RDC/CENCO. Mgr ya Philippe Nkiere, fondateur ya « Ekolo ya Bondeko », rappelé auprès du Père, sera inhumé vendredi 22 novembre
(Mgr Philippe Nkiere Kena, évêque émérite du diocèse catholique d’Inongo. Photo tiers).
Toute sa vie aura été un exemple de fraternité, d’humilité et d’amour du prochain. Monseigneur Philippe Nkiere Kena fut un homme exceptionnel, un homme de bien. Un vrai disciple du Christ. Je revis encore notre partage à la paillote des sœurs Orantes de Beni en 2002 avec cet homme qui parle avec des mots de douceur qui arrache des larmes tant son parcours sur terre fut d’une exemplarité incroyable. Je relis encore les notes prises.
Abandonner (sa) vie de couvent doré (élu pour un mandat de 7 ans Assistant du Supérieur général lors du chapitre général de la Congrégation des Missionnaires de Scheut et réélu en 1981 pour un second mandat qu’il ne finira pas à cause de son ex claustration en 1984), il faut être appelé par l’esprit de Dieu.
Son audace prophétique le conduira effectivement à abandonner cette vie pour s’occuper des marginaux (les Chégués). Parce que le Christ est dans le pauvre. Il avait compris que : « Le nerf du mal, c’est la façon de considérer l’autre et c’est là la racine du péché. Ce péché mettait enjeu toute la dimension sociale, économique et la rendait déséquilibrée ne permettant pas à la société d’avancer ». Comment s’y prendre alors sinon : « Suivre le chemin tracé par Jésus. Il n’a rejeté personne mais s’était orienté davantage vers les exclus de son temps vivant avec eux, luttant pour eux et par eux ».
C’est cette option que Ya Philippe Nkiere Kena prit toute sa vie. De là a surgi toute la puissance, une force d’amour qui l’a habité durant tout son sacerdoce à la manière dont le Christ a investi ses apôtres afin qu’ils transforment le monde fratricide en un monde fraternel. Tous sommes frères et sœurs (Matthieu 23, 8).
Il n’avait rien inventé car, me dit-il, « Cette conscience de la dignité de tout homme, particulièrement des pauvres, est constante dans la pensée sociale de l’Église ».
Face à mon étonnement doublé d’admiration, Mgr ya Philippe précisa son audace prophétique avec des mots pathétiques en citant Gutierrez : « Opter pour les pauvres, dit Gutierrez, c’est s’engager à être pauvre, s’efforcer d’être présent au monde des pauvres. C’est s’efforcer de vivre avec les pauvres, d’avoir parmi eux des amis, de s’engager dans leur classe, leur race, leur culture : de vivre effectivement avec les pauvres. L’option pour les pauvres n’a rien de facile : elle mène plutôt à un partage de souffrances, à longueur de vie ».
Pour lui, l’Église, notre Église a besoin d’un Gandhi qui irait à la base, s’assimiler au petit pour ouvrir une autre marche, celle qui part des petits, des exclus, symbole de la majorité de notre monde.
Né en 1938, ordonné prêtre le 2 août 1964 en Belgique, il poursuit ses études à Rome (5 ans) 1970. Il revient au pays et enseigne la théologie morale à Kananga avant d’être élu en 1974, assistant du Supérieur général pour l’Afrique au chapitre général de la Congrégation des Missionnaires de Scheut. Récupéré par Vatican après son ex claustration pendant son expérience en communauté avec les marginaux de la ville de Kinshasa, il est nommé évêque coadjuteur de Bondo (9 mois) avant d’être titularisé (7 ans) toujours comme évêque de Bondo. Il est le premier à prendre position contre la venue des éleveurs Mbororo dans son diocèse en pleine rébellion du MLC de Jean-Pierre Bemba. Il sera ensuite muté dans son diocèse d’origine à Inongo en 2016.
Cet homme exceptionnel a fait de l’Évangile un style de vie qui témoigne de la joie de la bonne nouvelle et du soulagement qui est une guérison. Il était un vrai médecin de l’âme.
Avec la sœur Isabel Correig, tous deux religieux missionnaires, il fonde le groupe « Ekolo ya Bondeko », une idée née à partir de la récollection donnée à un groupe des jeunes filles qui voulaient avoir plus de renseignements sur la vocation missionnaire : « Annoncer Jésus-Christ en devenant frères et sœurs, avant tout de ceux qui sont « loin » : les marginaux ; les mal aimés, ceux qui sont seuls, les plus pauvres d’Afrique » avec comme mot d’ordre « Fongola miso, fungola motema ». Car l’Évangile appartient en premier lieu aux gens humbles et il faut le leur rendre.
Ouvrir les yeux pour voir autour de nous des frères et sœurs déchus et bannis ; ouvrir le cœur pour les accueillir en nous, vivre en communion avec eux en créant des liens nouveaux et en rétablissant des liens brisés.
Mgr ya Philippe Nkiere Kena, évêque émérite d’Inongo est décédé le 6 novembre 2024 à Kinshasa. Il sera inhumé vendredi 22 novembre 2024.
Nos larmes d’amour vous accompagnent ya Philippe dans la joie jusqu’aux pieds du Christ dont vous avez été témoin et que le Seigneur vous accorde une place dans son royaume.
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Nicaise Kibel’Bel Oka