RDC. Halte à la manipulation. Le Barreau du Nord-Kivu n’est pas contre les autorités judiciaires en place à Goma
(Goma. Le 1er Président de la Cour d’Appel du Nord-Kivu, Nicolas Twendimbadi Manana (en toge blanche) lors de la rentrée judiciaire)
Une marche a été organisée jeudi 6 octobre 2022 à Goma par une trentaine d’avocats agissant à titre personnel. Ils sont descendus dans la rue en soutien à l’État de siège tout en exigeant en même temps le départ du Premier président de la Cour d’Appel du Nord-Kivu, Nicolas Twendimbadi Manana. Au-delà des revendications inscrites sur leur banderole, l’opinion publique se pose quelques questions. Sur plus de 600 avocats du Nord-Kivu, que représente ce nombre ? A Goma, chef-lieu de la province, le Barreau a-t-il démissionné ? La profession d’avocats est représentée par des organes statutaires bien connus. Il y a l’Assemblée générale, le Conseil de l’Ordre et le bâtonnier. On ne les avait pas vus dans la manifestation ni au moment de remettre le mémorandum au gouverneur militaire. L’opinion qui a suivi les images sur vidéo a noté une impréparation éhontée qui déshonore cette profession avec des personnes qui dictaient ce qu’on devait dire. L’on comprend bien que les ténors du Barreau (comme on en trouve dans tous les barreaux) n’ont pas voulu se salir en cautionnant la cause des manifestants. Un avocat qui a requis l’anonymat a justifié cette absence en ces termes : « Le Barreau étant un corps d’honneur n’agit pas par débrayage. Il utilise les arguments, la parole et les écrits et non un mouvement populiste, sensationnel. » Parmi les griefs mis à la charge du Premier président de la Cour d’Appel, on retient le manque de respect mais ce qui est grave, la rue est prise comme témoin. Un juriste qui a analysé les déclarations des avocats marcheurs a souligné utilement : « Les procès perdus peuvent-ils provoquer une manifestation contre les autorités judiciaires ? Dans tous les procès, il, existe des gagnants et des perdants. Cela ne peut pas constituer un reproche aux juges/magistrats. Tout avocat qui connaît le droit dispose des voies de recours lorsque son client n’a pas gagné de procès parce que les décisions rendues sont publiques lorsqu’elles sont signifiées. Et les autorités judiciaires qui les rendent sont examinées par leur hiérarchie. Par voie des recours. » D’où la question légitime suivante : « La trentaine d’avocats manifestaient-ils pour eux-mêmes ou pour leurs clients (inconnus) » ?
Une manipulation qui déshonore l’Ordre des avocats.
Les avocats qui ont manifesté constituent une association circonstancielle, a déclaré à notre Rédaction un connaisseur du droit. De ce fait, ils ne peuvent pas prétendre agir au nom de l’universalité des avocats du Nord-Kivu. C’est un groupe qui agit à partir d’une lettre signée par 4 personnes dont l’une a de démêlées avec la justice (en liberté provisoire) en relation avec une affaire de parcelles. En aucun cas, les quatre peuvent se substituer à une Assemblée générale. Une autre source de rappeler qu’on est à une semaine de la remise-reprise (le 11 octobre 2022) du bâtonnier sortant, et que n’importe qui ne doit pas engager un Ordre sans mandat. Autrement, cela s’appelle « usurpation de qualité » et amener à attirer l’attention des autorités politico-administratives voire de services spécialisés. Bref, il faut s’interroger sur la crédibilité des organes habiletés à respecter le corps des avocats du Nord-Kivu.
Une autre source est allée loin en déclarant que cette manifestation relève de la manipulation de certains cabinets d’avocat à la suite d’un dossier d’une concession parcellaire querellée. Au Nord-Kivu, on assiste à des business incompatibles (commerce des parcelles) qui entraînent la dépréciation du prestige de l’Ordre. Avec des agissements illégaux et irréguliers de ceux qui ne sont pas les vrais représentants de l’Ordre. Il est temps que l’on mette de l’ordre dans l’Ordre des avocats du Nord-Kivu. Les responsables du Conseil national doivent veiller sur l’intérêt, l’unité, la cohésion et le prestige de ce corps. Car diriger un Ordre d’érudits requiert une responsabilité des personnes qui doivent incarner cette profession. (Dossier à suivre).
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La Rédaction Centrale/Les Coulisses