Voyage du pape en RDC. Maigres retombées dans la presse italienne à grand tirage
Incroyable, s’est exprimé un ami missionnaire italien qui a longtemps vécu en RDC. En effet, le plus grand journal italien a consacré juste 13 lignes sur le voyage apostolique du pape François en RDC. « 13 petites lignes seulement. Les autres, c’est des articles cachés difficile à découvrir. Comment la grande presse italienne pouvait boycotter de la sorte ce voyage. Est-ce que c’est à cause de grands points mis en exergue par le saint Père ? » Le pape a dénoncé le colonialisme économique qui a succédé et accompagne le colonialisme politique et qui se déchaîne en RDC comme une peste. Cet ordre du monde génère d’indicibles souffrances, de nouvelles humiliations. La RDC, un pays riche dont ses habitants ne bénéficient pas de ses fruits. Pour le pape François, les Congolais méritent mieux et d’être respectés. L’on peut comprendre que les paroles du pape François ne puissent pas plaire à tous notamment aux dirigeants politiques et aux hommes d’affaires européens. Mais considérer cela comme un non-événement, la presse à grand tirage s’est simplement rangée derrière les multinationales qui la financent. La dénonciation du porte-parole des sans voix qu’est le saint Père devrait pousser à prendre conscience que ce que l’Europe avait commis était déjà horrible et que la continuation de ce que le peuple congolais paie est terrible. L’on a vu qu’en pleine agression de la RDC, l’Union européenne a débloqué des millions d’euros pour le Rwanda. La Grande Bretagne vend des migrants au Rwanda. La France équipe l’armée rwandaise pour protéger le bloc gazier du Mozambique et l’armée ougandaise pour protéger le bloc pétrolier du lac Albert. La même France préfère confier l’Organisation de la francophonie à un pays qui a basculé dans l’anglophonie. Qu’elle multipliait les obstacles à la levée de la notification sur l’achat des armes. Que des équipes de football en Angleterre et en France se sont labellisées « Visit to rwanda ». Les Nations-unies se sont déclarées incapables de sauver des vies des populations congolaises puisque les terroristes du M 23 disposent des armes plus sophistiquées que les casques bleus. Un pays qui se défend légitimement. On ne veut pas l’aider en livraisons d’armes et/ou matériels militaires. Autant de scandales qui n’enchantent personne et qui créent des frustrations pour les Congolais. Le discours du pape François a été d’une clarté incroyable en touchant les racines du mal qui a mis tout un peuple à genou. La presse italienne a donné une importance secondaire à cet événement. La question que le Congolais se pose est simple : « Pourquoi on nous fait la guerre ? Qui paie les armes qui tuent les populations congolaises ? »
Le saint Père est venu dire au peuple de Dieu en RDC une vérité indéniable : « La guerre qui vous décime est économique. L’humiliation, l’exclusion, la manipulation, l’instrumentalisation des communautés, l’angoisse du lendemain en sont le lot quotidien » Plus que jamais, le voyage du souverain pontife repose sur la table l’éternelle question de la responsabilité de l’Occident sur le drame de l’Afrique : « Comment responsabiliser l’Occident et le contraindre à respecter ses propres valeurs ? Comment construire une société planétaire réconciliée respectueuse du droit à la vie de chaque peuple afin de mettre fin à cette tragédie éhontée ? » Comme l’écrivait Jean Ziegler : « L’Occident est un potentat qui s’ignore. Son passe-temps favori consiste à donner des leçons de morale au monde entier. Sa mémoire est de pierre. Elle se confond avec ses intérêts économiques. Son arrogance l’aveugle. » C’est dans ses conditions que la France ne se rend pas compte du rejet que sa politique suscite au Sahel, créant une méfiance viscérale.
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Mathias Ikem