lundi, octobre 14, 2024
Politique

Tshisekedi-Macron. Convergences parallèles sur l’agression et le projet de balkanisation de la RDC

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Kinshasa aura été un pire cauchemar des 18 tournées africaines pour le président français Emmanuel Macron. Entré sur le sol congolais presque ni vu ni connu et reparti comme il est entré (c’est ce qui fait la différence entre le pape François et lui : le peuple et la communion fraternelle), Emmanuel Macron a eu du mal à trouver des réponses justes aux questions de la presse. Jusqu’à prendre une posture défensive et lâcher comme un néophyte de la géopolitique de la région des Grands Lacs : « Pardon de le dire dans des termes aussi crus. Depuis 1994, vous n’avez pas été capables d’assurer la souveraineté de votre pays. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur. » Naturellement, cette phrase, dans toute son invraisemblance, a tiqué ceux des Français qui maîtrisent les questions géopolitiques et géostratégiques des Grands Lacs ; questions sur la mission des soldats français de l’opération Turquoise, à la base de la crise entre la France et le Rwanda et qui ont conduit à des mea culpa éhontés de la part de la France des jeunes présidents dont Sarkozy et Macron. Au cœur des contradictions qui le caractérisent et tenant à défendre une certaine neutralité politique, Emmanuel Macron se ressaisit pour dire la vérité à la manière du pape François. Il rectifie avec précision les propos du président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi qui dénonce d’entrée des jeux « Nous faisons face à une agression barbare et injuste de la part de notre voisin, le Rwanda ». Emmanuel Macron, portant la vérité de l’agression dont est victime la RDC dans un projet de balkanisation auquel Kigali joue avec finesse le rôle de sous-traitant sur la place publique, fixe l’opinion des Congolais : « Ce n’est pas une agression d’une puissance extérieure. Ils sont soutenus par plusieurs puissances extérieures dans une logique de prédation. » En clair, que serait le régime de Kigali sans le soutien des grandes puissances ? Il précise comme le dit la sagesse congolaise que le sorcier de l’extérieur ne peut accéder à votre maison qu’avec la complicité des fils de la maison « Ces groupes ont aussi les ressortissants qui sont de votre pays. »  

Le Rwanda de Kagame n’est qu’un instrument des grandes puissances pour déstabiliser la RDC et accéder illicitement aux ressources naturelles. Pour y réussir, le Rwanda crée des rébellions depuis l’AFDL jusqu’au M 23 (2ème épisode) sur instrumentalisation de la minorité Tutsi. Bref, Kagame se sert de certains compatriotes pour affliger mort et désolation à des Congolais. La composition des rébellions fabriquées depuis Kigali et Kampala en témoigne. Sur les traces du message du pape François à la communauté des puissances prédatrices, Emmanuel Macron se mord la langue : « La RDC ne doit pas être un butin de guerre, le pillage à ciel ouvert doit cesser. Ni pillage, ni guerre, ni balkanisation en RDC »

Enfin, le président français donne la thérapie de choc, le seul remède qui fait défaut depuis le départ de Mobutu du pouvoir pour mettre un terme à l’aventure des charognards, à la convoitise et à l’hégémonie expansionniste des voisins. Bref, au projet de la balkanisation de la RDC : « Bâtissez une armée solide, construisez la sécurité autour de l’État, partout sur le territoire. Faites passer la justice transitionnelle pour qu’il n’y ait pas de criminels de guerre, de coupables encore en responsabilité. Soyez intraitables avec tous les voisins. »

Comment serons-nous intraitables avec nos voisins si les politiciens congolais continuent à faire le pèlerinage politique à Kigali et Kampala ? Comment bâtirons-nous une justice si la Commission Vérité et Réconciliation mise en place à Sun city a été étouffée dans l’œuf ? Comment le ferons-nous si le parlement congolais a voté une loi qui interdit à un ancien Premier ministre de répondre de ses actes devant la justice ? Le président français a le mérite de poser sur la table ce déficit démocratique pour scruter la classe politique congolaise qui accède aux hautes fonctions après avoir participé aux massacres des populations à l’est et sur une justice inopérante, bancale et incapable de s’assumer comme pouvoir indépendant. Lire à cet effet utilement « Les marionnettes congolaises » de Nicaise Kibel’Bel Oka, Éditions du Panthéon, Paris, 2012.  Aujourd’hui plus qu’hier, il est impérieux pour la RDC de bâtir une armée forte, républicaine et professionnelle. La loi de programmation ne doit pas être un slogan mais répondre à la volonté politique et aux nombreux défis auxquels font face les forces de défense et de sécurité de la RDC en terme de formation, d’intelligence prévisionnelle, d’anticipation et de logistique. Il est inconcevable que depuis le départ du maréchal Mobutu, on n’ait jamais construit une seule caserne militaire répondant aux normes des menaces actuelles et du futur. Sur ce point, la Rédaction centrale du journal Les Coulisses est d’accord avec le président Emmanuel Macron. Tout doit partir avant tout des Congolais eux-mêmes. Il faut dire que la chaleur dégagée tout au long de la conférence de presse par le président Félix-Antoine Tshisekedi a contaminé Emmanuel Macron au point de le sauver d’une noyade politique. De tels moments, on ne les oublie jamais dans la carrière politique. Macron est reparti de la RDC sans nommer le Rwanda dont l’armée (RDF) se bat au Mozambique pour les intérêts économiques (exploitation du bloc gazier par Total Energies) de la France. Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

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