RDC/Beni. Après 12 ans, les langues ne se délient toujours pas sur le mystère des « Disparus » de la paroisse Notre Dame des Pauvres de Mbau
Ce 19 octobre 2012, ils étaient à quatre dans leur couvent de Notre Dame des Pauvres à Mbau. Les pères assomptionnistes Anselme, Edmond, Jean-Pierre et Joseph. Il est resté un seul survivant de quatre, le père Joseph Katekumundu.
Les pères Ndulani, Wasukundi et Kisughu sont portés disparus aujourd’hui douze années.
Humainement parlant, le père Joseph Katekumundu a eu la vie sauve parce qu’il a réussi à s’enfermer dans sa chambre et que la serrure de la porte n’a pas cédé.
Spirituellement, Dieu lui a fait grâce pour témoigner de ce qu’il a vécu, de ce qu’il a entendu et vu de ses propres yeux. Le fera-t-il un jour avec toute la sincérité et la bonne foi d’un prêtre ?
Le père Joseph Katekumundu, le rescapé, est un témoin de Dieu. Il a reçu la grâce de témoigner sans avoir peur de la réaction des hommes. C’est cela sa croix : dire la vérité sur ce qu’il a vu de ses propres yeux et entendu de ses propres oreilles. Dire la vérité sur ce qu’il a entendu à propos de l’argent. Mais douze années de silence, c’est trop. Ils ne veulent pas qu’on évoque ce douloureux souvenir. Ils nous demandent de nous taire, de ne pas parler de cette tragédie dans un couvent des prêtres catholiques.
A l’époque, certains Assomptionnistes justifiaient leur haine contre le journal Les Coulisses en ces termes : « « Le journal les Coulisses fait beaucoup de recettes dans cette affaire ; raison pour laquelle Nicaise n’arrête pas d’écrire sur les prêtres disparus ». Se taire, est-ce la solution ? Pourquoi la recherche de la vérité sur ce qui s’est passé autour de cet enlèvement devrait-elle engendrer tant de haine ?
Disparus ou morts, nos trois prêtres sont depuis invisibles à nos yeux. Qu’on ne se trompe pas avec les mots. Douze années déjà, les « disparus » n’ont toujours pas de sépulture ni un sanctuaire pour la prière. Pourquoi devraient-ils disparaître sans raison ? Mystère !
A ce mystère de la disparition (sans raison) est venu se greffer un autre mystère, celui des « prêtres » ayant été vus par une personne ayant toutes ses facultés et qui donnait publiquement la (Bonne) nouvelle à Oïcha : Ils se portaient à merveille.
Paradoxe. Des prêtres en bonne santé dans une forêt, loin de leurs paroissiens. En pleine forêt entre les villages de Kikingi et Ndama dans une zone sous contrôle des islamistes MTM. En pleine forêt, on est dans le dénuement le plus total. Pas en bonne santé.
Deux témoins déjà. Le père Joseph Katekumundu, rescapé de cet enlèvement et mwami Saa Mbili Bamukoka de Watalinga. Le père Joseph à qui le Seigneur a fait gratuitement la grâce d’échapper à ce kidnapping doit témoigner. Parce que le bonheur missionnaire est inséparable de la vérité.
Le témoignage, le vrai, est une délivrance. L’Église n’a pas mission de causer des blessures mais de les guérir. Il fut un temps certaines personnes ne croyaient pas à l’activisme terroriste des ADF/MTM et rejetaient les investigations du journal Les Coulisses. Ces personnes peuvent-elles aujourd’hui accepter que les prêtres sont morts décapités, ayant refusé la conversion à l’islam ? Nos trois prêtres Jean-Pierre, Edmond et Anselme sont des héros dans la foi. Ils n’ont pas renié leur foi au Christ ressuscité même lorsque leurs bourreaux leur ont promis la vie s’ils acceptaient de se convertir à l’islam. Nos trois prêtres sont au paradis. Ne les cherchez plus dans la forêt du Ruwenzori.
Douze années, un douloureux anniversaire qui hante certains esprits. De la sorte que nous qui sommes restés, cœurs endurcis, nous nous consumons dans le feu de la haine des hommes.
Répondant à sa propre question du pourquoi la vérité engendre-t-elle la haine, Saint Augustin de qui dépendent les prêtres kidnappés nous enseigne que « Dans la controverse, il faut porter un esprit d’humilité et de charité » et que nous devrions avoir le goût des larmes (non des injures) pour que, quand nous avons chuté, nous puissions nous repentir pour obtenir réparation et grâce.
Saint Augustin enseigne aussi que « Pour reconnaître un objet perdu, il faut s’en souvenir ».
Morts pour nous et à notre place, Jean-Pierre, Edmond et Anselme ont déjà une demeure dans les cieux. Leurs vies n’ont jamais été détruites mais transformées. Ne les cherchez plus sur terre.
Par leur mort, ils sont entrés dans le mystère de l’espérance chrétienne et de la véritable vie.
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Nicaise Kibel’Bel Oka