Paris-Kigali-Luanda-Brazzaville-Libreville-Kampala. la RDC absente de la géopolitique du pétrole
(Paris. Palais de l’Elysée. Le président Macron reçoit son homologue congolais Félix Tshisekedi. Photo tiers).
Au mois de mai 2022, la Tanzanie a signé un Accord pour la construction de pipeline d’une longueur de 1400 kilomètres. Ce pipeline part du lac Albert (district de Hoïma) jusqu’au port de Tanga (Tanzanie). La française Total Energy va financer le projet à hauteur de 10 milliards de dollars $. Après son déplacement aux États-Unis, le président Yoweri Kaguta Museveni signe avec les Américains un deal pour financer à hauteur de 4 milliards de dollars $ la construction de la raffinerie du pétrole. Le pétrole du lac Albert soulève l’équation sécuritaire qui déstabilise l’Ituri et le Ruwenzori (RDC). D’où cette pertinente question : Où est la part de la RDC dans les réserves pétrolières des Bloc I et II estimées après des études sismiques (3D permettant d’atteindre la même évaluation que l’Ouganda) à 3 milliards de baril ? En décembre 2022, les États-Unis ont signé un accord avec la RDC et la Zambie pour les batteries électriques. La Chine s’y intéresse aussi (lire article sur la réunion stratégique de l’ambassadeur de Chine avec le ministre de l’Industrie Julien Paluku Kahongya www.lescoulissesrdc;info).
Emmanuel Macron et l’Afrique centrale.
La tournée africaine du président Emmanuel Macron provoque des polémiques. Nombreux reprochent à la France sa politique hégémonique en Afrique faisant main basse sur les ressources naturelles de l’Afrique. Logiquement le président Macron devait visiter tous les pays africains avec qui la France est en affaires. Face aux tensions actuelles dans certains pays francophones, la France qui prend la température de son rejet ne peut se le permettre. Géopolitique oblige. La France fait des affaires en Afrique notamment dans l’industrie pétrolière à travers Total Energies. Gabon, Angola, Congo-Brazzaville… Et bientôt l’Ouganda et le Mozambique. Ceux qui savent lire les signes du temps doivent comprendre pourquoi en 2000, la France qui louait juste le 14ème niveau d’un immeuble perdu en plein Kampala s’est résolu à construire une ambassade solide dans un pays anglophone. Le pétrole du lac Albert à la frontière avec la RDC. La justice française vient de débouter les ONG de l’environnement qui s’opposaient à la construction du pipeline. Tout au comme au Mozambique : l’off-shore dans le bloc gazier de Praia.
Pour faire vrai, la France qui exploitera le pétrole du lac Albert avec la Chine, a misé gros sur les moyens. Elle forme des soldats de l’Uganda People’s Defence Forces (UPDF) pour la protection des sites de Total Energies contre les groupes armés notamment ADF/MTM. A travers la Brigade de montagne (Mountains Brigade) qui combat aux côtés des FARDC contre les islamistes MTM, la France fournit des équipements militaires à l’Ouganda. La même France a cherché et trouvé un pays, le Rwanda (État client) qui pouvait assurer la défense de ses intérêts au Mozambique. La base d’Afungi (ville de Palma) où le groupe Total Energies avait installé son projet gazier et avait investi 20 milliards de dollars $ fut occupée par Al Sunnah. Kigali, pour avoir accepté de mouiller le treillis loin de ses frontières, bénéficie en retour outre le soutien militaire, des soutiens de tout genre de la part de la France. Dans les deux cas, la France combat par l’UPDF et la RDF interposés les jihadistes pour exploiter le pétrole et le gaz. Ce qui est frappant, c’est de constater que durant des années, des experts occidentaux ont dopé certains apprentis sorciers congolais pour nier la présence jihadiste dans le Ruwenzori. Les congolais sont devenus amnésiques au terrorisme islamiste. Jusqu’à mettre les tueries sous la responsabilité des FARDC et à prendre des sanctions notamment contre le général Charles Akili Muhindo Mundos. Or, la France, consciente du danger que représente les islamistes MTM dans le sabotage de ses intérêts, a tôt fait de former, entraîner et équiper l’UPDF. De même pour le nord du Mozambique où les islamistes de Al Sunnah nuisent aux intérêts de la France. En RDC, intellectuels, notables, religieux & Cie nient carrément cette réalité. Ils doutent, s’en moquent et vilipendent tous ceux qui tirent la sonnette d’alarme. Dans l’entretemps, on observe avec étonnement le suréquipement de l’armée d’un petit pays qu’est le Rwanda.
Deux réalités sous forme de questionnement doivent faire réfléchir la classe politique et les intellectuels congolais. Primo, pourquoi la RDC qui partage les eaux du lac Albert avec l’Ouganda n’a jamais exploré, prospecté et cherché des majors pour exploiter son pétrole ? En des termes simples, pourquoi la RDC refuse-t-elle d’exploiter conjointement le pétrole du lac Albert avec l’Ouganda ? Qu’avons-nous gagné en confiant les blocs pétroliers à Dan Gertler pour les contempler à la manière de la vénus de Milo ? Secundo, pourquoi les intellectuels congolais refusent de reconnaître les ADF/MTM comme mouvement terroriste membres avec Al Sunnah de la province Afrique centrale de l’État islamique (IS-CAP) ? Jusqu’à quand comprendrons-nous que les ADF/MTM dont la RDC doute le degré de nuisance et l’allégeance à DAECH forment un même corps avec Al Sunnah du Mozambique et que, demain, l’armée rwandaise (RDF) avec l‘expérience et les moyens logistiques qu’elle acquiert dans cette lutte pourrait se jouer des FARDC dans le Kivu et l’Ituri ? Récemment avec le concours de la France, l’Union européenne a débloqué 20 millions d’euros en faveur du Rwanda dans sa lutte contre Al Sunnah au Mozambique. Depuis le 2 mars 202, les Américains ont mis en jeu 5 millions de dollars $ contre Seka Moussa Baluku, chef des MTM. Tous ces faits peuvent expliquer pourquoi la France soutient Kagame jusqu’à lui confier la francophonie. Les États n’ont pas d’amis, rien que des intérêts. Il fut un temps où seules les guerres faisaient progresser la science, les techniques et la médecine. Aujourd’hui, sous les eaux comme dans l’espace, les industries ont pris la relève. Parce qu’en terme géopolitique, à la suite des Américains (Oil men), la France a compris que toute nation qui découvre du pétrole et du gaz s’affranchit. Le pétrole et le gaz. En termes techniques et scientifiques, l’off-shore a fait réaliser à toutes les branches de l’activité humaine qu’il fait vit et dont il vit, des progrès foudroyants. L’électricité obtenue grâce aux hydrocarbure (gaz, pétrole et asphalte), c’est l’industrie qui fait vivre toutes les autres. Ce qui fait dire encore aux experts : « sans le pétrole et sans le gaz, le monde s’arrêterait net. » Que devrions-nous dire au président Macron ? Pourquoi ne pas faire appel à Total Energies et à la Chine pour exploiter notre pétrole ? De la sorte, cela nous permettre de combattre les terroristes MTM, le Rwanda et les tous les vautours qui convoitent nos richesses ?
Où sont passés les accords de Ngurduto de 2007 ?
Le 8 septembre 2007, la RDC avait signé les Accords de Ngurduto à Arusha (Tanzanie). Ces accords jetés aux oubliettes devraient permettre à la RDC avec l’Ouganda et la Tanzanie sur l’exploitation commune du pétrole du lac Albert. De la sorte, l’instabilité dans la région pourrait diminuer sinon disparaître. Selon les études de l’évaluation sur l’impact économique de la production du pétrole dans la région, la somme de 25 milliards de dollars $ (10 milliards $ pour la construction de pipeline, 4 milliards $ pour la raffinerie et 15 milliards $ pour l’usine de production du pétrole plus services connexes) serait avancée comme bénéfice immédiat à tirer. Les analystes des questions sécuritaires et économiques sont sans appel : La RDC finira par signer un accord de partenariat pour le passage du pétrole congolais dans le pipeline ougando-tanzanien. » Mais à quelle date ? Il faut battre le fer quand il est chaud. Qui dit mieux !
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Nicaise Kibel’Bel Oka