RDC/Nord-Kivu. Sur base de pression et manipulation, l’attitude de l’Ordre déstabilise les avocats
(Ci-contre les deux communiqués contradictoires signés le même jour et qui montrent la force des mains noires).
Mardi 18 octobre 2022, un communiqué signé le Secrétaire de l’Ordre circulant sur les réseaux sociaux appelait tous les avocats à la surséance de l’exécution de la décision du 8 octobre 2022 et leur demandait à « fréquenter cette juridiction comme d’habitude ». Décision saluée par de nombreux avocats mais qui, selon une source fiable, divise le barreau du Nord-Kivu. Faut-il éviter les manipulations extérieures des sponsors ? D’une part, il y a ceux qui croient que certains de leurs collèges les avaient utilisés en les jetant devant l’opinion pour des raisons qui dépassent la profession et, d’autre part, ceux qui estiment qu’il faut redorer l’image de l’Ordre ternie par 4 de leurs collègues vraisemblablement téléguidés et manipulés qui, en structure informelle et non agréée, ne pouvaient en aucun cas engager tout un Ordre. Coup de tonnerre. Tard dans la soirée du mardi du 18 octobre, un autre communiqué signé par la même personne balayait le premier. On pouvait lire : « Le doyen de l’Ordre, ayant constaté multiples réactions des avocats, (…) vient de m’instruire de retirer le communiqué N/réf 285/SEC/BARREAU/NK/GOMA/S.O./2022. Ainsi la décision de l’Ordre du 8 octobre2022 garde sa substance dans toutes ses lignes ». Tout sauf du sérieux. On ne peut pas être versatile jusqu’à ce point. Un avocat contacté par notre Rédaction a noté ce qui s’apparente à de la manipulation au niveau du barreau et, avec beaucoup de regret, s’est exprimé : « Comment à partir d’une structure inexistante montée par 4 confrères et donc illégale, on peut prétendre engager tout un barreau ? Il est ridicule que des avocats puissent se comporter de la sorte. Il y a sans nul doute des tireurs de ficelle qui ont pris toute une profession en otage. En droit, tout ce qui se fait actuellement sur base de la lettre de 4 est illégale et ne peut en aucun cas avoir des bases juridiques ». Rétropédalage. Un autre avocat n’a pas manqué de s’interroger sur les forces obscures qui se cacheraient derrière ce jeu de chaise musicale. Et de poursuivre : « Le serment d’avocat interdit à ce que ce dernier se confonde au client ou confond ses intérêts à ceux de son client. Or, à suivre les revendications du groupe qui avait manifesté, il était difficile de faire la part de choses entre les intérêts de l’avocat et de son client. Malheureusement, on veut nous faire porter cette charge. » Sur cette manifestation, il y a bien des choses à reprocher aux organisateurs. Un autre groupe d’avocats note un certain manque de sérénité de la part de ceux qui sont allés tête baissée dans la rue, rappelant que la bataille judiciaire, à l’exemple de toutes les batailles, se termine par un gagnant et un perdant. En clair, un client peut gagner ou perdre un procès. Sauf s’il fait partie des rebelles du M23. Il revient à l’avocat, après étude du dossier de le signifier à son client. Malheureusement, certains avocats, même dans les profondeurs de l’abîme, promettent des miracles à leurs clients. Me Jacques Vergès qu’on ne présente plus déclarait un jour lors d’une émission : « J’ai déjà eu à perdre beaucoup de procès parce qu’il arrive que le client n’avait pas raison. » D’où la question de savoir pourquoi en RDC, les connaisseurs du droit refusent d’exercer des voies de recours, appellent à la rue et au débrayage des salles d’audience ? Interrogée, une certaine opinion pense que la place de l’avocat n’est pas la rue et que l’Ordres se discrédite chaque jour dans des voltefaces éhontées. A 13 heures, il exige avec sagesse la surséance des activités qui ternissaient l’image des avocats. A 20 heures, il annule la décision. Au sein de la profession, les violons ne s’accordent. Certains avocats préfèrent, lâcheté oblige, de cautionner des pratiques avilissantes. Le barreau du Nord-Kivu mérite mieux que ce spectacle. Espérons que cet incident éhonté et déshonorant où en l’espace de deux semaines un barreau se morfond et se consume aura été une erreur de parcours. A cette allure, aucun magistrat ne sera épargné. Il suffit que les plus influents perdent des procès pour décréter des magistrats « persona non grata » au Nord-Kivu. On n’est pas loin d’une rébellion.
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Mathias Ikem