mardi, décembre 10, 2024
Défense & Sécurité

La question rwandaise des FDLR à la base de la cacophonie entre la RDC et ses voisins de l’EAC

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(Goma. Déploiement des troupes de la KDF pour une mission floue et à polémique. Photo Les Coulisses.)

Bujumbura, samedi 4 février 2023. Une vidéo inédite montre le Chef de l’État congolais, Félix-Antoine Tshisekedi en train de sermonner le commandant kényan de la Force régionale (EACFR/RDC). C’est dire que les choses ne tournent pas tel que la RDC l’aurait souhaité.

Dans tous les accords qui lient la RDC à ses voisins de l’est du pays, une clause revient publiquement ou discrètement, à haute voix ou dans les murmures de ses voisins (à part peut-être la Tanzanie) : la question rwandaise. La question FDLR est un boulet attaché au pied de l’éléphant RDC. Elle semble être l’objet des malentendus réguliers avec tous ceux qui veulent d’une paix de cimetière entre les Rwandais (Hutu et Tutsi) et dans la sous-région. Elle a pris malheureusement le dessus avec les actuelles autorités du Kenya. Des sources fiables, les troupes kényanes (Kenya Defence Force) envoyées dans le Nord-Kivu en RDC auraient reçu l’ordre de ne pas attaquer les rebelles du M23 avant d’avoir épuisé tous les processus. Or, selon l’entendement des voisins de la RDC très proches idéologiquement du Rwanda, épuiser tous les processus doit commencer par le commencement, c’est-à-dire les Hutu rwandais installés depuis 1994 sur le sol congolais, les FDLR. En clair, la KDF ne pourrait s’attaquer aux rebelles du M 23 que si la question des FDLR est résolue. Paul Kagame le répète à qui veut : « Nous sommes un petit pays, nous n’avons pas d’espace dans lequel nous pouvons combattre. Nous ferons la guerre d’où elle viendra car ils ont l’espace pour la guerre (…) La cause qui fait à ce que nous focalisons notre attention en RD Congo, ce sont les FDLR et d’autres groupes armés qui peuvent s’allier à ces derniers. » Malheureusement, ce message du pouvoir de Kigali est devenu les ingrédients d’une recette totalement consommée par la communauté internationale. Sans modération. Ce qui justifie à ce jour le langage de sourds entre la KDF et les FARDC. Lier le sort des populations congolaises du Kivu aux FDLR est une folie meurtrière. Pour les Congolais, toutes tendances confondues, la KDF est sur le sol congolais en appui aux FARDC pour traquer la RDF et le M 23. Elle est une force au mandat offensif. Or, pour la KDF adoubant la position de Kigali, il faut d’abord commencer par les FDLR. Elle a un donc un mandat d’observateur comme la MONUSCO. Le quiproquo sur le terrain se traduit dans ce marché des dupes par la disparition de Sukola II déployé normalement pour traquer les groupes armés. En effet, dans l’entendement du gouvernement congolais, le contingent de la KDF devait se joindre aux FARDC pour faire la guerre à la coalition RDF/M 23. Ce qui n’est pas le cas sur le terrain. Le contingent KDF a accepté le deal avec le Rwanda avec un nouveau vocable, constituer une zone tampon. Avec un effectif qui n’a atteint pas un bataillon organique. Ce qui a permis aux rebelles du M 23 d’interdire aux FARDC et à la MONUSCO de s’approcher des localités (qu’ils auraient libérées) qu’ils occupent. Cette stratégie permet au Rwanda de renforcer les fronts avec de nouvelles recrues en provenance du Rwanda et de l’Ouganda, gardant les positions acquises et, toute honte bue, d’accuser la RDC de ne pas respecter les accords signés. Il sied de rappeler qu’en 2012, la communauté internationale avait imposé à la RDC, après avoir été surprise par la tournure des événements au front, de faire la guerre contre les FDLR. La FIB qui avait appuyé les FARDC n’existe plus que sur papier. Elle s’est diluée dans la MONUSCO perdant ainsi sa férocité. En optant pour la lutte contre le terrorisme islamiste des ADF/MTM, La RDC se mettait au dos la communauté internationale. D’où la campagne de diabolisation contre les FARDC, du refus par la MONUSCO de reconnaître les ADF comme mouvement terroriste, de nombreuses (fausses) études ayant abouti à des sanctions contre certains généraux dont Muhindo Akili Mundos. Le président ougandais Yoweri Museveni ne cesse de le répéter avec un goût amer : « En 2012, je me suis engagé dans le dossier du M 23 pour être ridicule à la fin. Le gouvernement congolais n’avait pas respecté ses engagements et tout est retombé sur moi ». L’histoire, éternel recommencement, la KDF montre sa vraie face sur le terrain. L’ex président Uhuru Kenyatta se permet de recevoir les éléments du M 23 sans se référer à Kinshasa. Selon une source fiable, depuis cet acte de haute trahison, le président Félix Tshisekedi, qui a piqué une colère noire, ne décrocherait plus les appels d’Uhuru. Sur le terrain, la grogne de la population contre la KDF gagne les esprits. La troupe kényane souffre de la même maladie que les casques bleus de la MONUSCO. Les congolais s’interrogent sur leur présence à Goma. L’on comprend bien que pour la KDF, le M 23 n’est pas une priorité. Il serait naïf de croire que la KDF va croiser le fer avec la RDF. Et donc remplir la mission dévolue aux FARDC. Toute analyse qui exclut la présence de l’armée rwandaise comme protagoniste sur le sol congolais fait le jeu de l’ennemi et participe au projet de balkanisation de la RDC. Depuis l’AFDL, l’armée rwandaise se pavane sur le sol congolais sous la couverture des rébellions que Kigali finance avec la complicité de la communauté internationale.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

 

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