(Goma. Photo de famille à la fin de la conférence. Assis de G. à Dr. Kibel’Bel Oka, Mme Christelle et Jean-Paul Barungu).
Métier exaltant mais en même temps métier délicat et à hauts risques. Voilà pourquoi ce métier a été balisé par des instances régulatrices dont les principales demeurent la déontologie du journalisme et la loi sur la liberté de presse. Le tout lié par une interpellation éthique personnelle.
Mais « Qu’est-ce un journaliste ? Qui est appelé à exercer ce métier ? » se posant cette question, le conférencier Nicaise Kibel’Bel Oka y a répondu directement : « Celui qui a pour métier collecter, traiter et diffuser. Celui qui respecte le code d’éthique et de déontologie ainsi que les lois du pays. L’éthique renvoie à la morale suivant la question : « Quel est le mieux à faire dans une situation donnée ? »
Nicaise Kibel’Bel Oka s’est alors attardé sur la bible du journaliste en fournissant un éclairage utile pour la compréhension de la suite de son exposé. La mission du journaliste se résume : informer, éduquer et distraire. La conscience du journaliste reste donc le premier tribunal, la première déontologie. Se pose la question fondamentale de l’éthique pour les acteurs des médias.
Pour le journaliste Kibel’Bel Oka, c’est tenir compte des attentes légitimes du public, dans une société qui reconnaît et respecte le droit à l’information et la liberté de la presse comme faisant partie des droits fondamentaux de l’homme mais également canal de la démocratie.
Nicaise Kibel’Bel Oka était l’invité d’honneur du CREDDA-ULPGL, département PEJELE dans son programme « Inspire-moi » dédié à la jeunesse et qui forme sur les valeurs républicaines mercredi 25 octobre 2023 sur le campus de l’Université Libre des Pays des Grands Lacs (ULPGL).
Insistant sur la responsabilité du journaliste qui doit une obligation pleinement assumée, le conférencier s’est appesanti sur la responsabilité légale (pénale) et responsabilité morale : « Une telle responsabilité suppose non seulement une maîtrise des règles, mais aussi une capacité d’analyse de vrais enjeux de la société. Le métier de journaliste implique une éthique rigoureuse. Il doit vivre l’actualité sans la subir », a-t-il déclaré.
Le conférencier est revenu sur Trois respects qui résument toute la déontologie du journalisme : Respect de la vérité ou plus modestement celui des faits, Respect des personnes dont on parle et Respect des personnes à qui l’on parle.
La deuxième partie de son exposé a été introduite par une question fondamentale : « Qu’attend-on des journalistes et quel rôle voudrait-on que les médias jouent en période électorale ? » Pour Nicaise Kibel’Bel Oka : « En période électorale, le journaliste a le droit de parler de tous les partis et candidats, y compris les plus hostiles au gouvernement en place. C’est à la fois un droit et un devoir. L’information professionnelle exige : Exactitude et vérification, Équilibre, neutralité et honnêteté, Indépendance et probité. Le journaliste informe les électeurs sur les modalités de l’élection (qui a le droit de voter ? Qui a le droit de se présenter ? Où et quand s’inscrire sur la liste électorale ? Où et quand et comment voter ? Quel est le type d’élections- provinciale, nationale, présidentielle, sénatoriale) » ?
Le conférencier a défini l’information comme la relation des faits et non des commentaires. L’information recèle une force. « Les faits sont sacrés. Un fait, c’est ce qui se voit ou peut être rendu visible pour tous. Le fait est valable pour tous et insiste sur le l’usage du sens de la vue. Le journaliste voit au nom de tous. Il unit le « nous ». Cela suppose une grande probité morale, un sens aigu de responsabilité et une capacité à comprendre les différents points de vue y compris ce que le journaliste ne partage pas en privilégiant l’intérêt supérieur des citoyens”.
Répondant aux questions de l’auditoire, Nicaise Kibel’Bel Oka a insisté sur « l’éducation qui est le meilleur instrument de la paix. La pédagogie de la parole non-violente est beaucoup plus opérationnelle que celle du voir ». Il est revenu sur l’influence que les médias exercent sur l’opinion, à son insu ou contre son gré (F. Balle). Bref, les journalistes sont parmi les créateurs des ressorts du changement. De ce fait, ils ne sont pas la voix qui crie dans le désert. Il peut/doit l’éduquer.
Il a prodigué quelques conseils avec des exemples à l’appui notamment en évitant de tomber dans le zèle des politiciens. Un exemple à éviter « Le discours du candidat X a été très applaudi » par qui ? Ses partisans ou les indécis ? Il a aussi dénoncé la parole qui tue avec cet exemple de l’élection de 2018 où une certaine presse a suivi les déclarations de l’Église catholique sur le prétendu vainqueur de l’élection présidentielle sans en fournir des preuves.
Au lieu de construire et de créer, la parole s’est parfois corrompue en dérapage, en violence.
Elle tue et détruit. Les médias dans l’effervescence des réseaux sociaux sont devenus des lieux de passion plus que de raison. Comment ramener la libre expression sur d’autres scènes que celles de la violence et de la guerre ?
Enfin selon le conférencier, il faut veiller au bon traitement du discours électoral : « Les partis politiques et candidats savent que les électeurs ont tendance à croire à ce qu’ils voient et entendent dans les médias. Le journaliste ne doit pas se contenter de reprendre les informations fournies par les partis politiques mais essayer d’en expliquer les enjeux. Ne pas se fier aux statistiques fournies. Ne rien négliger ».
Il a chuté par rappeler : « Le journaliste ne proclame pas les résultats tant qu’ils n’ont pas été proclamés officiellement par la CENI. Ce n’est pas son travail ». L’auditoire a sollicité des organisateurs que le conférencier revienne pour d’autres sujets d’actualité.
La conférence a été animé par la Chef des travaux Christelle Kashemwa secondée par Jean-Paul Barungu sous la direction pédagogique du professeur Docteur Kennedy Kihangi Bindu. La présentation du conférencier a été faite par Faustin Dunia.
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