mardi, décembre 10, 2024
Société

RDC. Une nouvelle pratique du journalisme : Faire des reportages tout en étant absent du terrain

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(Des journalistes du Grand Nord commémorant la journée de la presse. Archives Les Coulisses)

Je raconte ce que je vois. Une vidéo publiée hier 28 octobre 2022 par le correspondant de la VOA swahili montrant la population en train de fuir a mis la Rédaction du journal Les Coulisses dans l’inconfort. Plus de 200 appels et messagers reçus. Parce qu’à la fin de la vidéo qui annonce les négociations entre le M23 et Kinshasa, on voit le général Marcel Mbangu avec Nicaise Kibel’Bel Oka. Aucune image du front. Ceci pose le problème du reportage. Le journalisme moderne tend un miroir à la société. Journalisme de terrain, le reportage en est le genre mythique. Il se propose de donner à voir. Faire du reportage, c’est s’immerger en investissant le lieu où se déroulent les manifestations que l’on propose de décrire. Le reportage, c’est d’abord la vue. Ce sont des notions élémentaires pour tout étudiant et/ou toute personne qui embrasse cette profession. Le grand reportage, c’est l’immersion plus en profondeur dans le terrain où l’événement se produit. Depuis que la RDC subit une agression dans sa phase ultime de balkanisation, est née une race de reporters qui peuvent faire un reportage tout en étant absent du lieu de l’événement. Ils peuvent se trouver à 2 mille kilomètres de Bunagana, de Beni, de l’Ituri et/ou de Minembwe et produire leur reportage. Or, le reportage se propose de montrer. Le reportage, c’est le culte du vu comme preuve collectivement recevable pour combattre les rumeurs. En étant absent du terrain et (très loin des événements) et croyant mieux informer alors que l’on fait de l’infoguerre, on nuit grandement au pays agressé. Avec des phrases comme « les rebelles du M23 sont à la porte de Goma. Les rebelles du M23 vont bientôt encercler Goma » sans citer un seul instant le Rwanda alors que des soldats rwandais sont capturés au front avec des effets militaires portant la griffe RDF, on travaille effectivement à la désinformation et à l’intox. Présents ou absents du front, les reporters d’aujourd’hui doivent respecter la ligne éditoriale de leur média, celle consistant à enlever tout espoir d’une population congolaise soumise depuis des décennies à subir la guerre. La vision du monde, les règles de la géo finance et de la géopolitique déterminent le traitement de l’information dans l’interprétation, l’appréciation voire l’énoncé des faits. En réalité, les reporters actuels sont des conteurs de ce qu’ils imaginent être les faits. Les radios internationales « contournent les États, jouent un rôle de référence en matières d’informations, alimentent un espace public critique. » Toujours selon la volonté de la géo finance. Que deviendraient les actions du Rwanda si ses marionnettes du M 23 venaient à être privées de la publicité médiatique qu’on leur accorde ? La nuisance que produit la publicité est bien connue des Congolais depuis l’AFDL avec Tingi Tingi. L’espace médiatique de la RDC a besoin d’un coup de balai, d’une grande salubrité médiatique. Ceci vaut pour les journalistes congolais que pour les expatriés qui y séjournent en envoyés spéciaux. Autrement, ils continueront à nier la présence du Rwanda et de l’Ouganda aux côté du M23 comme ils ont nié le terrorisme islamiste des MTM. Je raconte ce que j’ai vu, telle doit être la première préoccupation du reporter. A la suite de Jésus Christ (veni, vidi, vici) et du soldat de Marathon qui ont préfiguré le journalisme moderne. Le reporter retrouvera ses lettres de noblesse.

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Rédaction/Les Coulisses

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