Israël, démystifié par le Hamas et Hezbollah. Conflit au Proche-Orient pareil à celui de la RDC ?
(Bombardements israéliens de la bande de Gaza en représailles contre le Hamas. Photo tiers).
Attaques massives, frontales et contrôlées sur terre, par mer et par voie céleste des combattants du Hamas contre Israël samedi 7 octobre 2023, jour du Sabbat. Le Hamas a donné un spectacle inédit aux allures du 11 septembre prenant les services du renseignement israélien de court et par surprise. Cette attaque discrètement bien préparée mêle acte de guerre et terrorisme.
Tout a commencé par Rave Party, où près de 6 mille jeunes assistaient à un festival de musique. Plus de 200 tués, des véhicules carbonisés, pire qu’un carnage avant de gagner d’autres lieux.
Du coup, le monde civilisé constate avec surprise la faillite du renseignement israélien mais également la sous-estimation de l’ennemi. Le mythe s’est brusquement écroulé. Israël réagissait en engageant sa force et en faisant appel à 300 mille réservistes mobilisés pour appuyer l’armée. Pareille attaque de grande envergure, aux contours sophistiqués sur le sol israélien ne pouvait sortir que de laboratoire des stratèges après une préparation de longue date.
Et pourtant !
Depuis 2006, le désordre régnant dans la bande de Gaza a favorisé l’implantation des terroristes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils s’infiltrent depuis l’Égypte voisine. Au nord, le Hezbollah (parti de Dieu), la milice chiite inféodée à Téhéran, occupe des pans de territoires. Ce, grâce à une nouvelle tactique adoptée sous l‘impulsion de Hassan Nasrallah. Comme pour Bataclan à Paris, ce qui arrive aujourd’hui a pris le monde entier à la gorge.
Le Hamas aidée par Hezbollah contre Israël
Frappé par surprise et de la manière la plus honteuse possible, Israël vanté pour ses services du renseignement les plus sophistiqués au monde n’a eu que des larmes et de la colère pour pleurer ses morts. Dès l’instant que cette attaque obéit à une analyse géopolitique et géostratégique.
Sur le plan du renseignement, Israël a été tenu en échec. Ses services du renseignement ne semblent pas avoir réussi à pénétrer les cellules opérationnelles du Hezbollah. Ses groupes sont constitués d’individus se connaissant de longue date, voire appartenant à la même famille. Tout nouveau venu est dont immédiatement détecté. Beaucoup des civils sont les « yeux et les oreilles » du mouvement.
Sur le plan opérationnel, les combattants chiites ont été scindés en unités de petite taille, d’une dizaine à une trentaine d’hommes. Ils ont reçu un entraînement intensif au combat urbain et à l’emploi des explosifs. Pour les soutenir, ils ont construit des bunkers, des caches d’armes.
Le commandement militaire du Hezbollah a accordé une grande autonomie aux unités combattantes, divisant le Sud-Liban en plusieurs zones militaires et déléguant l’autorité aux plus bas échelons. Cette décentralisation a permis une grande flexibilité et une bonne réactivité au cours des affrontements.
L’armée israélienne habituée à affronter des armées conventionnelles et des organisations terroristes semble avoir été déroutée par la tactique du Hamas aidé par la milice chiite avec sa souplesse de guérilla. C’est un cocktail explosif Al-Qaïda, Hezbollah et Hamas.
Créée en 1987, cette organisation terroriste est née de la haine, de la paranoïa et du projet apocalyptique de détruire Israël grâce à un nombre illimité de kamikaze et au soutien financier de l’Iran.
Coup d’œil sur la RDC et le Rwanda
Le conflit israélo-palestinien peut, à des proportions différentes, être comparé à celui entre la RDC et le Rwanda. Le Rwanda de Kagame, minuscule État de la région des Grands Lacs a assis sa politique sur deux piliers, la géographie et la démographie qui définit l’État voyou. Le Rwanda de Kagame est un État qui vit de la violence et qui déstabilise ses voisins. Il est rendu invincible, non condamnable grâce au soutien des grandes puissances.
Comme pour la Palestine, la tragédie de la RDC n’est pas une priorité pour les Occidentaux. Les morts de la RDC ne méritent aucune compassion de la part de tous ceux qui soutiennent le Rwanda. Le Rwanda a été doté d’un arsenal militaire impressionnant avec lequel il agresse la RDC et occupe par ses marionnettes du M 23 interposés des territoires entiers de la RDC sous prétexte de protéger une minorité ethnique et de combattre les FDLR.
Demain, c’est un autre jour
Israël a lancé l’opération « Épées de fer » contre le Hamas (et donc contre les Palestiniens). Des lourds moyens sont engagés pour neutraliser le Hamas. Le Proche-Orient est au bord du gouffre. Curieusement, l’avenir se joue sans les Palestiniens. Tous les signaux contredisent le discours occidental de deux États et la politique israélienne qui ne cache plus sa volonté de domination. La démonstration de force du Hamas a mis en doute la confiance aveugle d’Israël à une certaine capacité à défendre sans faille le pays avec des moyens technologiques sophistiqués.
Que nous réserve demain ? Difficile de le prédire.
Comme dans la région des Grands Lacs, l’avenir est incertain. La nature des attaques du Hamas avec de nombreux infiltrés qui ont réussi à pénétrer sur le sol israélien sans difficulté nous rappelle le phénomène ADF/MTM dans la partie orientale de la RDC. Entraînement par des instructeurs non congolais à la guerre asymétrique, recrutement au sein de la population locale, enlèvement par des combattants de plusieurs personnes, ouverture de plusieurs fronts au même moment, destruction gratuite des vies humaines.
Comme pour les ADF/MTM dans le Ruwenzori, Hezbollah et Hamas sont prêts à se sacrifier en bombes humaines, le martyre étant pour eux un objectif glorieux à atteindre. L’effet psychologique de cette méthode est double : déclencher l’indignation des Occidentaux et accroître la haine des populations musulmanes contre Israël.
De même que le M 23 peut attaquer des localités entières, tuer et jeter des corps dans des fosses communes, pousser des populations à l’errance dans l’objectif d’amener les grandes puissances à financer davantage le Rwanda. Ici et là, pousse la haine indomptable.
Lorsque le journaliste d’investigation Nicaise Kibel’Bel Oka expliquait les attaques des terroristes islamistes ADF/MTM dans la région de Beni, les experts et le monde occidental passaient le temps à chercher des coupables au sein des FARDC, à prendre des sanctions contre le général-major Muhindo Mundos (qui est toujours sous sanctions internationales), à vilipender les services congolais du renseignement et à tourner les FARDC en bourrique.
Or, comme avec le Hamas et Hezbollah, les terroristes islamistes, défiant les armées modernes, sont rompus à des stratégies maintes fois renouvelées et réinventées pour maintenir la pression sur les populations civiles.
La guerre dans l’est de la RDC, déclenchée par le Rwanda et par les ADF/MTM, ressemble à peu de choses près à celle du Proche-Orient. Malheureusement elle est complètement oubliée. Dans son cycle infernal, elle produit des monstres à cause des blessures.
Nous vous donnons la vraie information et nous en payons le prix. Soutenez-nous. Votre contribution financière est attendue. Contact utile : +243 998 190 250 et/ou +243 824 244 844
Mathias Ikem