avaient accordé la grâce, celle de prêcher pour la dernière fois ce qu’ils appellent la bonne nouvelle de leur Seigneur Jésus Christ.
Les deux abbés ont prêché devant les quelques otages la joie de l’évangile du Christ. Cela n’a duré que près de 10 minutes suffisantes pour demander pardon à Dieu afin d’accueillir leurs âmes auprès de lui. Tels sont les témoignages recueillis par la Rédaction centrale du journal Les Coulisses.
Avant de mourir, les deux abbés ont aussi prié pour le vieux Mulemberi, chef des cultivateurs du village Katanda et Chikuma, chef des cultivateurs de Mapigeon dans le Graben.
Ces deux messieurs détenaient les deux prêtres de la paroisse de Bunyuka avant de les remettre aux islamistes ADF/MTM : « Le vieux Mulemberi avait servi à récupérer les deux prêtres de la paroisse de Bunyuka pour les confier aux ADF/MTM. Ils nous l’ont déclaré avant de mourir. Nous avons vécu pendant deux mois avec eux. Avant d’être tués, sur injonction des ADF/MTM, ils nous ont prêché pour la dernière fois la bonne nouvelle de Jésus Christ à Makembe non loin de la rivière Taliya. Puis, ils les ont conduits sur le lieu du supplice, les ont ligotés sur deux arbres et les ont exécutés avec des machettes en les dépeçant par morceaux ». Triste réalité !
Pour la petite histoire, dimanche 16 juillet 2017, il est 20 heures quand les abbés Kipasa et Akilimani sont enlevés par une dizaine de personnes et leurs effets emportés dans deux jeeps ainsi qu’une moto de la paroisse. Cette nuit-là, Mgr l’évêque joint Lafontaine Kakule, vétéran chef des maï-maï PARECO pour solliciter son implication pour leur libération. Il était curieusement déjà au courant de cet enlèvement.
Au matin du lundi 18 juillet 2017, Lafontaine confirme être en contact avec la bande des ravisseurs et prévient qu’ils exigeront de l’argent. Peu de temps après Lafontaine exige 750 dollars $ qu’il recevra sans attendre.
Dans la journée, Mgr l’évêque répond à une 2ème demande d’argent (450 dollars $) sans que les deux prêtres ne soient libérés. Lafontaine rançonne Mgr l’évêque avec son ami Giome (Guillaume de son vrai nom Mumbere Augustin) qui répondrait de Kakolele Bwambale. Guillaume finit par changer de narratif. Il exige d’abord la libération du sanguinaire chef maï-maï Vita Kitambala, détenu à Goma avant de libérer les abbés.
Pendant près de six mois, la bande à Lafontaine Kakule, avec toutes ses ramifications, va faire balader Mgr l’évêque et encaissera au total une rondelette somme de 16.590 dollars $ sans que les deux otages ne soient libérés.
Au 1er octobre 2018, il eut les traces de signe de vie de nos deux abbés. Selon les messages retrouvés dans le téléphone d’un certain John Ndungo, ravitailleur des ADF/MTM et recruteur des maï-maï arrêté à Mutwanga par les FARDC et conduit à l’auditorat militaire à Beni. On les faisait déambuler entre Mutwanga et Lume et on envisageait les transférer vers Mwalika. Ce qui fut fait. C’est là finalement qu’ils seront tués.
L’histoire, éternel recommencement dans le Grand Nord
Dans le diocèse catholique de Butembo-Beni, l’histoire des enlèvements des prêtres suit presque le même cheminement. Les faits se déroulent presqu’à la même heure du soir. 20 heures 57 pour les pères Anselme Kakule, Edmond Bamtupe et Jean-Pierre Mumbere de la paroisse Notre Dame des pauvres de Mbau. 20 heures pour ceux de la paroisse Reine des Anges de Bunyuka.
Au départ, ce sont des groupes armés locaux qui prennent des prêtres en otages puis, ils les « vendent » aux islamistes ADF/MTM qui tentent de les convertir à l’islam. Après toutes les tentatives de conversion, découragés et offensés dans leur foi, les islamistes les exécutent. Comme pour les trois prêtres de Mbau, nos deux abbés ne connaîtront pas les sublimes attractions du tombeau. Parce que le cercueil qui est la maison de chacun, selon Gustave Flaubert, leur a été interdit. Naturellement leurs demeures se trouvent dans les cœurs de certains d’entre nous.
Les commanditaires et les exécutants existent dans la communauté.
Nos sources parmi les rescapés des ADF/MTM interrogées affirment la main sur le cœur qu’il y a de personnes influentes du Grand Nord qui ont des laissez-passer leur permettant de visiter les positions des terroristes ADF/MTM notamment dans Mwalika sans être inquiétées.
Le vieux Mulemberi est décédé mais son fils Erasme poursuit l’œuvre de son défunt père.
Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira. Seigneur, prends pitié de nous.
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Les Coulisses (Service de documentation et enquêtes).