CIRGL. Les FARDC pour la mutualisation des forces face au caractère transnational du terrorisme
(Kigali. Les 2 États-majors en séances de travail sur les échanges d’informations. Photo 2. Entebbe, signature de l’accord entre les deux ChefEmG –UPDF et FARDC)
Une délégation d’officiers des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) conduite par le général d’Armée Mbala Munsense Célestin, Chef d’État-major général des FARDC a sillonné les pays de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL). Objectif : transmettre à chaque pays membre le degré de menace terroriste que court la région. Dans tous les pays où il est passé, à savoir Angola, Burundi, Ouganda et Rwanda, le ChefEmg Mbala Munsense a parlé le même le langage, celui du danger qui guette tous les pays membres de la CIRGL. Selon nos sources, des réunions tenues avec les États-majors des armées des pays membres de la CIRGL, nos voisins immédiats, il en est ressorti un constat incontestable : L’Ouganda, le Rwanda et le Burundi ont des forces négatives constituées de leurs compatriotes sur le sol congolais. Ces forces négatives participent grandement à entretenir l’insécurité semant morts et désolation. Elles sont, par ricochet, cause de la déstabilisation de la RDC. Elles sont aussi une voie incontournable du pillage des ressources naturelles de la RDC. De ce constat est née l’idée traduite en question –réponse : « Comment mettre fin à l’insécurité et ramener la paix dans la région des Grands Lacs ? » Selon des sources concordantes, les trois pays (Rwanda, Ouganda et Burundi) manifestent leur volonté d’aider la RDC et eux-mêmes à stabiliser la région. Cette coopération devrait se traduire par leur participation à la traque desdites forces négatives. Afin de s’assurer que la menace est éradiquée. Au regard des réalités objectives, cela ne peut se faire que sur le sol congolais. En clair, tous les états-majors des armées membres de la CIRGL sont unanimes qu’il faut mutualiser les forces pour traquer les forces négatives. Ce, sur le sol congolais.
La RDC bloque (à tort) la mutualisation des forces
Tout le monde s’accorde à reconnaître que nos frontières sont poreuses, non assurées et non sécurisées. On y entre comme on veut. Que les agents aux frontières dont le noyau est issu du 1+4 sont inefficaces sinon complices et corrompus. Dans l’est de la RDC, les populations à cheval ayant les mêmes cultures ancestrales offrent facilement l’hospitalité à leurs frères transfrontaliers traversant parfois avec armes et bagages sans se référer aux institutions étatiques. Dans une sorte de suprématie de la coutume sur l’État. En même temps, on a développé chez le Congolais une peur incroyable et inexplicable du voisin (surtout Rwandais) alors que de nombreux compatriotes de l’est se rendent dans ces pays, voire y résident sans s’en soucier. Citer simplement le nom du Rwanda ou de son président devant un Congolais provoque un délire paranoïaque. Comment tout un peuple de 80 millions d’âmes peut-il cultiver une peur inextricable à la simple évocation du nom de son voisin immédiat et éternel ? A qui revient la faute ? Aucune nation ne peut se développer par et dans la peur éternelle de ses voisins. Incrédules, les Congolais refusent même d’accompagner le Chef de l’État dans la lutte contre le terrorisme islamiste à l’est du pays.
Félix-Antoine Tshisekedi démythifie les voisins
Félix-Antoine Tshisekedi est, à ce jour, le seul président après le maréchal Mobutu qui entretient des relations sans complexe avec tous les 9 pays voisins de la RDC. Sous son mandat, son homologue Paul Kagame a foulé le sol de Goma à pieds. Sans que le ciel ne tombe et sans que la population n’organise une quelconque contestation publique. C’est dire que la peur inoculée chez le Congolais est une expression d’asservissement et de manque de confiance en soi. L’intoxication sur base de la mystification du Rwanda, de son président et des femmes rwandaises, à la base de ce mépris de soi, est l’œuvre de la plupart de politiciens de l’est de la RDC amplifiée par une certaine diaspora congolaise (de l’est). Lorsque les faits montrent que les ADF/MTM sont une filiale de l’État islamique avec le Mozambique, les Congolais refusent de l’admettre ; le Rwanda qui comprend la menace fait l’expérience de la lutte contre le jihadisme en engageant ses troupes au Mozambique. L’Ouganda le redit avec force mais le Congolais refuse de l’admettre, ni d’écouter la voix des FARDC. Au nom du droit de poursuite, nos voisins pourraient se retrouver sur le sol congolais. Avec ou sans notre accord si la RDC continue à jouer avec sa propre sécurité.
Terrorisme : Les FARDC pour la mutualisation des forces
Ceux qui ont pour métier la défense du territoire national et la sécurisation des frontières ne sont pas écoutés. Ils sont attaqués à longueur de journées. Tout le monde est devenu « spécialiste/expert » dans l’art de la guerre. Depuis 4 ans, les États-majors des armées membres de la CIRGL discutent sur la mutualisation des forces pour stabiliser la RDC, partant toute la région. Sans succès. Les accords signés ne sont pas appliqués. Les FARDC sont dans une posture indélicate. Les députés provinciaux et nationaux de l’est font barrière aux accords militaires. Au nom d’une certaine démocratie (la RDC est le pays le plus démocratique de la région abusant même de la liberté d’expression). Les responsables militaires ne savent pas donner corps à ces accords. Aussitôt décidés et l’information a fuité, une pluie de motions s’abat sur le pays accusant le pouvoir de vendre le pays à Paul Kagame. La RDC est le seul pays où les questions militaires sont débattues à l’Assemblée nationale et retransmises en direct à la télévision. Peut-on attendre de 500 personnes aux visées contradictoires une solution aux problèmes cruciaux qui relèvent de l’avenir même d’une nation ? A ces députés, il faut y ajouter la MONUSCO qui n’accepte pas de perdre son job en voyant l’application de la mutualisation des forces. La MONUSCO a entraîné certains congolais à nier le terrorisme islamiste sur le sol congolais. Au point de créer la confusion sur l’identité des jihadistes MTM, les appelant rebelles « ougandais ».
La mutualisation des forces, seule solution pour la paix ?
Face à l’évolution de la menace terroriste réelle, il est impérieux que les services de renseignement de tous les pays de la région doivent sans cesse s’adapter, tenter d’avoir une ligne d’avance sur les organisations terroristes et criminelles afin de prévenir et d’anticiper le passage à l’acte. Pour lutter contre le terrorisme, la mutualisation des données doit être la norme, et non l’exception. Il est impératif d’échanger en temps réel. Car le temps joue contre nous. La nature nous oblige à collaborer. Or, les Congolais ne croient pas à la thèse jihadiste de l’État islamique sur leur sol. Même au niveau du parlement. Certains députés rejettent carrément cette idée. Comment peut-on discuter des questions de défense nationale dans un tel hémicycle ? Certaines mesures, certaines décisions d’intérêt national ne devraient pas passer par l’Assemblée nationale. L’Assemblée nationale n’est pas la défense nationale. Les FARDC ont beau crier sur l’inefficacité de la MONUSCO et sur son rôle trouble et ses hésitations lors des interventions pour neutraliser l’ennemi (en tenue civile), sans être entendues. Or, l’analyse des moyens humains et logistiques des FARDC montre que seules, elles ne peuvent pas gagner cette guerre contre les groupes armés locaux et étrangers et contre le terrorisme islamiste.
Suivi des combattants amnistiés et des Démob
Comment lutter contre le terrorisme sans accéder au fichier des combattants amnistiés retournés dans leurs pays et capables de former des cellules dormantes quand on ne veut pas coopérer avec les voisins ? Comment mettre fin au terrorisme quand la gestion des démobilisés échappe aux gouvernants du pays? Depuis les années 1990, quantité des compatriotes ont appris à caresser la kalachnikov, s’exilant de l’école. Ils sont des démobilisés soit volontaires soit par DDRRR. Faute d’intégration, certains retournent dans la brousse. Profitant de la faiblesse des structures de l’État, certains politiciens entretiennent les groupes armés par des recyclages de combattants. Comment y mettre fin sans une mutualisation des forces pour lutter contre la criminalité transfrontalière ? Si les Congolais veulent d’une nation respectée qui résiste à la balkanisation, ils doivent réapprendre le civisme, avoir confiance en leur armée, l’écouter et surtout ne pas la jeter en pâture.
Nicaise Kibel’Bel Oka