(Kinshasa. Cathédrale Notre Dame. Vue de l’assistance à la messe avec à la place d’honneur quelques figures de l’opposition).
Le crime parfait n’existe pas. Car le monde se trahit toujours par ses apparences. Celui contre Chérubin Okende trahit également par ses apparences, par ses mauvais montages. Par les déclarations et la position du garde du corps. Faire trois fois le même chemin de la Cour constitutionnelle en un jour peut être jugé de connerie mais aussi comme de la hantise, une sorte d’obsession de la culpabilité. A ce titre, le garde du corps apparaît comme la pièce maîtresse du puzzle. Le crime parfait n’existe pas. Celui contre Chérubin Okende n’échappe pas à ce principe.
Selon Jean Baudrillard, s’il n’y avait pas d’apparences, le monde serait un crime parfait, c’est-à-dire sans criminel, sans victime et sans mobile et donc sans traces. Justement, le crime n’est jamais parfait. Il ne peut être parfait partant de la nature même de l’être humain. Le crime parfait est celui dans lequel le parfait ne se trouve que dans l’arme du crime et dans la réalité du corps qui gît, la victime. La perfection du crime réside dans le fait qu’il est toujours déjà accompli. Dans le crime contre Chérubin Okende, le piège a été tendu dans l’espoir que la réalité sera assez naïve pour s’y laisser prendre. La reconstitution de la trame n’a obéi à aucune linéarité.
Chérubin Okende a été assassiné le 12 juillet 2023. Ce qui reste, ce sont des hommages. Et le deuil. Papa Wemba nous a donné une leçon sur le deuil : « Le deuil de l’être cher reste éternellement dans le cœur de ceux et celles qui le chérissaient. » Après la mort, il n’y a plus urgence. Il n’y a plus d’urgence. Et donc, si on aime Chérubin Okende, il faut laisser la justice investiguer en toute indépendance sans pression quelconque. Quitte à engager des détectives privés.
Dans un meurtre prémédité, tout le monde est suspect même le prêtre. Dans celui de Chérubin Okende, tout le monde y compris ses proches, son parti politique, l’opposition qu’il avait défaite et le pouvoir. C’est cela être proche de la victime dont certains se vantent. Il n’existe pas de crime parfait. Il est hors de la fiction. Si le crime est parfait, cela signifie qu’il n’a jamais été commis.
Pour Chérubin Okende, les traces sont là parce que le criminel a commis la sottise de laisser les indices sur le lieu du crime.
Les opposants nous rabâchent les oreilles qu’ils n’ont aucune confiance en la justice de la RDC. Et qu’il faille faire appel à des enquêtes indépendantes. Pauvres Congolais. Devons-nous rappeler qu’il y a des crimes dans ce pays comme ailleurs à travers le monde dont les enquêtes n’ont jamais abouti ? Depuis des assassinats de Floribert Chebeya, celui non médiatisé de Franck Ngycke, des ONG des droits de l’homme se livrent à un spectacle éhonté d’appeler les pays occidentaux au secours. Poser la question à Donald Trump ou à Nicolas Sarkozy ou Laurent Gbagbo sur la crédibilité de la justice de leurs pays et vous aurez la bonne réponse. Deux journalistes de la Radio Okapi (et donc de la Mission de l’ONU en RDC) ont été assassinés à Bukavu en juin 2007 et en 2009, les experts de la Mission n’ont jamais apporté la lumière sur ces crimes crapuleux.
Pourquoi le Congolais doit-il rester ce peuple colonisé répétant les mêmes mimiques après 63 ans d’indépendance ? Il est malheureux que tout un peuple ne puisse pas croire en lui-même et qu’il se tourne à chaque moment à l’Union européenne et aux États-Unis même lorsqu’il est convaincu que ces pays portent le projet de la balkanisation de notre pays. Pour la frange de l’opposition congolaise que ces pays soutiennent, le crime ne peut provenir que du pouvoir. On veut faire croire qu’au sein des institutions congolaises, il n’y aurait pas de personnes honnêtes et que le certificat d’honnêteté est décerné uniquement à l’opposition. On les a vus à la messe. Comme si dans l’opposition, il ne pourrait pas avoir des personnes qui font partie du problème. On veut que le peuple qui la connaît et qui l’a déjà vue à l’œuvre, lui croit sans enquête. L’un des principes du meurtre prémédité est : Le suspect est souvent le moins soupçonnable. Que la plupart de gens sont assassinés chez eux par des gens les plus proches. L’opposition congolaise acceptera-t-elle les résultats de l’enquête s’il est prouvé que certaines personnes dans ses rangs sont impliquées dans cet assassinat ? Il ne reste que d’enterrer Chérubin Okende dans la dignité et de donner du temps aux enquêteurs si on veut connaître la vérité.
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Nicaise Kibel’Bel Oka