RDC. L’Église universelle vient de perdre une brebis : Antoine Agbepa alias Koffi Olomide

Koffi Olomide a décidé de se confier à une spiritualité autre que celle de son baptême. Il l’a dit devant des fidèles kimbanguistes à Nkamba, la Jérusalem congolaise, dans le Kongo central. Depuis novembre 2021, Koffi Olomide n’est plus catholique, à l’en croire. L’Église universelle vient de perdre une brebis. Certes, et l’on peut parier que Koffi Olomide peut ne pas être le modèle du bon chrétien catholique et son acte peut faire rire jusqu’à s’en ficher éperdument. On aurait tort franchement. Ce qui touche dans la démarche de conversion de Koffi Olomide l’affligé  – et il l’a dit- c’est le désespoir : « J’ai

beaucoup de problèmes jusqu’à manquer du sommeil. Je viens vers vous pour vous faire part de mes problèmes (certains, je souhaite vous en parler en tête-à-tête si vous le voulez bien). J’espère que je partirai d’ici le cœur léger et consolé en laissant tout le fardeau ici. » Oui, tout le monde peut l’imaginer, Koffi Olomide traverse des moments difficiles surtout avec cette attente du verdict dans l’affaire qui l’oppose à 4 de ses anciennes danseuses. Dans l’idéal, Koffi olomide serait lucide. Dans les faits, sa décision est prise dans des conditions imparfaites. Une décision contaminée par le désespoir et affectée par divers degrés d’incertitudes. Enfin, ne jugeons point. Car, changer est aussi un choix qu’il faille respecter. L’on peut se demander pourquoi Koffi Olomide, catholique par le baptême, n’a pas daigné aller voir le cardinal Fridolin Ambongo pour se confier à lui. C’est un problème de choix, dira-t-on. Mieux un problème de confiance. D’où la question : « Irait-il chez un prêtre et/ou le cardinal qu’il serait reçu et écouté ? A-t-il eu peur d’être enregistré à son insu ? » Cette question renvoie au problème de la relation du prêtre avec son chrétien, du berger avec sa brebis. Notre Église a-t-elle perdu la faculté de l’écoute de l’autre ou écoute-elle une catégorie bien définie, les politiciens « problématiques » ? Notre Église a-t-elle perdu sa vocation première, celle de sauver les âmes en leur offrant un regard de charité qu’elle s’occupe des choses qui l’éloigneraient de ses ouailles alors qu’elles ont besoin de son assistance spirituelle ? Un ami musulman conseillait : « Si vous avez besoin d’un service d’une ville à une autre, prenez un musulman. Vous paierez moins. Il sera accueilli par ses frères à chaque mosquée qu’il rencontre sur son chemin, y mangera et y passera la nuit gratuitement » Naturellement, tel ne sera jamais le cas pour un chrétien lorsqu’il se présente même dans la paroisse la plus pauvre. Les prêtres, aux préoccupations diverses et diversifiées, sont devenus très méfiants. Comment savoir que tel chrétien souffre quand le prêtre, l’évêque et /ou le cardinal est à son aise et oublie qu’il a la mission de conduire les âmes ? Quand l’on se fait remarquer par un excès de confiance en soi, d’arrogance, de manque d’humilité et de dogmatisme ?  Dans « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust, l’on note que le narrateur est à la quête d’une chambre idéale, à la fois  pour le repos et pour le travail. Il nous laisse dans le doute. Roland Barthes interprète cette recherche par le miracle de la chambre qui réunit deux valeurs logiquement contradictoires : la chambre comme clôture, c’est-à-dire l’abri, la sécurité mais également comme liberté absolu du quant à soi. Chez le catholique, la chambre comme lieu de prière, de communion avec Dieu. Loin des bruits et des enthousiasmes stériles, loin des déclarations intempestives sur la CENI. Blaise Pascal le dit si bien : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. » En tuant le silence, l’homme assassine Dieu. L’évangile, c’est aussi aller vers l’autre, le plus démuni, le pauvre, l’orphelin. Combien de fois l’évêque, Aumônier en chef des FARDC, est-il allé à l’écoute de ces derniers au camp Kokolo, au camp Saïo, à Rughenda, à Rwampara, à Katindo, à Katele, à la Kasapa ? Combien de fois l’évêque a-t-il dit la messe à la prison ?  Jésus répondant aux pharisiens qui s’étonnaient qu’il mange à la même table que le mauvais, leur demande : « Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis, et qu’il en perde une, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à la retrouver ? (…) Quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu’elle en perde une, n’allume pas une lampe, ne balaie la maison, ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? » (Luc, 15, 4-9)

Le geste posé par Antoine Agbepa doit interpeller les princes de l’Eglise. Il y a de nombreux Koffi Olomide qui quittent chaque jour notre Église. Parce qu’ils ne se reconnaissent plus dans l’agir des princes de la Sainte famille devenus égoïstes et arrogants. Tout départ est une perte immense comme toute venue  est une grande richesse pour l’Église, Familia Dei.

Mathias Ikem

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