RDC. Julien Paluku Kahongya : » Réduire la facture des importations en transformant nos produits localement, c’est la mission nous assignée par le Chef de l’État «
(Julien Paluku Kahongya, ministre RD-congolais de l’industrie. Archives Les Coulisses)
Les Coulisses : Monsieur le ministre de l’industrie, certaines langues disent ne pas sentir jusque-là l’empreinte de votre ministère sur la société congolaise ?
Julien Paluku Kahongya : Lorsqu’il a plu au Chef de l’État de nous confier ce ministère, les mêmes gens ont crié en disant que c’était une coquille vide. Les gens devraient commencer par lire et comprendre le Plan Directeur de l’industrialisation (PDI) pour comprendre la vision du Chef de l’État et la mission assignée au ministère de l’industrie. La vision du Chef de l’État est de transformer les produits (congolais) localement afin de réduire l’ardoise des importations. Elle coûte à la république entre 6 et 7 milliards de dollars $ par an. Nous travaillons pour limiter la facture des importations des produits et donc notre rôle est d’accompagner les opérateurs économiques à créer, innover pour renforcer l’industrie locale.
L.C. : Concrètement quelles sont les actions déjà entreprises par votre ministère ?
J.P.K. : Restons dans le domaine de la création des industries locales dans les Zones Economiques Spéciales. A Kinshasa, il faut visiter la ZES Maluku pour mesurer la détermination du gouvernement. Des entreprises comme SA¨HIR (pour la production des carreaux et faïence), PEPSI s’installent déjà. Dans le Kongo central, nous avons encouragé la mise sur pied d’une usine de fabrication des sacs (emballages) du ciment. Les cimenteries importaient plus de 40 millions d’enveloppes (sacs vides) par an. Aujourd’hui, il y a déjà 200 emplois créés sur place. Les cimenteries CIMK, PPS et CILU ont gagné dans la réduction du coût de l’importation. Au Katanga, grâce à l’accompagnement du Fonds de Promotion de l’industrie (FPI), une usine de tuyauterie servant à la fabrication de tuyaux a été mise sur pieds. Personne n’ignore que tous les miniers utilisent des tuyaux. Nous avons identifié le Haut-Katanga comme site qui devra servir à l’érection de l’industrie de chaînes de valeur des batteries électriques. On peut évaluer la plus-value en termes d’emploi à créer. Dans le Sud-Kivu, il y a la relance de la Sucrerie de Kivu (anciennement KILIBA). Dans l’ex province Orientale, le Conseil des ministres a adopté le 9 septembre 2022 le plan de la relance des activités de la Société Textile de Kisangani (SOTEXKI avec une enveloppe de 17,5 millions de dollars$). La SOTEXKI produira de 10 à 12 millions de mètres de tissus. Cette relance permet de booster la filière coton notamment à Dingila (Bas-Uélé) où il existe un parc agro-industriel. Dans le Nord-Kivu, nous saluons la construction de la minoterie Mont Gabaon d’une capacité de production de 200 tonnes de farine par jour et d’un stockage de 7500 tonnes. Ces efforts, certes minimes, permettent effectivement de limiter la facture des importations en RDC. Le gouvernement travaille effectivement pour le bonheur des Congolais. La RDC est devenu un chantier actif et nous tenons à en faire davantage.
L.C. : On vous fait le reproche de ne pas promouvoir l’industrialisation dans le Grand Nord, votre espace naturel. Pourquoi vous semblez délaisser le Grand Nord ?
J.P.K. : D’abord, il faut rappeler que les opérateurs économiques de tous les coins de la RDC ont le devoir d’exprimer des besoins. Dans l’est du pays, on peut comprendre la réticence des gens à solliciter des crédits à cause de l’insécurité. Mais, dans les affaires, il faut de temps en temps savoir prendre des risques. Pour revenir à votre préoccupation, nous avons créé la Zone économique spéciale de Musienene en nous appuyant sur la SAPEDIC (Synergie d’Actions de protection des écosystèmes pour le développement intégral du Congo), un projet autour du parc national des Virunga qui bénéficie du courant électrique de Alliance Virunga Sarl. Le FPI a débloqué 350 millions de dollars $ pour des études de faisabilité certifiées avant d’accorder ce statut de ZES. Ce qui permet à la ZES/ Musienene de vendre son espace pour séduire les investisseurs qui le souhaitent. L’homme d’affaires Maliona en est le P-DG. Il va développer la ZES/Musienene. Butembo a connu des usines (à thé) à Butuhe et COBKI. Il faut les relancer.
Bref, en tant que ministre de l’industrie, Julien Paluku Kahongya a lancé un appel aux opérateurs économiques puisque les fonds sont disponibles. Il est question d’adresser des demandes, c‘est-à-dire monter des projets bancables pour la faisabilité. Il est clair que l’industrie (production) locale encadrée par le ministère de l’industrie aura pour conséquence la création de centaines d’emploi des jeunes et pour dommage collatéral positif la diminution de l’insécurité grâce aux emplois créés pour les jeunes. Voilà pourquoi le FPI peut contribuer à lutter contre l’insécurité dans le pays. Dans la responsabilité qui est la nôtre d’exécuter la vision du Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi, nous avons le défi de changer la perception de la vie institutionnelle afin de laisser des signaux positifs. Le ministère de l’industrie n’est pas un mouroir, il fait vivre la nation.
Nous vous donnons la vraie information et nous en payons le prix. Soutenez-nous. Votre contribution financière est attendue. Contact utile : +243 998 190 250 et/ou +243 824 244 844
Interview réalisée par Nicaise Kibel’Bel Oka
www.lescoulissesrdc.info