RDC/Affaire Christian Malanga. Les services du renseignement ont-ils failli à leur mission ?

(Kinshasa. Le Gén-Maj Sylvain Ekenge, Porte-parole des FARDC annonce l’échec du coup d’état. Photo tiers).

Des critiques acerbes sont dirigées contre les services de renseignement rd-congolais dans l’affaire Malanga. Sont-elles fondées ? Là n’est pas la question. Toutefois, pour y répondre, il faut avoir à l’esprit certains principes qui guident les services. D’abord, si la sécurité est l’affaire de tous, la population civile doit savoir qu’elle est/doit être « les yeux et les oreilles » des services de renseignement. Et donc, il n’y a pas de renseignement sans la population.

À décortiquer toute la littérature filmée balancée sur les réseaux sociaux, Christian Malanga fut une star populiste bien connue des Congolais notamment de la diaspora congolaise mais également de l’Église catholique et des services secrets congolais depuis Joseph Kabila jusqu’à Félix Tshisekedi.

Sur ce point, de n’avoir rien dit, tout le monde a péché. Il n’y a aucune excuse.

Parmi les Congolais, il y a ceux qui croyaient en ses aptitudes à gouverner la RDC, ceux qui le prenaient pour un aventurier « frappeur » et d’autres qui ne faisaient jamais foi à son vaudeville. C’est ce qui explique que dans cette légèreté pour certains et à la recherche d’héros pour d’autres, la RDC est confrontée à la crise que ses dirigeants n’ont pas réussie à endiguer lors de la gouvernance de Joseph Kabila jusqu’à celle de Félix Tshisekedi.

Faut-il jeter la pierre au renseignement rd-congolais ?

Imaginons un seul instant que l’ANR ou la DEMIAP ait interpellé Christian Malanga avant son forfait de la Pentecôte. Qu’est-ce qui serait arrivé ? Des déclarations des ONG et des mouvements citoyens dénonçant les services, les accusant de violation de droit de l’homme et des libertés, des messes dites en l’honneur de Christian Malanga, des émissions sur des chaînes étrangères accusant Félix Tshisekedi d’instaurer la dictature.

Le Congolais a l’habitude de s’en prendre avec des mots violents aux services de renseignement de son pays. Sans savoir combien de coups ces services ont déjoué. Parce qu’il n’est pas dans l’habitude des services de se vanter des opérations réussies surtout lorsqu’elles sont stratégiques et sensibles. Les services font leur travail. Si ça marche, tant mieux. Sinon, profitant des erreurs, ils font en sorte que cela marche la fois suivante.

Intervenant sur une radio de Kinshasa, le VPM en charge de l’Intérieur, Peter Kazadi a reconnu : « Face aux dénonciations des failles sécuritaires, nous avons tiré des leçons. Nous sommes en train de réajuster notre système sécuritaire ». Le renseignement est une profession dans laquelle il n’y a pas de place pour les félicitations, écrit Gordon Thomas. Il arrive aussi que les services prennent en filature un quidam, surveillent ses mouvements pour déduire le mode opératoire de son plan. Cela s’appelle « renseignement tactique ». Le renseignement est la fabrique de l’impossible.

Tous les services de renseignement ont échoué un jour

Le Mossad, réputé le meilleur service secret au monde a connu et connaît des failles inadmissibles. Le 6 octobre 1973 (guerre de Kippour), le service n’a pas vu venir l’attaque surprise menée par l’Égypte et la Syrie pourtant des indices disponibles ne manquaient pas. Le 7 octobre 2023 (soit 50 ans après), le Hamas a lancé une attaque surdimensionnée sur le sol israélien avec des prises d’otages et des assassinats à la surprise générale. Seulement le service a failli au niveau de l’analyse du renseignement.

New York. Le 11 septembre 2001, Oussama Ben Laden et ses acolytes ont attaqué en plein jour les États-Unis.

Paris. Vendredi 13 novembre 2015, 6 attaques coordonnées par 3 commandos de 9 personnes lourdement armées font 130 morts et de nombreux blessés. La Brigade de recherche et d’intervention de Paris (BRI-P) mettra 2 heures 20 pour intervenir et neutraliser deux terroristes. Il s’avérera que Bataclan, la salle mythique, n’était pas protégée alors qu’il avait fait l’objet des menaces par le passé. Les services français n’ont pas su repérer et anticiper l’action des terroristes. Ces exemples montrent qu’une œuvre humaine est toujours faillible. Parce que la capacité de savoir ce que fait l’ennemi n’est pas égale à celle d’agir. Dans des démocraties avérées, l’élimination d’un fauteur de troubles n’a rien d’inédit dans le monde obscur des services secrets. En Israël, c’est le Kidon.

Août 1998. Kenya, Tanzanie, Afghanistan et Soudan furent secoué par des attentats terroristes. Aucun des services de ces pays n’ont vu venir les tragiques explosions

En RDC, pays où pullulent les ONG de droit de l’homme qui surveillent les activités des services pour en faire rapport à qui de droit, cela paraît une incongruité. On crie sur tous les toits pour exiger des enquêtes internationales. On n’oublie un principe clé : « À partir du moment où un service de renseignement commence à agir conformément à la loi, il cesse d’être un service de renseignement ».

Certains exigent la démission des têtes qui ne leur plaisent pas. Ils ont peut-être raison. Mais à chaque fois qu’il y aura faille des services, on fera partir les chefs ? Laissons laisser les services mener des enquêtes froidement et soyons prêts à accepter les résultats une fois qu’ils les auront rendus publics.

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Nicaise Kibel’Bel Oka

 

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